Je serai moins sévère mais ça n’est quand même pas brillant de mon point de vue non plus.
Pas de doute, ce « cut » sort quand même (et sans grande surprise finalement) grandi de sa comparaison avec la version de Whedon, et largement. Il faut quand même préciser que le « Justice League » version salles était tout simplement un film indigne, un foutage de gueule caractérisé, et on se demande vraiment ce que Whedon (pas vraiment un cinéaste que j’affectionne, mais un auteur intéressant) est parti foutre dans cette galère.
Pour être honnête, je n’ai pas grand souvenir de ce gros tas de bouillie numérique donc pour la comparaison ça va être compliqué…
Il apparaît tout simplement que Snyder n’est pas un cinéaste si nul qu’on le clame un peu partout ; j’entends par là : c’est un gros bourrin pas subtil pour deux sous et adepte d’effets voyants et horribles qui datent instantanément ses films, OK. Mais il sait cadrer, et plus important encore il sait découper. Exemple : la scène de braquage dans la banque, très intéressante dans sa construction, avec cette mallette omniprésente en « pivot » de la spatialisation de la scène (et pour cause, y’a une bombe dedans), c’est une idée assez bluffante. Et il y en a d’autres comme ça…
De fait, le film est infiniment plus lisible et fluide que son vilain prototype.
Quel dommage du coup que Snyder cède à ses instincts les plus solidement arrimés ; ces ralentis, stop, merde !!! En plus, j’ai horreur de cette tendance à représenter la super-vitesse (c’est pareil chez Marvel avec Vif-argent, ceci dit) par un ralentissement généralisé de l’image ; ça semble très malin cette représentation en creux de la vitesse, mais c’est en fait très peu intéressant sur le plan cinématographique (ça m’intéresserait bien plus que les effets de vitesse soient vraiment travaillés, et pas que par les effets spéciaux mais par le découpage lui-même, cf. « Tetsuo » de Tsukamoto ou « The Blade » de Tsui Hark).
D’autre part, j’ai préféré les deux premières heures aux deux suivantes, la lassitude aidant peut-être (j’ai vu le film d’une traite, je le précise) : l’exposition est très longue mais très cohérente, je trouve. Après, j’avais cru comprendre que Snyder soignerait la caractérisation de Flash et Cyborg, des têtes-à-claques pas possibles chez Whedon… Ben ici aussi, mais au moins leur rôle dans l’intrigue est plus conséquent et intéressant. Par contre, le combat contre le « méchant » Superman est toujours aussi nul. On ne va pas non plus complètement charger Whedon et dédouaner Snyder, hein…
Et qu’est-ce que c’est que cet épilogue complètement foireux et inutile ? Là-dessus Snyder se perd complètement les chèvres. Et puis bon, il y a quand même une arnaque fondamentale dans ce « cut » (ça a sûrement été évoqué plus haut) : jamais le film n’aurait pu être diffusé en l’état en salles, faut pas se foutre du monde.
Il y a donc du mieux, mais Snyder’s cut ou pas, « Justice League » reste un projet bancal et mal conçu. Je reconnais néanmoins à Snyder quelques qualités de pure mise en scène, elles apparaissent par fragments ici ou là à la faveur de ces quatre interminables heures de spectacle bourrin et un peu neuneu, il faut bien le reconnaître.