Tiens pourquoi pas. J’avais commencé lire Ténébreuse il y a 30 balais mais j’ai laissé de coté après deux volumes. Je crois que j’ai commis l’erreur de lire dans l’ordre chronologique de l’histoire et non de parution
(remarque j’étais pas aidé par les éditions à l’époque).
J’aime bien la collection « dyschroniques » du Passager clandestin, des petits bouquins proposant des rééditions de textes de science-fiction dont la pertinence fait écho à la société d’aujourd’hui, rendant les interrogations des auteurs plus d’actualité que jamais.
Bon, cette Vague montante, je l’avais depuis quelque temps dans ma bibliothèque, mais le bouquin a été un peu oublié. Je l’ai ressorti récemment. 135 pages, ça se lit vite.
Le principe est simple : un équipage revient, après un très long voyage dans l’espace, et découvre que la société s’est « effondrée » entre-temps.
Sauf que ce n’est pas un effondrement dramatique, et s’il a été violent, la société dans laquelle ils déboulent est paisible, composée de villages dont les habitants ont conscience de ce à quoi ils ont renoncé.
L’essentiel du récit est consacré à la lente réadaptation des astronautes, et à des discussions parfois houleuses entre l’un d’eux, vigoureux tenant de la science et de la technologie, qui voit dans ces villages une régression, et un notable local, adepte d’une libération des vies et des destins et qui utilise le terme « barbares » pour désigner les citoyens de l’ancien temps.
Un ancien temps qu’il décrit et qu’on connaît : celui de la consommation, des usines, de la création de besoin inutile. Ce monde, c’est le nôtre, et c’est là que le texte, qui date de 1955, trouve sa pertinence, en faisant écho à ce que l’on appelle aujourd’hui la « décroissance ». Mais une décroissance contrôlée, acceptée, appelée des vœux, et qui ne ferme pas la porte à un retour du « progrès ».
Ce court texte est un manifeste politique qui n’en a pas l’air, et une très belle illustration des interrogations actuelles. Les personnages posent des arguments percutants (bon, on sent où va la préférence de l’autrice) et les échanges entre eux montrent bien comment on peut séparer la folie consommatrice du confort, en renonçant à l’une sans se priver de l’autre.
L’autrice ne fait pas non plus l’économie de la critique de l’utopie : elle présente un éventail assez large de personnages ce qui permet de moduler son propos.
Vraiment, chouette découverte.