LA BRIGADE CHIMÉRIQUE (Serge Lehman - Fabrice Colin / Gess)

Ma mémoire me fait défaut:c’est quoi le plasme?

« Optimum »?

Le plasme est dans le monde de la brigade et de masqué l energie qui donne du pouvoir aux super heros. L imagination en somme.

Lehman a une réflexion poussée sur le genre super héroïque et surtout sur l absence de ce genre en France.

il me semble qu apres s etre intéressé à la sf comme romancier, lehman publiera une anthologie de littérature francaise regroupant, entre autre, de nombreux texte oubliés aujourd’hui, dont les personnages principaux sont des proto super heros.

Toujours est il, que lehman s interrogera sur l abandon apres guerre de tout ce pan de la littérature française. Son hypothèse est que la guerre, la defaite et l existence des camps ont eu des incidences spécifiques sur l imaginaire des français et des européens continentaux, incidences incompatibles avec le concept même de super heros et de la puissance qui le caractérise.

La brigade chimérique est la transcription en histoire des réflexions de lehman, on peut donc y voir le golem, incarnation du plasme/imagination, quitter europe pour les eu au moment de l ouverture des camps de la mort. Bien sur le golem est une figure imaginaire de la culture juive, et par extension francaise et européenne. Son depart est une metaphore pleine de tacte et de mélancolie de la dispartion des juifs européens et de leur culture dans les camps nazis. Le golem part a new york comme beaucoup de la communauté juive qui le purent à l epoque, deux de ses representants y inventant superman.

Dans masqué, le plasme refait surface. Cette fois lehman aborde autrement la figure super héroïque. Comme concept, il la lie alors à l existence de la skyline et des mégalopoles. On y voit donc la construction d un grand paris par un super prefet inspiré par une situationniste. L imaginaire produit par le grand paris serait susceptible de créer un pont avec l imaginaire des années folles et pre première guerre mondiale, époque qui pour lehman, fut la dernière qui vit les français se sentirent grand.

Masqué finit avec non pas le retour du golem (parti inventer superman donc) mais le reveil du plasme/imagination qui peut désormais se passer de la référence à l imaginaire pre guerre mondiale pour exister et atteindre un nouvel opitimum, nom que se choisit alors le super heros de masqué.

Voilà.

Je ne sais plus si c’est lui ou quelqu’un d’autre (mais il me semble qu’il évoque aussi l’idée), mais quelqu’un avait suggéré aussi qu’une première rupture, c’est la Première Guerre mondiale, avec l’horreur des tranchées et le fait que la science, vue jusque-là comme positive, est synonyme d’horreur. Les Américains n’ayant pas vécu ce conflit sur leur sol (même s’ils étaient présents sur le front) ont donc continué d’avoir un rapport positif à la science, et par conséquent aux fictions qu’on peut en tirer.
Et je crois qu’en fait, les deux idées sont justes : il y a une double rupture en termes d’imaginaire, liée aux deux conflits mondiaux.

Jim

Merci pour vos réponses.

Xavier Fournier ?

C’est fort possible, oui.

Jim

Oui tout a fait. Je rajouterais quand même aussi une place tres differente du discours politique et religieux dans les pays anglo saxon.

Pour le dire bien trop vite, je crois qu en france, mais pas que, une bonne partie de l imaginaire «super héroïque» etait pris en charge par le discours politique. La symbolique des« valeurs» en France est en partie dissociées de l imaginaire religieux ou d un autre a inventer comme le super heroique, car il est entièrement pris en charge par le discours politique, les théories politique s, les odyssée s politiques.

En gros le discours sur l etre etait politique là ou il est aussi imagination (far west par ex) aux eu.

Si la fiction joue un grand role en france, c est celui de la littérature classique comme formation de la conscience citoyenne, soit là encore du symbolique plus ou moins séparé de l imaginaire,

Et ca date d avant les guerres mondiales. Peut-être est ce aussi un élément de la réponse a l absence des super heros en France.

