[size=85]Couverture : Aurélien Police[/size]
Outre l’intérêt que suscite le roman en tant que ce qu’il raconte m’intéresse, et de son approche d’un motif déjà pas mal utilisé (la découverte d’artefact et/ou d’ extraterrestre à un moment décisif de l’Histoire du XXe siècle occidental) mais d’une manière pour l’instant originale ; il est aussi intéressant dans la mesure où il met en scène un personnage, le héros disons (l’officier SS Friedrich Saxhäuser) qui est un personnage clef du IIIe Reich, et quelqu’un dont on comprend en lisant entre les lignes qui a sauvé Hitler à un moment où (forcément) l’Histoire aurait pu basculer.
Par quels procédés l’auteur Stéphane Przybylski, réussit-il a en faire un personnage auquel on s’identifie ou du moins, pour lequel on éprouve de la sympathie ?
Outre l’intérêt que suscite le roman en tant que ce qu’il raconte m’intéresse, et de son approche d’un motif déjà pas mal utilisé (la découverte d’artefact et/ou d’ extraterrestre à un moment décisif de l’Histoire du XXe siècle occidental) mais d’une manière pour l’instant originale ; il est aussi intéressant dans la mesure où il met en scène un personnage, le héros disons (l’officier SS Friedrich Saxhäuser) qui est un personnage clef du IIIe Reich, et quelqu’un dont on comprend en lisant entre les lignes qui a sauvé Hitler à un moment où (forcément) l’Histoire aurait pu basculer…]
La couverture avait attiré mon attention. C’est intéressant comme point de départ et comme contexte, qui plus est de choisir un protagoniste qu’on imagine ambigu comme moteur du récit. J’attendrais une éventuelle sortie en poche de ce qui s’annonce comme une grande fresque (quatre tomes de prévu donc) mais ça fait envie.
[quote=« Benoît »]
La couverture avait attiré mon attention. C’est intéressant comme point de départ et comme contexte, qui plus est de choisir un protagoniste qu’on imagine ambigu comme moteur du récit. J’attendrais une éventuelle sortie en poche de ce qui s’annonce comme une grande fresque (quatre tomes de prévu donc) mais ça fait envie.[/quote]
En effet les couvertures sont très réussies, Aurélien Police fait du très beau travail. J’aime beaucoup.
Pour en revenir au roman proprement dit, je viens de finir le premier tome, et il m’a suffisamment plu pour que j’enchaîne directement sur la suite : Le Marteau de Thor).
… **[size=150]M[/size]**élange subtile de science-fiction via la théorie dite des « Anciens astronautes », roman historique par la force des choses, roman d’espionnage et d’aventure LE CHÂTEAU DES MILLIONS D’ANNÉES, est le premier volume d’une tétralogie intitulée La Tétralogie des origines.
La référence wagnérienne n’est certainement pas fortuite, d’autant que si on file la métaphore, le personnage principal de ce roman s’appelle Saxhäuser ; une référence assez limpide (?) à l’opéra de Richard Wagner intitulé Tannhäuser et le tournoi des chanteurs à la Wartburg (1845).
À partir de là, il n’est pas interdit de se demander si l’auteur n’a pas doté son personnage, ce tissu de mots strictement déterminé, d’un nom programmatique ?
Si on veut bien adhérer à la théorie qui veut que les figures romanesques rappellent plus ou moins implicitement d’autres figures issues d’autres textes, ce que j’ai appelé par ailleurs des fantômes sémiotiques, l’ombre portée du destin de Friedrich Saxhäuser se découpe peut-être déjà sous l’éclat symbolique du Soleil Noir de la tétralogie de Stéphane Przybylski, une perspective qu’il est plus fascinant de découvrir par soi-même cela dit.
Pour l’heure en tout cas, l’un des aspects qui m’a le plus fasciné dans ce roman, c’est d’avoir réussi à faire d’un officier SS non seulement le personnage principal de son ouvrage mais aussi est surtout, le héros de son roman.
