LA BATAILLE DE LA PLANÈTE DES SINGES (Jack Lee Thompson)

REALISATEUR

Jack Lee Thompson

SCENARISTES

John William et Joyce Hooper Corrington, d’après une histoire de Paul Dehn et les personnages créés par Pierre Boulle

DISTRIBUTION

Roddy McDowall, Claude Akins, Natalie Trundy, Austin Stoker, Paul Williams,
Lew Ayres, John Huston…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures/science-fiction
Titre original : Battle for the Planet of the Apes
Année de production : 1973

La Conquête de la Planète des Singes s’est à nouveau révélé rentable pour la 20th Century Fox, même si ses recettes au box-office étaient pourtant très loin de rivaliser avec celles du long métrage original de Franklin J. Schaffner sorti en 1968. À cette période, le producteur Arthur P. Jacobs envisageait déjà de décliner le concept à la télévision, mais le studio donna tout de même son feu vert pour un cinquième et dernier film, avec la consigne de boucler la boucle (temporelle). Signe d’essoufflement, la série télévisée de 1974 (qui repasse régulièrement ces temps-ci sur la chaîne jeunesse Gulli) et le dessin animé de 1975 (resté inédit en France) furent annulés au bout d’une saison. Ces deux échecs consécutifs marquèrent la fin de la première période de la franchise, qui a depuis été relancée avec succès.

La Bataille de la Planète des Singes renoue avec l’atmosphère post-apocalyptique des deux premiers volets de la saga. S’il n’y a pas de date précise (à part celle du prologue et de l’épilogue…mais j’y reviendrai dans quelques lignes), on apprend au détour d’une ligne de dialogue qu’une douzaine d’années se sont écoulées depuis La Conquête de la Planète des Singes (ce qui situe le présent récit aux alentours de 2002/2003) et qu’une guerre nucléaire a détruit la civilisation.

César (Roddy McDowall) a rassemblé des survivants simiens et humains loin des villes ravagées et tente de recréer une société idéale. Ce qui est loin d’être simple car le comportement belliqueux des gorilles menés par le brutal Aldo menace cette paix apparente…et la découverte d’humains vivant dans les ruines radioactives de New-York (très certainement les ancêtres des mutants du Secret de la Planète des Singes) attise les braises d’un nouveau conflit…

Architecte principal de la saga depuis le deuxième épisode, le scénariste Paul Dehn a du se retirer un temps de la production pour raisons de santé après avoir écrit un premier traitement. Le couple John William et Joyce Hooper Corrington (Le Survivant avec Charlton Heston), qui a avoué plus tard n’avoir pas vu les précédents Planète des Singes au moment de la signature de leur contrat, a alors été engagé pour rédiger le scénario et en faire un spectacle destiné à un plus large public, pour alléger l’ambiance de ce final après un quatrième opus sombre et violent.

Ses ennuis de santé réglés, Paul Dehn est intervenu sur le script avant le tournage, réécrivant des dialogues et modifiant certaines scènes (ce qui explique certaines ruptures de ton), dont le tout dernier plan pour qu’il soit plus en phase avec la tonalité générale de la pentalogie, au grand dam des Corrington qui la trouvèrent stupide…ce qui n’est pas mon cas.

Après La Conquête de la Planète des Singes, Jack Lee Thompson (Les Canons de Navarone) a accepté de revenir derrière la caméra sans avoir lu au préalable le scénario (qu’il jugea en grande partie décevant), ni discuter de l’ampleur de la production (encore plus cheap que celle de La Conquête). La Bataille du titre n’est clairement pas le meilleur élément du récit…Jack Lee Thompson a montré plusieurs fois au cours de sa carrière qu’il pouvait faire beaucoup avec peu, mais il lui aurait fallu plus de moyens pour mettre en scène une guerre digne de ce nom, qui se résume ici à des affrontements mollassons entre une vingtaine de figurants filmés sans dynamisme et le plus souvent en champ-contrechamp.
Le travail sur la photographie est souvent intéressant (comme lors de la visite des ruines souterraines qui fait soudain basculer l’histoire dans le cinéma d’horreur), mais les décors ne font pas illusion et les véhicules et la traversée du désert de la Zone Interdite font penser à un post-nuke italien avant l’heure.

Malgré ces défauts, le parcours de César (personnage toujours aussi bien servi par l’excellente interprétation de Roddy McDowall), devenu leader d’un peuple à qui il tente non sans difficultés d’inculquer ses valeurs pacifiques, demeure passionnant à suivre. À ses côtés, on retrouve entre autres Austin Stoker (Assaut) qui joue le frère du McDonald de La Conquête de la Planète des Singes, et le chanteur/acteur Paul Williams (Phantom of the Paradise) dans le rôle du lettré orang-outan Virgil. Et il y a aussi une guest-star de choix, le réalisateur et comédien John Huston grimé en Législateur !

Le légendaire metteur en scène du Faucon Maltais et de Moby Dick a souvent fait l’acteur dans les années 60/70 entre deux financements de projets et il participe ici au prologue et à l’épilogue qui se déroule en l’an 2670 (soit plus de 1300 ans avant La Planète des Singes). On découvre alors que l’histoire à laquelle le spectateur vient d’assister est transmise à la nouvelle génération par le Législateur. L’entente entre les humains (qui n’étaient pas encore devenus des esclaves retournés à l’état sauvage) et les singes semble être redevenu cordiale et le film devait à l’origine se terminer par la vision d’enfants des deux peuples jouant ensemble (ce qui était la fin prévue par les Corrington).
Mais dans la version définitive, la caméra se déplace vers la statue du premier Législateur, qui n’est autre que César, et fait un gros plan du visage d’où perle une larme…un mauvais présage, une représentation des temps difficiles à venir.

Pessimiste jusqu’au bout…

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Et pour en terminer avec l’évocation des comics N&B de Marvel Comics, voici deux pages tirées de l’adaptation de La Bataille de la Planète des Singes scénarisée par Doug Moench et dessinée par Sonny Trinidad (inédite en V.F.) :

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C’est joli quand même !

Je suis bien d’accord. Je suis très fan des revues en N&B de cette période. Pour moi, on y trouve quelques-unes des plus belles pages publiées par Marvel dans les années 70…

Florian Bertmer :

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Trop.
Et ça faisait plaisir de voir les Philippins sur autre chose que des récits de guerre ou d’horreur chez DC, souvent trop courts et traduits en petit format par chez nous !

Jim