Bon, alors c’est nettement mieux que le premier.
« Pas difficile », vous allez dire, et vous aurez raison.
Découpage et montage efficace (parfois un peu trop sec, mais bon…), personnages intéressants, acteurs apparemment concernés (un peu plus qu’avec le ramassis de clichés du premier volet), un rythme soutenu, une surenchère implacable, et une construction un poil inhabituelle, en trois actes qui partent dans des directions différentes, tout cela fait un gros spectacle qui n’est pas chiche de son matos. Ça envoie du bois, c’est généreux.
Restent quand même quelques grosses ficelles (le coup de la marraine…), et quelques raccourcis un peu rapides (alors que personne ne comprend rien et que tous les réseaux sont coupés, soudain toutes les informations tombent, les téléphones fonctionnent à nouveau et, ô miracle, les drones de surveillance sont toujours en état de marche. M’ouais m’ouais.
Question image, c’est plutôt solide. Des plans séquences très bien ficelés (l’entrée dans le PC de surveillance, le combat dans la rue, qui évoquera peut-être une pratique similaire dans Cloverfield…), des jeux intéressants sur les images « rapportées » (écrans de surveillance, vision infra-rouge, voire de courts plans en mode subjectif, tendance shoot 'em up). Le scénario propose deux variations de l’assaut, sur le mode « home invasion », et le cinéaste en tire un chouette profit, inversant les valeurs. Et c’est un peu le sous-texte du film, à savoir que la guerre, c’est bien pratique tant qu’elle s’effectue à distance (importance des manettes dans plusieurs scènes), mais si elle se rapproche, elle transforme « nos » villes en équivalent du Moyen-Orient. Et là, le discours est intéressant.
J’ai lu que le réalisateur, dont je ne connais pas les précédents travaux, est né à Téhéran en 1975. Il a peut-être un truc à dire, une tonalité à rendre moins manichéenne. Et ça se sent un peu dans le traitement des méchants. Là où les précédents étaient des brutes basses du front, ici, même s’ils demeurent des crapules, ils ont de « vraies » raisons d’agir, des raisons inexcusables mais humaines. Et ils trouvent même une certaine dignité. La mort de Kamran, par exemple, est une très belle scène qui grandit encore plus le méchant.
Si le film ne fait pas l’économie d’un manichéisme évident (les gentils gouvernements occidentaux contre les méchants trafiquants d’armes), il y a la volonté de mettre en scène des gens qui ont souffert, dans leur cœur et dans leur chair, manière implicite de dire que l’ennemi a parfois de vraies raisons d’être ce qu’il est. Il y a quelque chose de la première saison de 24, là-dedans, où une vengeance personnelle prend des dimensions internationales. C’est nettement plus intéressant que le précédent film.
Et le film utilise également la ficelle, désormais classique depuis 24, de la trahison intérieure (c’était l’une des forces de White House Down sur La Chute de la Maison-Blanche, en 2013), ce qui finit de repointer la responsabilité vers l’Occident. C’est aussi l’occasion de voir Charlotte Riley dans un moment fort, scène percutante.
Dernier point fort, le film a davantage d’humour que le précédent. Bon, c’est pas Die Hard, et de toute façon Mike Banning est plus proche de Jack Bauer que de John McClane (hélas, serais-je tenté de dire), et on est encore loin du compte, mais ça fait du bien d’avoir quelques moments de décompression, sans lesquels ça aurait rendu le film aussi imbuvable que le précédent.
Sans renouveler le genre (si ce n’est dans l’ampleur des menaces), c’est divertissant et pas trop obtus question échiquier politique. Ça reste ras des pâquerettes, mais c’est pas aussi con que l’autre. Et c’est plein les mirettes.
Jim