KID ETERNITY (Grant Morrison / Duncan Fegredo)

[quote]KID ETERNITY

Humoriste en difficulté, Jerry Sullivan broie du noir. Il s’est déjà fait à l’idée de la mort, et va bientôt en apprendre bien plus sur elle qu’il ne l’aurait souhaité. Rescapé d’un terrible accident de voiture, Jerry va faire la connaissance d’un étrange personnage appelé Kid, récemment échappé des Enfers et en route pour une mission d’importance cosmique que lui aurait confié les forces du Paradis eux-mêmes. Mais pour mener à bien sa mission, Kid aura besoin de Jerry pour libérer quelques-unes des figures les plus emblématiques de l’Histoire.

Contient: Kid Eternity TPB

Public : Ado-adulte - à partir de 12 ans
Collection : Vertigo Deluxe
Date de sortie : 21 août 2015
Pagination : 168 pages
EAN : 9782365776813
Prix : 15 EUR[/quote]

Le site de l’éditeur : urban-comics.com/kid-eternity/

Le messie, bien sûr.

Pas le meilleur taf’ de Morrison, mais un excellent récit horrifico-onirique basé sur un perso des sixties tombé en désuétude, sur le mode Shade ou Animal Man.
C’est bourré de bonnes idées, érudit comme d"habitude, avec une ambiance noire comme c’est pas permis (comme souvent chez le jeune Morrison). L’écossais en profite pour y introduire ses marottes de l’époque, comme des éléments relatifs à la Magie du Chaos, mais d’une manière singulièrement différente que dans les « Invisibles » par exemple. Autant ce sera la matière même de son magnum opus, autant ici c’est plutôt pour « colorer » le récit. Et c’est très réussi.

Fegredo est méconnaissable ici, mais j’avoue ne pas être insensible à ce rendu très Sienkiewicz / McKean, typique de son temps…

Je dis oui et re oui. Juste avant mon anniv en plus. Parfait.

La critique par Blackiruah est disponible sur le site!

Lire la critique sur Comics Sanctuary

Le terme « mythe » semble être passé dans le langage courant, sous la forme d’une sorte de réflexe.
Tout est mythe, même un vieux personnage dont personne ne se souvient ou presque, et qui n’a pas laissé une empreinte indélébile sur le genre.
C’est le moins que l’on puisse dire.

Mais c’est un « mythe ». :wink:

Bien vu, le glauque est un ingrédient indissociable de ce qu’écrit Morrison.

J’aime beaucoup Duncan Fegredo, sauf ici.

Cela a pourtant été une discipline très en vogue que de donner des versions glauques de personnages qui n’en demandaient surement pas tant.
Surtout d’ailleurs dans les années 90 où une vague de grim & gritty semblait impossible à contenir, si mes souvenirs sont bons.

Je donnerai pour ma part un son de cloche assez différent, puisque je n’ai pas du tout accroché à cette mini-série.

Pas forcément non, il peut écrire des récits très lumineux comme le all star superman.

mais…

[quote=« artemus dada »]Cela a pourtant été une discipline très en vogue que de donner des versions glauques de personnages qui n’en demandaient surement pas tant.
Surtout d’ailleurs dans les années 90 où une vague de grim & gritty semblait impossible à contenir, si mes souvenirs sont bons.[/quote]

Je n’ai pas pensé à cette période. N’ayant pas vécu cette période (je lisais surtout DBZ et sain seiya xD), je n’ai pas cette aversion au grim & gritty, mais faut dire que je n’ai pas lu grand chose de cette période au final.

On en est sorti du Grim & Gritty depuis ?

[quote=« Blackiruah »]

.

Pas forcément non, il peut écrire des récits très lumineux comme le all star superman.[/quote]

Je crois que c’est bien le seul. j’ai l’impression qu’il y a toujours quelque chose de sordide dans les histoires de Morrison.

