LA 27e LETTRE (Desberg / Will)

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Dans l’Allemagne angoissée de la montée du nazisme, les locataires d’une maison close recueillent Fred, un jeune orphelin devenu l’ami d’un acteur sans le sou, et qu’elles ont surnommé « Fred du Capitole ». L’enfant, qui fait preuve d’un certain talent pour raconter des histoires, est au départ cruel comme peut l’être un gosse des rues. Mais bientôt, quand il découvre la lecture puis le cinéma, il développe un certain goût pour les contes, tentant d’enchanter la vie de ceux qui l’entourent avec des récits positifs et optimistes. Il en vient lui-même à réinterpréter le monde selon cette vision, alors que l’avénement du fascisme hitlérien met en danger ses amies.

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Paru dans la collection « Aire Libre » en 1990, La 27e lettre est une nouvelle association entre le scénariste Stephen Desberg et le dessinateur Will. Le premier a fait ses débuts en écrivant des tomes de la série Tiff & Tondu, que le deuxième avait rendu célèbre.

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Le récit parle de poésie, de création, de fuite dans le rêve. Il met en scène le destin d’un enfant qui découvre les livres à l’époque où on les brûle et le cinéma quand il devient un objet de propagande. Son imaginaire (dans lequel il se réfugie dans un mouvement de déni, semble-t-il, mais un déni qui galvanise son entourage et leur permet de tenir) est un hymne à la curiosité.

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Plus sombre et désespéré que certaines de leurs autres collaborations, l’album est assez déchirant. La fameuse vingt-septième lettre du titre renvoie à la manipulation du langage par le régime dictatorial. Et quand on manipule le langage, on déforme la réalité. C’est aussi le sens de la dernière case, en forme de photographie trompeuse.

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L’album connaîtra plusieurs éditions, y compris une version souple, dans la collection « Horizons », avec une couverture remaniée.

Jim