[quote=« Tyler »]
J’ai largement préféré Tomorrow when the war began, sorte de version australienne adaptée d’une série de bouquins… [/quote]
J’ai donc suivi ton avis, et je le partage entièrement.
C’est très sympa, ce petit Tomorrow when the war began (Stuart Beattie*, 2010, Australie, pour ceux que ça intéresse). Il réussit à peu près tout ce que le remake officiel a raté.
Dans le désordre : c’est un film qui joue sur les codes classiques des slashers, avec la bande de sales gosses qui partent faire une virée dans les bois, ce qui permet d’emblée de caser un décalage bienvenu ; c’est un film qui arrive à glisser beaucoup d’humour (en présentant ces apprentis résistants comme une bande de bras cassés qui apprennent sur le tas et qui ratent pas mal de leurs plans, ce qui crée de la pure comédie mais permet aussi de les humaniser) au milieu de scènes d’émotion ou d’engueulade très constructives (et là encore, ça épaissit les personnages, ça les fait exister, on pleure et on flippe avec eux) ; c’est un film qui choisit de ne pas caricaturer l’ennemi, en prenant ses distances, les soldats de la force d’invasion n’étant présenté que de très loin, comme, justement, une force d’invasion anonyme, une machine de guerre (ce qui évite toutes les polémiques débiles liées à des identifications de peuples ou de nations, au mieux se doute-t-on qu’il s’agit d’un pays asiatique).
Et sur ce dernier point, le film parvient même à tenir un petit discours de dénonciation de la guerre : le premier ennemi que l’on voit de près est une soldate blessée à mort. Une victime. Et une femme, qui plus est. C’est très bien vu, parce que cela permet à l’une des héroïnes (la narratrice) de s’identifier. Dans le même ordre d’idées, l’exécution sommaire (autre passage obligé de ce genre de pitch) est vue de loin et dissociée de tout personnage important : c’est pas un papa ou un tonton ou un voisin qu’on assassine en public, c’est un anonyme, et l’horreur ressentie n’en est que plus forte, puisque l’exécution n’est pas associée à du pathos facile et ne sert pas à mettre en valeur les protagonistes. Au contraire, ça sert de déclencheur à un engagement qui n’a rien de personnel, ça pose la « résistance » sur des valeurs autres que la simple vengeance. Du coup, ça grandit les héros.
Tout cela est plutôt bien vu. Et le filmage est solide, avec de très bonnes scènes d’action (la poursuite avec le camion-poubelle est plutôt carrée) et un montage qui refuse le côté frénétique d’aujourd’hui pour privilégier une approche très McTiernan, grosso modo. Pour faire court une première fois, ça emprunte à la fin des années 80 la qualité de montage du cinéma d’action américain, en évitant ses lourdeurs d’écriture.
Y a même une scène de sauvetage de chien qui ravira le petit Sylvain C., dont on sait tous à quel point ce genre de scènes lui tient à cœur.
Le film se termine là où l’Aube Rouge continue, à savoir que les gamins qui font du camping sont devenus des soldats. J’ai cru comprendre qu’il s’agissait d’une série de romans, et je me dis qu’il ne faudrait pas Demain, quand la guerre a commencé ait une suite : ce qui est intéressant, c’est le parcours de ces mômes, et l’incertitude quant à la scène finale (là où le remake de l’Aube Rouge se conclut sur l’attaque de la prison, dans un motif, aussi gracieux qu’un soldat de plomb, de libération et de révolution), à savoir vont-ils réussir, vont-ils survivre. Répondre à cette question par une suite serait bien dommage. Mais apparemment, une suite est en production : est-ce que les personnages vont rester aussi intéressants et l’environnement politique aussi peu manichéen ?
Donc, pour faire court une seconde fois, évitez cordialement le remake de l’Aube Rouge, et privilégiez ce Demain, quand la guerre a commencé, qui est un bon divertissement qui ne fait pas l’économie d’être intelligent.
Jim
- En cherchant un peu, je vois que Stuart Beattie est, seul ou en équipe, responsable de l’écriture de plein de trucs, du premier Pirates des Caraïbes, de Collatéral, de 30 Jours de Nuit, d’Australia… Bref, il sait faire, ceci explique peut-être cela…