[quote]mais…

[quote=« artemus dada »]Cela a pourtant été une discipline très en vogue que de donner des versions glauques de personnages qui n’en demandaient surement pas tant.
Surtout d’ailleurs dans les années 90 où une vague de grim & gritty[/quote]

semblait impossible à contenir, si mes souvenirs sont bons.

Je n’ai pas pensé à cette période. N’ayant pas vécu cette période (je lisais surtout DBZ et sain seiya xD), je n’ai pas cette aversion au grim & gritty, mais faut dire que je n’ai pas lu grand chose de cette période au final.[/quote]

Ce n’est pas une aversion, en ce qui me concerne je lis très régulièrement des histoires sombres & violentes comme Stormwatch : Team Achilles, en ce moment je relis Marshal Law, j’ai bien aimé Justice League Elite (le D.A & la série), ou encore Irrécupérable, ou encore GrimJack, ou les **DD ** de Miller, Deathlok, je viens de finir The Royals, etc.
C’est seulement la systématisation du grim & gritty qui m’a ennuyé et surtout l’idée d’assombrir des personnages qui manifestement n’avaient pas été créer pour ça.
Comme Kid Eternity.
Ceci dit pourquoi pas, il en faut pour tout les goût, simplement je trouve souvent ça vain et parfois également inintéressant.
En tout cas, jamais moderne ni « mature », alors qu’il me semble que c’est souvent l’idée qui guide les scénaristes : "*Hey * prenons ce personnage des années 40 un peu mièvre et boy-scout et faisons lui découvrir le sexe, et puis le meurtre aussi. Quoi ? un peu d’inceste ? Dingue

Alors je passe quelque fois mon chemin.

Ceci dit grim & gritty ou pas, de mon point de vue une mauvaise histoire reste une mauvaise histoire. :slight_smile:

J’ai l’impression que c’est moins systématique, moins présent.

Non ?

Tiens je repense à quelque chose, j’ai lu il y a pas longtemps le commentaire d’un *forumer * au sujet d’une série sur Batman, où il disait qu’un **Batman ** détective c’était pas mal du tout.

Détective c’est un peu l’essence du personnage, mais **Batman ** a été tellement écrit sous l’angle du grim & gritty, décrit comme dépressif, ultra-violent (sans compter les allusions à la pédophilie) que nombre de lecteurs, et surtout de spectateurs ont oublié cette dimension du personnage, essentiel pourtant.
Et je crois que beaucoup de scénaristes l’on aussi oublié aussi.

Mais ne lisant plus ses aventures (pas plus que je n’ai pu voir les Nolan) je n’en sais rien « au jour d’aujourd’hui » comme on dit (mal à propos).

:wink:

[quote=« artemus dada »]

J’ai l’impression que c’est moins systématique, moins présent.

Non ?[/quote]

Je dirais même qu’on a eu le temps de passer par l’ère Hypermoderniste (injustement appelée post-modernisme à mon avis) - autant sur la forme que dans le fond - caractérisée par une exacerbation des mœurs: un besoin d’immédiateté permanent, une dévaluation de la morale, des personnages et organisations à la fortune indécente [size=85](ouais j’ai 50 heliporteurs et alors ? j’te kill !)[/size], des combats démesurés, l’édification des vedettes et, conséquemment, une poussée à l’hyper-consommation et enfin, mon préféré, une transition du savant mégalomane vers le super-terroriste (ou super-mercenaire). En gros ça va du lancement de Youngblood à la révolution Warren Ellis (Stormwatch, The Authority) (probablement l’apogée de cette période) jusqu’à l’arrivée de Mark Millar et ses gros sabots (The Ultimates, Civil War) avant d’échouer à l’ère actuelle, je pense.

Cette dernière n’a pas encore de nom, il faudra bien attendre une dizaine voire une vingtaine d’années avant qu’elle ne soit nommée proprement mais Ère Prismatique me plait bien.

[quote=« Jack! »]
Je dirais même qu’on a eu le temps de passer par l’ère Hypermoderniste (injustement appelée post-modernisme à mon avis) [/quote]

Et pourquoi pas post-modernisme ?

