Oui, et pas qu’un peu : il la retourne complètement, en fait. Etrange choix, mais pourquoi pas.
Pour le reste, si j’entends tes réserves (j’ai bien plus aimé le film que toi mais ne suis pas aveugle à ses défauts), je serai en désaccord sur un point majeur :
Ok pour les images « catastrophiques » (qui le sont un peu, en effet ^^), même si on pourrait arguer que c’est voulu, pour entretenir le doute sur la véracité des dires des intrus. Mais y’a quelque chose d’un peu cheap, on est d’accord.
C’est sur les deux points restants que je diffère : je trouve la narration de Shyamalan incroyable d’efficacité. Le premier quart d’heure du film, qui expose la situation en un tournemain, est époustouflant ; le face-à-face Bautista / fillette est stupéfiant, instaure une thématique de conte de fées (c’est un ogre auquel cette fillette à affaire), plante même vaguement les enjeux… c’est trouant d’efficacité pour moi. Il n’y a guère que sur la fin que la narration patine un peu plus, et encore : je me demande si ça n’est pas relativement à la virtuosité de la première heure.
Pour la mise en scène, je serai peut-être plus élogieux encore. Je ne nie pas que « Knock At The Cabin » est un film finalement plutôt mineur dans la filmo de son auteur, et un peu confus thématiquement (voire théologiquement, si je puis dire). Mais quel exercice de style hitchcockien !!! C’est « Fenêtre sur cour » que Shyamalan revisite ici, en mettant en abyme le pacte spectatoriel (crois-moi ou ne me crois pas, à toi de décider, en quelque sorte) de manière extrêmement habile et précise en termes de pure mise en scène (c’est-à-dire de composition du cadre, de déplacement des comédiens, de mouvements d’appareil). Sur ce terrain-là, c’est quand même difficile de prendre Shyamalan en défaut. Même avec des idées scénaristiques biscornues (et ça a souvent été le cas dans sa filmo), il se démerde toujours pour faire fort de ce point de vue.
Là où les dés sont pipés, c’est que comme Shyamalan opte toujours pour le fantastique(sauf dans cette passionnante exception dans sa filmo qu’est « The Village », très mal reçu en son temps en partie car il a été perçu comme une « trahison du fantastique »), le « suspense » sur la réalité des faits est éventé d’entrée, comme certains critique l’ont souligné (Stéphane Moïssakis de Capture Mag, par exemple). Du coup, la portée du film s’en trouve amoindrie.
Perso, j’ai hâte de découvrir son prochain film qui sort le mois prochain. Même sur des propositions plus franchement ratées (comme « Old »), je persiste à trouver Shyamalan passionnant.