LA THÉORIE DU CHAOS (Pierre Schelle)

Vous connaissez tous la théorie du chaos. C’est elle qui postule que le battement d’ailes d’un papillon en Chine peut provoquer un ouragan sur la côte américaine, par le truchement d’un système complexe dans lequel toutes les parties influencent toutes les autres. C’est lié aux fractales et aux modèles mathématiques qui modélisent des structures où la plus petite partie est formée de la même manière que la plus grande (l’exemple qu’on donne toujours, c’est celui de la fougère), et que les phénomènes se reproduisent de la même manière peu importe l’échelle.

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D’un point de vue dramaturgique, ou narratif, c’est propice à des structures de causes et conséquences qui permettent de créer des situations qui dégénèrent (de nombreux films muets utilisent ce ressort, partant d’une situation anodine dont les conséquences, visuelles et dramatiques, vont crescendo). L’un des exemples fameux est Big Numbers, la célèbre « symphonie inachevée » d’Alan Moore. Mais La Théorie du Chaos de Pierre Schelle prend appui sur le même concept.

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Reprenant l’image du papillon et de la tempête, ce petit album en noir et blanc propose des planches très travaillées, notamment les scènes de déluge qui recourent à des traits noirs sur fond blanc et blancs sur fond noir afin de restituer les trombes d’eau qui tombent sur les personnages (dont un rat affamé). Le récit est peu bavard, laissant la place à l’action, et l’ensemble est un exercice narratif tout à fait réjouissant.

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Graphiste de formation (et également coloriste, il me semble), Pierre Schelle a longtemps travaillé pour les éditions Semic, s’occupant des maquettes de couvertures des magazines. Il prouve ici qu’il sait raconter une histoire, d’autant que les exigences de l’exercice sont, ici, assez nombreuses.

Jim