LA SENSATIONNELLE SHE-HULK (John Byrne)

J’ai grandi avec ces traductions. Et ensuite, j’ai pratiqué le métier. Et j’ai donc été amené à regarder de près comment ça se passe, de quelle manière les impératifs techniques ont influencé la méthode, et comment leur évolution a pu changer l’approche. Sans compter la consolidation d’une certaine « culture geek » qui dans un premier temps a sans doute profité aux personnages et aux parutions, mais qu’il faut savoir dominer.

Jim

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Tiens ? Tu entends quoi par là ?

En gros, je dirais qu’il y a vingt trente ans, tu as eu une génération de fans éclairés qui sont passés du côté éditeur. Genre, Jean Wacquet chez le Téméraire ou Jean-Paul Jennequin chez Bethy ou ailleurs, dans la première moitié des années 1990, ou Thierry Mornet, moi et quelques autres à la fin de la même décennie. Bref, des gens qui connaissent bien le matériau source, mais qui connaissent aussi la communauté des lecteurs. Et donc, une première génération qui tente de mettre un environnement éditorial, de faire la jonction entre la source et la cible.
Et puis ça marche, et ça participe à créer une nouvelle couche générationnelle de lecteur qui ont accès, contrairement à la génération précédente, à la fois au produit final (la VF) et au matériau (la VO). Et il se produit un peu ce qui se produit dans le monde des mangas, c’est-à-dire qu’on a l’émergence d’une génération un peu « puriste », qui cherche à refaire les choses, à balayer le passé, à s’approcher au plus près du matériau d’origine. Pour reprendre une distinction d’ordinaire associée au métier de la traduction, une génération qui se montre plus « sourcière » que « cibliste », en quelque sorte.
L’un des aspects de ça, c’est la traduction des noms de personnages secondaires. Genre, par exemple, Blockbuster, qui est resté tel quel alors qu’un « Rouleau-Compresseur » aurait pu fonctionner. Y a d’autres aspects à ça, bien sûr, et la non-traduction des noms peut avoir d’autres origines (par exemple le fait que ce sont des licences et qu’il y a la pression des adaptations audiovisuelles), mais c’est une orientation qui se manifeste souvent à travers une génération.
Et je crois qu’il y a un équilibre à trouver.

Jim

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D’accord. C’est que je supputais à te lire. Un aspect puriste mais qui est aussi assez peu au fait du travail même de traduction (le métier mais aussi de la façon faire de chaque artisan) d’où des critiques sur la traduction parfois/souvent à côté de la plaque (parce que, à mon sens, victime inconsciente d’un certain snobisme envers la langue française…ou d’une colonisation culturelle comme tu peux l’écrire)

Au final c’est de gens qui ont bénéficié du travail des anciens mais qui saute par dessus celui-ci aujourd’hui au risque de louper l’importance de ce travail pour toucher un vaste public.

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Je me souviens d’un échange à ce sujet que j’avais eu avec un traducteur lors d’une interview (en face à face). J’avais retranscrit notre sympathique désaccord dans l’interview (avec son accord) et les lecteurs avaient dit que je n’avais pas lâché l’affaire.

On veut des pourpoint jaunes !

Eh eh eh …

À defaut de veste

C’est un métier c’est clair, et comme tout métier, certains sont meilleurs que d’autres. En ce moment, je relis les nouvelles traductions de Steinbeck, et, il y a cette petite musique de fond qui donne de l’homogénéité au tout. Lisez juste l’introduction de la traductrice qui met les mots sur son métier d’une bien meilleure façon que moi. On peut facilement mettre son propos pour les comics

J etais pas remonté aussi loin… La variant exclusive panini

Ah, quand même.

couverture qui a un peu inspirée Pichelli pour la commission qu’elle m’avait faite il y’a 10 ans.