LA BOMBE (Benoît Delépine / Stan & Vince)

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Deuxième volet de la trilogie futuriste écrite par Benoît Delépine, La Bombe continue sur la lancée de L’Imploseur : description outrée d’une société contrôlée par les grands groupes, où la classe moyenne a disparu, où les pauvres vivent dans des ghettos et où les riches occupant des villas aussi rares que luxueuses et fortifiées commercialisent le vivant sous toutes ses formes.
Comme Soleil Vert, mais en pire.

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On suit les mésaventures de Vic, une apprentie actrice qui devient victime d’un vaste cartel du divertissement dissimulant une grande entreprise de clonage. Cette fois-ci, les auteurs s’attaquent à l’industrie du cinéma, passant en revue ses formes les plus dégradantes, jusqu’au snuff movie qui semble toléré voire accepté en ces années (le premier album se déroule en 2042, le troisième en 2044, on dira que celui-ci se situe en 2043). Entièrement enregistrée et encodée, Vic sert à son insu à alimenter une usine à clones qui fournira des milliardaires en créatures de rêves dociles, et les grands studios de production en actrices interchangeables.

Sauf que la jeune fille survit. Elle échappe au crocodile dans la gueule duquel un réalisateur de snuff movies l’a jetée, et parvient à subsister dans une jungle appartenant à un grand groupe, jusqu’à être récupérée par deux chasseurs, qu’elle liquide avant de prendre contact avec sa famille. Son père se doutant de quelque chose avait déjà lancé un avocat-détective à sa recherche, ce dernier atteint d’un virus de dépigmentation (le « syndrome Jackson ») qui décolore la peau au point qu’elle devienne transparente et laisse apparaître la chair et les muscles.

L’intrigue fait le choix d’une fin non résolutive : si les deux protagonistes principaux s’en sortent et parviennent à jeter quelques bâtons dans les roues de la puissance industrielle, rien n’est dévoilé, rien n’est gagné, on n’est même pas dans une fin comparable à celle du premier, où le foutoir est tel que les « gentils » ont en quelque sorte emporté une victoire. Non, là, tout reste à faire.
Le traitement visuel de Stan & Vince est à l’aune du caractère outré du scénario : exagéré, difforme, généreux mais envahissant. Ils incorporent davantage de couches d’images, afin de représenter les écrans tactiques, les affichages tête haute et tout cet arsenal visuel signifiant le futur. C’est gore, cynique, amoral, et ça sert merveilleusement le propos.

Comme les deux autres volets de cette trilogie informelle, La Bombe figure au sommaire de l’intégrale intitulée Now Future :

Jim

Le premier tome, L’Imploseur, est évoqué ici :

Jim