Une réserve toute relative mon cher Soyouz, puisque j’ai continué d’écrire sur mon blog, mais pour le coup, car si je ne commente pas je continue de vous lire (salut Oncle Hermes), j’ai éprouvé l’envie de le faire, tant la série Tom Strong me paraît sous-évaluée.
Quand bien même les gouts des uns et des autres ont tout autant le droit de cité que les miens, le tour de force auquel Alan Moore se livre dans les 23 numéros qu’il a écrits dépassent me semble-t-il, les clivages. J’avais d’ailleurs tenté sur feu SUPERPOUVOIR.Com, de montrer la richesse de la série.
Découvrir par exemple que Millennium City était un avatar de la White City de l’Exposition de Chicago de 1893, a certainement été la sensation la plus proche du sense of wonder tant vanté, que j’ai pu ressentir adulte.
Pour en revenir, et puisque je suis là, à la nouvelle du jour (grâce au Doc, la cheville la plus industrieuse du forum certainement, son pilier le plus indispensable en tout cas), et bien que Moore soit le scénariste que j’aime le plus dans le domaine de la BD (et de la littérature en général), et quelqu’un qui d’après l’impression que laissent ses interviews, dont je me sent assez proche sur pas mal de sujets, j’ai toujours en tête lorsqu’il s’agit de parler de la reprise des ses propres inventions (Watchmen, Promethea, Tom Strong, etc.) qu’il n’a pas lui, en son temps, manifesté de réticence, a écrire sur des personnages qu’il n’avait pas créés.
Je ne crois pas savoir que Moore ait demandé à Mick Anglo ou Steve Ditko leur autorisation lorsqu’il a réinventé, et avec quel talent, Marvelman ou qu’il a écrit une histoire avec des personnages de l’éditeur Charlton, devenue ce que l’on sait.
Pas plus n’a-t-il, à ma connaissance eu de réticence à s’approprier, avec un brio époustouflant et beaucoup de finesse, les personnages de Baum, Carroll ou Barrie.
Et la liste est longue ; car outre un penchant à puiser dans le fond commun de l’imaginaire collectif, il a longtemps travaillé dans une industrie dont le fond de commerce est justement l’exploitation de personnages inventés par des individus qui n’en sont pas propriétaires. Une industrie que par ailleurs nous cautionnons.
Tout comme Before Watchmen n’a pas amoindrit Watchmen, pour la simple et bonne raison (pour ce que j’en ai lu) que cette prequel ne joue pas sur le même terrain, il y a peu de chance que l’utilisation de Promethea fasse de l’ombre à la série originale. Ceux qui l’ont lue et aimée, continueront à l’aimer, et profiteront peut-être d’ailleurs de cette réapparition dans la Justice League of America pour s’y replonger.
Et comme j’ai été curieux de lire le travail de Peter Hogan sur Tom Strong, je suis curieux de lire ce que va en faire Lemire.
Hogan, Lemire, Johns ou Steve Orlando sont des gens payés pour entretenir un cheptel de personnages, tout comme Moore l’est devenu lorsqu’il a été contacté pour écrire Swamp Thing. Probablement d’ailleurs pour un salaire moindre que ses homologues étasuniens de l’époque.
Avec un peu de chance et beaucoup de travail, peut-être ces scénaristes arriveront-ils à nous étonner.
Sans oublier qu’il est tout à fait possible d’ignorer ces reprises, ou le rôle qu’on veut faire jouer à Watchmen dans l’univers Rebirth.
Même si une partie du jeu consiste à construire (et entretenir) des discussions autour pour attiser notre curiosité, et qu’on est tous tenté d’y participer. D’une manière ou d’une autre.
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