Pas encore de date de sortie mais sûrement entre automne et hiver 2024.
Dan Mora va assumer deux ongoings, entre Superman avec Joshua Williamson et cette JLU avec Mark Waid, qui revient à la JL après quelques passages.
Possibilité de changements de composition selon les story-arcs.
Donc si je comprends bien, si un jour Marvel compte débaucher Dan Mora, faudra compter avec Mark Waid ?
La longévité de Mark Waid m’épate.
Le grand public l’a définitivement repéré grâce à Flash, où il fait ses premiers pas il y a plus de trente ans. Il écrivait déjà avant.
Depuis lors, il est passé par plusieurs stades, scénariste incontournable de réussites en rafale, auteur indépendant, etc…
Il a réussi l’exploit de revenir chez les majors après son passage chez les indés, où il a laissé différentes prestations dont quelques séries remarquées et au long cours. Il a connu des coups de mou, des périodes un peu plus creuses (son retour sur Flash après Johns, très faible, ou son Doctor Strange, même si j’aime bien ses épisodes), mais il a eu régulièrement de bons tandems (avec Samnee, sur Daredevil et Black Widow) qui ont souvent permis d’attirer l’attention.
Et pourtant, aujourd’hui, il se retrouve à nouveau sur de gros personnages et au centre d’événements éditoriaux de belle ampleur. Il fait à nouveau partie des auteurs qui apportent des choses à DC.
Grosso modo, sur ses presque trente-cinq ans de carrière, il n’a quand même pas laissé beaucoup de bouses, et son bilan me semble assez positif. Il a tenté plein de choses (son Irredeemable est très bien, son passage chez Archie est surprenant…), il a conservé un sens des dialogues et de la caractérisation qui ne faiblit pas…
J’ai un peu du mal à visualiser un scénariste qui ait gardé à la fois cette énergie et cette influence sur autant de temps.
Claremont écrit à partir de la moitié des années 1970, mais à son départ d’Uncanny X-Men, au début des années 1990, il perd de sa superbe et montre d’évidente difficultés à se renouveler. Il perd son toucher magique qui faisait que la moindre de ses prestations était au minimum intéressante et généreuse, et s’il se fait remarquer par son passage sur Fantastic Four, il est souvent réduit à quelques retours sur la licence mutante, plus ou moins heureuse (certaines prestations sont tout à fait convaincantes).
Peter David connaît un parcours comparable, mais plus court : après son passage chez DC sur Aquaman, Supergirl ou Young Justice, il semble condamné à revenir éternellement sur les personnages qui ont fait sa renommé (Hulk, X-Factor, Spider-Man 2099). C’est l’occasion de renouer avec un style enlevé et un humour protéiforme, mais il semble catalogué, avec la difficulté de partir vers des terres nouvelles.
C’est un peu le cas aussi d’un Dan Slott (chez qui le processus s’est accéléré encore plus), qui semble aujourd’hui coincé dans la sphère spider-manienne. De même qu’un Roger Stern, qui a commencé à écrire régulièrement chez Marvel en 1978 (Hulk, alors l’un des fleurons du catalogue), qui a occupé les années 1980 à refaire d’Avengers l’un des piliers de l’éditeur et contribué dans les années 1990 au renouveau de Superman, semble aujourd’hui cantonné aux épisodes nostalgiques.
Steve Englehart a connu un parcours voisin : l’un des scénaristes importants des années 1970, il occupe une place secondaire mais régulière dans les années 1980, profite de l’explosion des indés dans les années 1990 mais rapidement devient l’un de ces « vieux » scénaristes qui viennent épauler des vedettes plus récentes (il co-écrit des trucs avec Busiek quand ce dernier s’occupe des Vengeurs) avant de revenir sur ses vieilles gloires (Batman et Avengers).
Et si l’on remonte aux générations précédentes, on remarque de longues carrières, mais qui sont passées par autre chose que le simple scénario. Roy Thomas, c’est une grosse vingtaine d’années à avoir édité et écrit avant de glisser lentement mais sûrement vers le fond de la scène. Len Wein, c’est beaucoup d’années passées au rang d’editor, comme Denny O’Neil : si ça les rend influents et présents, ça les éloigne des feux de la rampe. Gerry Conway, lui, a fait de longs passages à la télévision, ce qui a peut-être participé à un ressourcement évident.
Pour faire court, au bout d’un quart de siècle, ils sont rincés. Et délaissés par les équipes éditoriales. Ceux qui survivent et conservent une certaine place dans l’actualité sont ceux qui jouent la rareté, à l’exemple d’un Alan Moore qui, même lui, a connu des passages à vide, ou d’un Grant Morrison (dont la récente version de Green Lantern ne semble pas avoir fait les gros titres). Ou d’un Kurt Busiek, qui s’occupe de quelques séries indés, fait un retour chez Marvel de temps en temps, et gère le fonds Astro City, ce qui ressemble à une manière élégante de vivre sur ses lauriers.
Et au milieu de tout cela, il y a Mark Waid. Qui semble avoir encore l’oreille des responsables éditoriaux, qui gère de gros personnages, qui ne semble pas (encore ?) prisonnier de ses vieilles recettes poussiéreuses, qui se retrouvent au centre d’événements éditoriaux d’ampleur, qui est associé à des vedettes du dessin…
Trente-trois ans de scénario, toujours une belle énergie, toujours une place de choix dans le paysage éditorial. Ça me semble un cas rare.
Jim
Pas faux.
Dommage qu il m ait toujours laissé assez froid.
Jolie portrait, j’ai peu lu de Mark Waid mais tout ce que j’ai lu de lui m’a toujours plu. J’aime vraiment beaucoup sa mini-serie Brave and the Bold, avec Flash (Barry Allen) et Green Lantern (Hal Jordan) dont les dernières pages sont extrêmement touchantes.
