Le récit de complément (Les Pirates du Silence fait 46 planches, l’album est complété par une autre enquête du tandem, plus courte), confirme tout cela : cette fois, Fantasio doit essayer pendant trois jours un modèle révolutionnaire de voiture. Le récit s’ouvre sur une image montrant l’immeuble où est installé le concessionnaire, et tout respire la modernité, ces magnifiques designs des années 1950. Le dessinateur déploie sa passion pour les belles voitures. L’intrigue tournera autour d’une vaste escroquerie à l’assurance, avec en filigrane l’appétence du public pour le neuf, le clinquant, le technologique.
Signalons au passage que c’est le dessinateur Will (autre auteur attaché à Tif & Tondu, mais aussi à Isabelle, entre autres choses) qui signe les décors. Il sait jouer sur les contrastes, notamment quand il fait circuler les voitures dans des quartiers plus modestes, aux rues pavées et aux palissades barrant des terrains vagues (ah, la France de l’après-guerre). Son style est reconnaissable dans les affiches de cinéma ou de publicité qui habillent les décors, et où apparaissent de jolies femmes aux grands yeux noirs.