Qu’est-ce que tu entends par « immédiateté » ?

Tu veux dire une multiplication de la puissance des personnages ?

De quel côté du Quatrième mur, des personnages qui deviennent des vedettes dans leurs histoires ? Des vedettes en tant que personnages de notre côté du Quatrième mur ?
Ou des dessinateurs et des scénaristes vedettes ?

De la part de qui cette hyper-consommation ?

Bon ça c’est normal, durant la Seconde Guerre mondiale les vilains était des Nazis ou des jap.

Ouch! je me rappel mon premier numéro de **Youngblood **(qui a aussi été le dernier) : quel choc ! Ces visages grimaçants, ces gros plans …
Bon **Ellis ** sur **Stormwatch ** & **Authority ** est un excellent souvenir (et je trouve que ça se relit très bien), *idem * pour **Millar ** sur Authority, un très très bon run, avec un excellent artiste faut dire. (Reste que le Dr Krigstein est toujours une énigme pour moi ??)

Je vais lire ça. :wink:

je trouve que Moore cédait bien plus au glauque que morrison qui s’est vite repris et a critiqué cette orientation, reconnaissant qu’il l’avait lui aussi emprunté, dès animal man.

Le gospel du coyote marquant la rupture de ton dans la série elle même et dans le parcourt de morrison.

Un échange intéressant.

Pour ceux que ça intéresse, je me penche dès demain (ou au pire après-demain pour la mise en ligne) sur le cas « Kid Eternity » dans le cadre de mon émission radio « Tumatxa! ».

En subtance pour les flemmards, je reconnais quelques mérites à ce titre pour ma part, notamment la mise en avant pour la première fois je crois des thématiques liées à la « Chaos Magick » (cruciales par la suite chez l’écossais, en tout cas pour ses « Invisibles ») et une certaine virtuosité narrative (les enchaînements de la première partie), tout en admettant qu’il s’agit là d’une oeuvre tout à fait mineure au sein du canon morrisonien, à la portée restreinte.

Tiens puisque tu en parles voilà ce qu’aurait dit Morrison à propos du principe de continuité (un sujet que nous avions effleuré il y a peu) lorsqu’il était sur All-Star Superman: « The fact that it could be a non-continuity recreation made the idea even more attractive and more achievable » (« Le fait que cela puisse être une recréation hors-continuité rendait l’idée encore plus attrayante et réalisable. ») (Newsrama 2008).

Shocking! :slight_smile: :wink:

Parce que le post-modernisme ne me semble pas remplir tous les critères de la dernière décennie et demie de comics, contrairement à l’hyper-modernisme.

Le post-modernisme est censé rejeter les dogmes, les us et coutumes et même les outils alors que l’hyper-modernisme les exacerbe, à l’instar du gonflement qu’a connu l’industrie (multiplication des titres sur un héros porteur, multiplication des morts, multiplication des sagas évènements, etc.).

Le besoin du tout, tout de suite; d’intrigues révélées au grand jour par l’éditeur ou le retour immédiat des consommateurs sur le produit.

Cette immédiateté qui donne l’impression au lecteur de participer voire d’influer sur la production, d’avoir une voix qui compte (comme dans un jeu télévisé). On ne compte plus aujourd’hui le nombre d’auteurs qui ont du s’excuser sous l’œil inquisiteur de ce gardien des idoles qu’est le lecteur.

Cette immédiateté passe par le développement de nouvelles méthodes de promotions, de dialogues entre l’éditeur et les lecteurs; la principale étant internet.

Du nombre, surtout; notamment ses Double-Splash-Pages qui multiplient les super-héros en pleine bataille.

Je pense que ça va de paire, donc des deux cotés. D’un coté, on a eu une exacerbation d’un prétendu star-système, notamment avec le développement de la télé-réalité, l’œil sur la serrure, prêt à élire une nouvelle « Vedette » à chaque coin de rue.
Le développement des réseaux sociaux fait de n’importe qui la super-star de sa propre [size=85]petite[/size] « fenêtre sur le monde » aujourd’hui.