… **[size=150]S[/size]**elon Yuval Noah Harari (SAPIENS, UNE BRÈVE HISTOIRE DE L’HUMANITÉ) si la domestication du feu a ouvert le premier gouffre significatif entre l’Homme et les autres animaux ; le facteur déterminant qui nous a propulsé des marges au centre si je puis dire, c’est la fiction : "la caractéristique véritablement unique de notre langage, c’est la capacité de transmettre des informations non pas sur des hommes et des lions, mais sur des choses qui n’existent pas …] c’est la fiction qui nous a permis d’imaginer des choses, …] ". size=85[/size]
Et au cœur de cet imaginaire il y a le héros, un personnage qui se détache du commun des personnages grâce à plusieurs traits de caractère.
En effet il est caractérisé en cela qu’il participe à l’histoire sur un mode polémique (polémos) et que l’histoire à laquelle il participe raconte, de manière explicite ou implicite une métamorphose : la sienne.
En effet, pour devenir un héros, un personnage à besoin d’une dimension disons, gnostique (Cf. Joseph Campell).
S’il est encore trop tôt pour dire si Friedrich Saxhäuser voyage en compagnie du « monomythe », certains indices le laisse penser.
Toutefois c’est un autre aspect du héros qui a attiré mon attention en lisant le roman de Stéphane Przybylski.
Le terme « héros » tel que je l’utilise ici, renvoie bien évidemment au personnage le plus important du texte.
Mais le héros est aussi un personnage auquel on s’identifie ou du moins pour lequel on éprouve beaucoup de sympathie, voire de l’empathie, et qui conjugue certains qualités que les autres personnages n’ont pas : l’élégance de ne pas avoir « le sens de la conservation de soi-même », et surtout de focaliser l’attention du lecteur et d’avoir un rôle clé dans l’histoire.
Cela dit ce qui m’intéresse avec le cas de Friedrich Saxhäuser, c’est de comprendre ce qui fait d’un personnage parmi d’autres, un héros de roman et surtout ici comment un officier SS y arrive-t-il ?
De quoi dépend ce véritable « tour de force » ?
Des caractéristiques morales, psychologiques voire physiques que lui prête l’auteur ?
Des conduites et des discours que ce personnage tient au cours du récit ?
Ou bien cela passe-t-il par l’utilisation de « techniques », de « procédés », c’est-à-dire d’une « mécanique » littéraire ?
Autrement dit : le héros, effet de texte ou de contexte ?
Il ne fait aucun doute (en tout cas pour moi), que la lecture est une activité codée par le texte.
Le lecteur perd peu ou prou de son libre-arbitre, et la manière dont il voit les personnages passe obligatoirement par le narrateur (qui n’est pas l’auteur entendons-nous bien).
D’une certaine manière, le narrateur tend aux lecteurs une paire de lunette dont il a lui-même poli les verres.
Mais comment cela se passe-t-il ?
Premier point, je dirais que le partage du savoir créé de la « complicité ».
Il me semble que le lecteur se met « automatiquement » ou assez facilement à la place du personnage qui a le même savoir que lui.
Second point dont la synergie avec le premier point est indubitable, le degré d’intimité que le lecteur partage avec les personnages influence le degré de sympathie qu’il leur témoigne.
Et sur ce plan là le roman en tant que média est un véritable sésame. Il offre assez facilement et de la manière la plus naturelle qui soit d’entrer dans la vie intérieure des protagonistes.
Et il ne fait pas de doute que celui sur lequel le narrateur se focalise le plus obtient une meilleur identification que les seconds rôles ou les nombreux figurants qui peuvent peupler un roman.
Une identification d’autant plus renforcée grâce à l’utilisation de certains thèmes, dont l’un des plus porteur est sans nul doute celui du désir, et plus particulièrement celui du « désir contrarié ». (Ce thème est d’ailleurs utilisé sans vergogne par toute une ribambelle de manipulateurs qui exercent sur notre plan de réalité, et dont le moindre n’était pas justement un certain « Führer ».)
Ces deux points apparaissent clairement à la lecture du roman et le personnages qui focalise l’attention du narrateur tout autant.
Toutefois l’idéologie de Friedrich Saxhäuser peut-elle être un frein à ce qu’il soit reconnu pour le héros de l’histoire ?
Ainsi être un officier SS, et personne ne peut ignorer ce que cette idéologie a fait à l’humanité, peut-il l’empêcher d’être appréhendé en tant que héros ?