En gros, si veitch a raison et que le super heros c est le surhomme, en France, le surhomme c est la révolution . La place est déjà occupée.

C’est passionnant de vous lire.

Clin d’oeil

J ecoute donc ça :

Merci a celui qui l a posté, je ne sais plus qui.

Lehman, qui est en quand même d une belle subtilité, parle donc du surhomme, c est un plaisir de l écouter. Tres humble mais precis il y détaille entre autre ce qui sépare les approches de la ligue de moore et de la brigade et notamment les raisons qui font que pour moi la brigade emporte le morceau haut la main.

A noter cette anecdote qui peut etre mis en parallèle avec ce que je soulignais d un trait de «l esprit français» où le symbolique (les mots) est séparé de l imaginaire (les images donc).

A la question de ce qui est à l origine de la brigade chimérique, lehman répond : le titre.

C etait un si bon titre qu il lui fallait, dit il, inventer l histoire qui allait avec.

Un mot donc, des mots en l occurrence sont à l origine et non une image. Souvenons nous de dixon qui lui disait que son inspiration venait d une image et qu il cherchait ensuite l histoire qui la contenait. Différence.

Ce n est pas la première fois que lehman fait référence a l effet des mots chez lui ou dans son processus de création.

Dans les notes de l édition en recueil de la brigade, tres belle edition (un seul regret, il n est pas assez grand), lehman explique ce qui l a conduit aux armoiries de severac et qui font echos aux membres de la brigade d une façon inattendue mais très heureuse. Le nom encore. Je vous laisse le découvrir à partir de l episode 4 :

IMG_20210308_110144 IMG_20210308_110704

Comme bien des artistes lehman, il le fait dans ces notes à un autre moment, professe son gout pour jung, mais c est pourtant freud ou lacan qu il devrait citer. Jung theorisait la force des images dans un inconscient collectif, c est a dire des images qui auraient un sens spécifique pour tout le monde. Un peu comme la spiral dans masqué qui est à l origine des transformation d optimun. Mais c est freud et après lacan qui soulignerent le role des signifiants, des mots, dans l inconscient individuel. Des mots hors sens, sans sens, auxquels l inconscient cherchent à donner un sens de façon singulière : comme pour la brigade chimérique, comme pour les armoiries de severac.

Couv alléchante.

Jim

De rien.

Jim

Thank you jim then

Bon ben, à vous lire, je vais devoir plonger dans la Brigade chimérique… Vous donnez sacrément envie.
C’était déjà un conseil de ma libraire cela dit.

Par contre je ne saisis pas bien ce passage :

Peut-être ai-je lu trop vite, mais je n’ai pas compris en quoi le symbolique s’incarne dans les mots et non dans les images. J’étais justement pas loin de penser l’inverse.

Ah.

Et bien comme le dit lehman, les armoiries relevaient du rebus, c est a dire que pour les lire, il fallait passer par le mot rattaché à l image et non par son sens.

Ici il part de le brun severac et heureuse surprise (donc oui la ca s incarne si tu veux) il retrouve les personnages de la brigade.

Ce n est pas du tout de l ordre d une approche junguienne ou l image aurait un sens : par ex l ours renverait a la sauvagerie. Non ici l image compte comme son, signifiant, qu importe le sens qu on associe a l.image et ça c est une approche freudienne, freud faisant des jeux de signifiants la structure des symptômes.

Voilà.

Donc cela se rapportait à un cas précis, ce que je n’avais pas compris. Au temps pour moi.
Merci pour l’explication !

Oui. Celui qu on peut lire dans les notes que j ai posté.

Ah mais ça fait chier, ça !

Tres bien ces notes, moins nombreuses que pour from hell par exemple mais aussi intéressantes

Bah ouais et pas dans la première édition (ou alors, je ne m’en souviens pas). Sérieux, comment veux-tu vouloir soutenir avec ce genre d’initiative