Pour faire une comparaison avec le cinéma, Mark Waid me fait l’impression d’un Joe Johnston ou d’un James Mangold, un artisant qui maîtrise très bien ses outils et qui rend un travail toujours propre et se transcende quand les sujets les inspire.
À la différence près, me semble-t-il, qu’il a été un auteur de premier plan pendant quelques années, une sorte de référence vers laquelle on se tourne (un Spielberg de la BD, si j’ose te suivre dans ces comparaisons cinématographiques). Waid a été un « must-read » pour une génération de lecteurs, de ces scénaristes dont on attend la prochaine prestation, celui qui passait après des poids lourds sans jamais démériter (JLA après Morrison) et qui sauvait des séries en plein coup de mou (Captain America après Gruenwald).
Et comme toi, je n’ai pas souvenir d’une purge totale dans sa production (je n’ai pas aimé ses Flash après Johns, je trouve son Superman Birthright surestimé et trop long, je concède plein de faiblesses à ses Doctor Strange qui peinent à trouver leur souffle… mais jamais rien de rhédibitoire). Son nom est souvent associé à un grand plaisir de lecture.
Jim
Hehe,
Je l aime bien, il n etait pas tripé nostalgie
Je pense que Waid a eu l’intelligence, ou la coïncidence, de se « réfugier » chez les Indé durant l’explosion des Bendis, Millar et Johns. Pour survivre, se faire un nom sous une autre forme, et revenir d’abord à la marge, en association avec Samnee ou via le défi réussi et incontournable de réorienter Daredevil après les runs dark. C’est malin.
Je trouve néanmoins que ses Marveleries du milieu des années 2010, les Champions et Avengers, sont de qualité moyenne. Divertissant mais très moyen.
Perso j’adore ses Avengers (jusqu’à Del Mundo) et ses Champions, je trouve même que c’est la version amélioré de ce que faisait Tomasi à la même période (qui fédère bien plus), les relations dans le groupe et les combats sont géniaux. Le problème c’est qu’il manque une ambition a long terme et qu’une grosse partie est bousillée par Del Mundo, ce qui fait qu’au final c’est aussi trop long pour ce que c’est.
C’est assez intéressant à mes yeux parce que s’il est souvent associé à la nostalgie, je trouve qu’il a fréquemment emporté les séries vers d’autres idées. Bien sûr Flash, avec la Speed Force entre autres, mais aussi Captain America ou Fantastic Four, pour parler de séries bien classiques. Et quand il officie dans un trip nostalgique, c’est parfois pour établir un discours sur le genre et faire un état des lieux du marché : à ce titre, Kingdom Come occupe une place comparable à Watchmen, Dark Knight ou même Golden Age, il parle du passé, faisant mine de le regretter, pour évoquer le présent et montrer le futur.
À mes yeux, il trouve bien souvent un équilibre entre l’utilisation de la continuité comme héritage et patrimoine et propulsion de nouvelles idées pointant vers de nouvelles directions. J’aime beaucoup son court passage sur X-Men parce que, justement, il fouille dans le passé de la série afin de mieux enraciner Onslaught.
Oui, pareil. Ses Hulk sont sympas mais manquent de direction (et bizarrement, les épisodes de Duggan, où ce dernier range les jouets, apporte plus de satisfaction…). Étonnamment (ou alors, peut-être pas), ses exercices de style en mode yes-man fonctionnent pas mal : ses S.H.I.E.L.D. étaient bien cools. Mais oui, cette période Marvel un peu longue est un creux dans sa carrière. Néanmoins, comme tu le dis, c’est divertissant et très lisible.
Jim
C’est une vision intéressante. Il manquait selon toi un Big Bad ou une montée en puissance vers une grosse saga ?
Je crois aussi que Waid est intrinsèquement un fan de DC et qu’il avait fait le tour de ce qu’il pouvait ou voulait faire chez Marvel. Le départ de Didio a permis son retour chez DC et je le sens plus accompli, inspiré, heureux.
J’aime pas du tout Del Mundo, donc effectivement, j’étais peu réceptif à ces épisodes. Et comme le début de la série était poussif…
Mais ouais, question caractérisation, Waid tapait toujours juste. J’ai en mémoire une séquence entre Sam Wilson et Jane Foster, qui était particulièrement réussie. Sur cette période marvélienne, Waid était meilleur dans les petits moments intimes que dans les grosses bastons.
Spontanément, c’est ce que je dirais.
En tout cas, j’attendais un truc costaud, et j’attends encore…
J’avais l’impression de voir une fin de carrière : quelques derniers gros personnages (Doctor Strange), quelques projets relativement courts (Invisible Girl), et peu de perspectives. Son retour chez DC est comme un spectaculaire rebond.
C’est pas impossible. On sent de l’inspiration et de l’ambition.
Jim
C est vrai aussi.
Mais là il en a fait dernièrement un style, il me semble.
Je pense que son passage en tant d’éditeur chez Boom lui a fait du bien.
Si un éditeur lui demande un truc, il doit le comprendre en touts points et produire une proposition qui satisafait sa part créative et celle nécessaire de l’éditeur.
L’expérience, sûrement… l’anti Snyder.
Il n’y avait pas un gros final avec Kang ?
Avec World’s Finest ?
Je dirait que l’exécution est là mais pas l’intention (ce qui est nettement plus rare - et appréciable - que l’inverse), globalement il manque peut être une vision.
Oui totalement, j’espère le même coup de théâtre pour Slott.
Pas faux
Si.
Totalement l’inverse pour moi.