Vincent Jouve professeur de littérature, avance deux éléments en défaveur de l’argument idéologique : la faculté critique dit-il est émoussée par l’éloignement temporel. Ce qui fait un point en faveur de notre personnage.
Et deuxièmement, le lecteur mettrait entre parenthèse sa faculté critique en vertu d’une sorte de pacte globale de lecture (Cf. Coleridge) ce qui permet tout autant de « croire » que des extraterrestres vivent sur **Terre ** que d’émousser l’aversion que l’on pourrait avoir envers ce type de personnage .
Quand j’ai commencé de lire ce premier tome de La Tétralogie des origines, bien évidemment je ne savais pas à quoi m’attendre.
C’est en lisant que je me suis rendu compte que malgré l’appartenance à la SS de Saxhäuser et à son implication comme élément indispensable à l’ascension d’Hitler (à découvrir en lisant le roman) je prenais fait et cause pour cet agent alors même qu’il s’opposait aux Alliés et favorisait les plans de ses maîtres en toute connaissance de cause.
Mes convictions auraient dû m’empêcher d’être de son côté.
Autre paradoxe, au fil de ma lecture, alors que les différents éléments que j’ai mis en avant ici m’apparaissaient et que je comprenais le sentiment que j’éprouvais pour Saxhäuser ; alors pour ainsi dire que je voyais la « mécanique littéraire » à l’oeuvre contre toutes attentes, mon plaisir s’accroissait et mon immersion dans l’histoire qui m’était racontée, s’approfondissait. Une sorte de satori en somme.
Il faut dire que la structure du roman est un véritable piège, ce qui n’est pas le dernier des paradoxes pour un ouvrage qui en compte décidément beaucoup, et qui procure un tel sentiment d’évasion.
Ainsi l’auteur joue-t-il avec la chronologie et n’hésite pas à bousculer le calendrier des événements.
Une manière efficace et de mon point de vue fort élégante, de captiver le lecteur en le faisant participer à ce qu’il lit.
Une sorte de lecture interactive.
… **[size=150]B[/size]**ref, vous l’avez compris j’ai beaucoup aimé ce roman qui par ailleurs propose un glossaire, un calendrier des événements, des cartes et des plans, sans oublier une belle bibliographie.
De quoi satisfaire le plus pointilleux des lecteurs et peut-être une manière de se faire une place entre la trilogie de l’Anneau et le Club des cinq.
Le deuxième tome s’intitule LE MARTHEAU DE THOR, il est déjà disponible, et je l’ai d’ores et déjà attaqué.
À suivre … -_ô]
Bravo. Un excellent billet, comme à l’accoutumée, qui propose des pistes de réflexions passionnantes tout en donnant envie de se plonger dans cet univers sans en déflorer l’intrigue.
Bravo. Un excellent billet, comme à l’accoutumée, qui propose des pistes de réflexions passionnantes tout en donnant envie de se plonger dans cet univers sans en déflorer l’intrigue.
Merci beaucoup Benoît, tu as en outre tout à fait compris ma démarche : passion, mystère, érudition ; une démarche à laquelle dans un accès de vanité j’ajouterai que j’aimerais être le Steve Gerber de la critique ou, la pop culture considérée comme une course de côte.
Pour fêter la sortie du troisième tome, Club Uranium, Le Bélial’ propose une offre découverte du premier tome de la saga Les origines en version numérique au prix d’1€. Offre valable jusqu’au dimanche 26 juin.
Stéphane Przybylski sera en dédicace à la librairie La Dimension Fantastique le samedi 2 juillet à partir de 17 heures.
Avec Nikolavitch en vedette américaine.
T1, que j’ai démarré, dispo en poche chez pocket depuis cette semaine
boudiou que je suis à la bourre
Excellent 1er acte d’une tétralogie ambitieuse qui mêle à parts égales SF,roman historique et peut-être même uchronie (à vérifier dans la suite).
C’est un roman extrêmement foisonnant et assez exigeant de part sa construction avec beaucoup de chapitres faisant des allers-retours dans le temps et parfois pour seulement quelques jours. ça peut donner une impression de flou par moment. Mais une fois passé la partie 2 un éclairage est donné sur certaines ellipses et là le récit décolle véritablement.
Riche,passionnant,intrigant 1er tome plus que prometteur.