KANDAHAR (Ric Roman Waugh)

Tom Harris est un agent secret de la CIA travaillant au Moyen-Orient. Une fuite des renseignements révèle son identité. Coincés au cœur d’un territoire hostile, Harris et son traducteur doivent se frayer un chemin hors du désert jusqu’à Kandahar, en Afghanistan, tout en échappant aux forces spéciales d’élite qui les pourchassent.

Action/thriller
Long métrage américain
Réalisé par Ric Roman Waugh (La Chute du Président, Greenland…)
Scénarisé par Ric Roman Waugh et Mitchell LaFortune
Avec Gerard Butler, Ali Fazal, Navid Negahban…
Année de production : 2022
Date de sortie non communiquée

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Ah c’est pas mal, ce truc.
Je m’attendais à ce que ce soit sympathique à regarder, et déjà c’est le cas. De grands paysages, des plans larges, des ralentis rares et à bon escient, tout cela fonctionne bien. Y a même quelques morceaux de bravoure : la scène de nuit est réellement impressionnante, et le « duel au soleil » de la fin est un concentré de nervosité vénère.
Le personnage, bien décidé à sauver son interprète, traverse un pays sillonné de multiples factions, de sorte qu’il doit échapper un peu à tout le monde. En face, surveillé par des drones, il est observé par plusieurs agences. Tout ceci concourt, très logiquement, à casser le manichéisme qu’on aurait pu aisément associer au film.
Mais ça va plus loin. Le scénario (qui ne démarre réellement qu’au bout d’une quarantaine de minutes, prenant le temps de poser les enjeux, les intervenants, la géographie…) prend soin de présenter plusieurs représentants des factions en présence et des réseaux en activité. On découvre donc qu’il y a des gens plus sensibles que d’autres, moins solitaires que d’autres, obéissant à différentes « raisons d’état », songeant à leur famille et à leurs proches : un peu comme le héros, en somme, cliché ambulant, père absent en instance de divorce parce qu’il se voue trop à son travail, et qui devient, au milieu de cette galerie de portraits, un être bousculé parmi d’autres.
L’autre approche intéressante consiste à dépeindre, en filigrane, un échiquier politique complexe où tout le monde se connaît et noue des alliances au gré du « business » : un dialogue à propos d’un hélicoptère laisse entrevoir la complexité des rapports de force, et la difficulté à définir qui sont les gentils et qui sont les méchants. Comme dit la fable évoquée sous la tente, pour survivre, il suffit de savoir changer de camp.
C’est donc un parcours périlleux, solitaire et mortel que les deux échappés entament au milieu d’ententes volatiles qui peuvent changer sur un coup de téléphone.
La fermeture du film, qui fait le point sur les protagonistes, sous couvert d’une morale assez basique, montre aussi que la guerre abîme tout le monde mais que, parfois, les choses changent…
J’aime bien Ric Roman Waugh, qui fait du bon film d’action bien musclé comme il faut, qui est parvenu à sortir la trilogie de Matt Banning de la médiocrité avec le troisième volet, et qui a prouvé qu’il s’intéresse à ses personnages à l’occasion de Greenland. Ce Kandahar confirme la bonne opinion que j’ai de lui et m’incite à me pencher, un jour, sur Infiltré et L’Exécuteur, deux longs métrages précédents que je n’ai pas vus.

Jim

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