[size=150]La fin du manga en France[/size]
Cette semaine, Livres Hebdo a publié un article alarmant sur la chute du manga. C’est au tour du site Actu kids de parler de cette chute inquiétante du manga. Jusqu’en 2008, ce sont les mangas qui tiraient la croissance de la bande dessinée vers le haut. Selon l’Institut GFK, le marché de la bande dessinée est en recul en volume de -0,9% en 2010 tandis que chiffre d’affaires est en progression de +3%. Le manga en revanche est en retrait pour la seconde année consécutive et affiche des résultats en berne : -0,5% en 2009 et -5,3% en 2010 !
Le plus problématique réside dans le fait quele chiffre d’affaires du manga n’est fait que sur vingt séries représentant 48% des volumes vendus en 2010.
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98% des mangas vendus en 2010 ainsi que les trois meilleures ventes de l’année sont rattachés à une série qui compte déja un certain nombre de volumes. Ainsi, globalement sur le marché de la BD, les séries les plus vendues l’an passé sont Naruto (Kana), One Piece (Glénat), Les Simpson (Jungle) et Les aventures de Tintin (Casterman). Niveau baisse des ventes, ce sont les ventes de shônen et de seinen qui ont été les plus touchées l’année dernière.
L’augmentation des prix généralisée chez tous les éditeurs de mangas sert en fait à endiguer cette chute, que beaucoup de détracteurs attendaient depuis longtemps. Car quand un segment chute, les éditeurs ont trois possibilités :
- Augmenter le nombre de titres : ce qui à été fait en 2009-2010 par les éditeurs
En multipliant les titres sortant chaque mois, on augmente le chiffre d’affaires. Du coup, avec ces nouvelles séries, on compense la perte des autres et on maintient un niveau identique. Mais au final, 20 titres font malgré tout 50% du marché et le reste se répartit sur plus de 1000 titres. - Augmenter les prix : ce que les éditeurs vont faire en 2011
Cela permet de baisser les seuils de rentabilité et donc de conserver certains titres en palliant les baisses de ventes. Autrement dit, une série vendu en moins grand nombre mais plus chère à l’unité rapporte autant qu’avant, du coup on n’est pas obligé de l’arrêter. Cela fonctionne tant que le lecteur ne s’insurge pas. En effet, s’il a l’impression d’être pris pour une vache à lait (et c’est généralement le cas), le lecteur préfère cesser d’acheter sa série plutôt que d’accepter l’augmentation (partant du principe que tout le monde pense que fabriquer une livre ne coûte rien et que l’éditeur empoche un max). Pourtant, cette étape est primordiale puisqu’elle rassure les acteurs économiques du marché, en particulier les banques - principaux appuis des éditeurs. - Mettre fin aux séries qui ne se vendent pas
Première façon de désengorger le marcher, l’arrêt pur et simple d’une série. Dans le manga, ces cas sont très rares en France, et c’est tant mieux. Les éditeurs espacent volontiers les volumes les uns les autres (Onmyoji, Jin, Dorehedoro…) mais rechignent à abandonner une série, au risque de déplaire au public et à l’ayant-droit japonais. - Baisser le nombre de sorties par mois
Désengorger un marché pourrait passer pour une bonne idée mais en général, c’est le pire des cas car cela envoie de mauvais signaux aux acteurs économiques. Ce geste est perçu comme un abandon du secteur par l’éditeur. Car une baisse du nombre de sorties par mois induit une baisse de chiffre d’affaires et aucun éditeur n’y consent volontairement. Si en 2012, vous constatez une baisse générale des sorties chez tous les éditeurs, il y a une chance pour que le marché du manga se dirige alors vers une mort assez rapide.
Conclusion : Ne dramatisons pas car la même chose c’était déjà produite dans les année 80 avec le comics et la BD adulte ; et avant cela pour les Fumetti (BD Italiennes) à la fin des années 70. La France a de tout temps accueilli des BD étrangères avec un boum économique au début avant une restructuration du secteur passant par une crise. Le tout est en fait de savoir si les éditeurs sauront la gérer intelligemment où s’ils échoueront - au risque de voir le marché du manga se replier pour ne toucher à nouveau qu’une infime partie de la population. Et ils auront fort à faire vu que certains comptent bien aider le manga à chuter, persuadés qu’ils sont que cela boostera d’autant les ventes de BD !
Source : mangavore