Cette exubérance, on la retrouve dans les comics avec l’apparition d’équipes gouvernementales ronflantes, adoubées par le quidam, payées à faire leur propre promotion. C’était le cas de Youngblood puis de The Authority, The Ultimates, Ultimate X-Men (à une époque où la ligne Ultimate était la collection la plus vendeuse de l’éditeur) mais aussi Superme Power, The Intimates, New X-Men etc.

C’était même le sujet de Civil War, à mon sens. La question posée à l’univers régulier de Marvel (la route 616) étant « voulez-vous en faire partie ou pas ? »

C’est vrai mais on avait aussi le despote d’un pays lointain Fatalis]; les montres d’une autre dimension Annihilus] et les autres civilisations Inhumains].

Mais je suis d’accord, c’est dans l’air du temps. C’est d’ailleurs mon propos.

Ça ne me plait pas plus. Cependant, il faut avouer que Rob Liefeld pave la voie à Mark Millar (avec ses Héros soucieux du merchandising) [size=85](il faut dire que les deux auteurs entretiennent ce même portrait du Buiznessman expansif)[/size] et, même, si on pousse plus loin, aux super-héros trempés dans la politique de Warren Ellis.

Il me semble qu’il s’agit de Jack Kirby, un gros cerveau, très imaginatif, dans le corps d’un petit homme, le cigare au bec.



En outre, Blacki, lorsque tu écris :

il est clair que **Morrison ** malgré tout le mal qu’il ne cesse de dire à propos de Moore, le marque encore à la culotte avec cette mini-série.

Alan Moore a depuis ses débuts dans l’univers des super-héros proposé la réécriture des personnages, c’est même devenu une marque de fabrique. :wink:

Ici, de mon point de vue **Morrison ** singe encore une fois **Moore ** en réécrivant Kid Eternity là où **Moore ** avait récrit Marvelman, deux personnage nés dans les années 40 (Marvelman est la réécriture du précédent Marvelman « suite » de Captain Marvel) (suite).

Aparté : Pour ceux que cela intéresse, une digression sur le nom **Miracleman ** qui apparaît sous la plume de **Moore ** lui-même avant que l’éditeur **Marvel ** ne fasse sa jalouse → Ici.

Ceci dit imiter plus grand que soit, plus talentueux (ou tout au moins perçu comme tel par le « grand public » du petit monde de la BD) n’est pas rédhibitoire à mes yeux de lecteur, ce serait même un signe d’intelligence. :slight_smile: :wink:

Tu noteras que j’ai dit :

Pour les personnages et scénaristes bankables, tu peux les faire tricoter un pull, ça vendra quand même

[quote=« Blackiruah »]

:slight_smile: :wink:

Tu noteras que j’ai dit :

…][/quote]

Oui tu as raison, mais (oui il y a toujours un « mais » :slight_smile: ), pour les personnages que tu cites, mais on peut extrapoler à l’ensemble des « personnages en marge » : il n’y a pas ou peu de continuité.

Ainsi les aventures de **Bizarro ** sont-elles assez réduites, et celles qui existent sont souvent des récits hors-continuité.
Du moins il me semble pour ce que j’en ai lu ??

Et où est la continuité pour Bat-Mite ?
En quoi le personnage actuel est-il différent de ce que connaissent les lecteurs ?

En fait, les numérosd’All-Star Superman sont hors continuité dans le sens où ils ne s’intercalent pas entre Action Comics #547 et **Superman **#214 mais ils sont totalement dans le principe même de la continuité, celui d’un univers partagé.

*Idem * pour Bat-Mite et Bizarro simplement leurs aventures ne sont pas la suite des précédentes et pour cause.
Mais ils font partie eux aussi du principe de continuité car il découle de l’univers partagé. Et si leurs aventures ne prennent pas place stricto sensu dans une « suite » tôt ou tard elles seront intégrées dans la continuité c’est-à-dire une histoire « globale ».

Non ?