KATSUHIRO OTOMO ANTHOLOGY (Katsuhiro Otomo)

J’ai donc aussi relu Memories, dans l’édition Marvel / Epic de 1992 que j’ai depuis longtemps (il est possible que je l’aie achetée durant ma première période parisienne, ce qui ferait une trentaine d’années, pas loin de la date de sortie…).

Comme le souligne le Doc dans son commentaire sur l’adaptation animée, le récit commence dans l’espace, avec une bande d’éboueurs spatiaux qui acceptent une nouvelle mission de nettoyage, après en avoir négocié le tarif, cela dit. D’autant que l’endroit est dangereux à cause de la proximité d’un champ magnétique.

En chemin, ils vont recevoir un message étrange, en réalité un morceau de musique, la Moonlight Serenade de Glenn Miller. Intriguant. Ils finissent par arriver sur zone et découvrent, au milieu des débris et des épaves, un spectacle saisissant : une rose colossale constituée d’épaves amalgamées.

Bien sûr, ce sont des aventuriers du cosmos, alors ils vont voir. Ça serait moi, je serais resté dans mon vaisseau. Mais ça serait moi, Alien aurait été un court-métrage dont la scène finale aurait été le déjeuner après le réveil.

Bref, deux des éboueurs vont voir, le troisième restant dans le vaisseau à surveiller les courbes magnétiques. Au fil des couloirs, ils découvrent des décors très humains, très terriens, occupés par des robots préposés à l’accueil des visiteurs.

Mais ils comprennent bien vite que quelque chose ne tourne pas rond : le thé servi est imbuvable, le bain est empli d’une boue infâme…

Après une ambiance à la Alien, c’est en direction du 2001 de Kubrick que se tourne l’attention d’Otomo, qui en copie les décors aussi élégants que froids où il place une présence robotique de plus en plus inquiétante.

De l’étonnement, les deux explorateurs chavirent dans la panique et tentent de rejoindre leur vaisseau, pour bientôt comprendre qu’ils sont à la fois prisonnier du champ magnétique et des agissements des robots, reproduisant les souvenirs (d’où le titre) de leur maîtresse aujourd’hui défunte.

La montée du suspense est très bien maîtrisée, avec des planches bien angoissantes, à l’ambiance savamment calibrée.

Si la bande dessinée s’intitule « Memories », l’adaptation, au sein du film animé du même nom, s’appelle « Magnetic Rose », désignant l’édifice hanté et colossal ayant attiré les éboueurs de l’espace comme une flamme attire les papillons.

Les couleurs de cette version américaine sont bien entendu dues à Steve Oliff, préposé aux planches d’Otomo. Le lettrage est composé par Michael Higgins, et le résultat est tout à fait convaincant.

Jim

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