Artie, il y a une erreur dans tes crédits au niveau du scénario ; ce sont ceux de « Gravity » là, je crois. Le scénario de « L’Autre Vie… » est en fait signé par Alvarez et Nathalie Saugeon. Rendons à César… 
Bon, sinon, finalement ce film a occupé fort agréablement ma soirée…
C’est une petite perle.
Attention : même je ne spoile pas grand chose, je crois qu’il est préférable de lire ce post après avoir vu le film.
Je ne reviens pas sur l’effet produit par l’intrigue policière mâtinée de SF, Artie explique très bien ça dans son blog. Et j’abonde dans son sens quant au renvoi à « La Jetée » de Chris Marker, une référence me semble-t-il pleinement assumée par Alvarez, qui signe en quelque sort une variation « lumineuse » sur « Vertigo » ou « La Jetée », donc.
Dans ces deux exemples, le héros est en quelque sorte confronté au « roc du fait établi », comme disait l’ami Nietzsche. Ici l’issue diffère.
Alvarez, parlons-en. Même si le monsieur n’en est pas à son premier travail, la maîtrise du format long dont il fait preuve dès son premier film est stupéfiante. C’est un sacré story-steller. A ce titre, l’exposition est exemplaire. Malgré les apparence de film lent et posé de son métrage, Alvarez y fait preuve d’une virtuosité dans les « effets de vitesse » (la narration trace, c’est très puissant), sans reposer sur des moyens cosmétiques comme des mouvements de caméra frénétiques ou un découpage hystériquement cut. Certains raccords sont trouants d’efficacité : lors du début de la love-story entre les deux héros, les ellipses sont calibrées à la perfection (« comment puis-je vous remercier ? » et hop, le plan suivant on en est déjà au dessert au restau…).
Il faut saluer les interprètes Jean-Hugues Anglade (excellent et sobre, taciturne sans excès, étonné de ses péripéties juste ce qu’il faut) et Mélanie Thierry (très juste en plus d’être belle à crever), et aussi les auteurs pour quelques scènes remuantes sur le plan émotionnel (j’ai été proprement bouleversé par la visite d’Anglade à sa mère…).
Cerise sur le gâteau, en plus d’être d’un classicisme (une qualité à laquelle je suis très sensible) et d’une concision témoignant d’un goût très sûr, la mise en scène produit deux ou trois moments magiques, comme la mini-séquence des deux longs ponts parallèles comme représentant deux lignes temporelles alternatives (excellente idée), et la stressante -dans le bon sens- séquence de la poursuite en vélo / rollers, qui fait basculer le film en plus de reposer sur un ressort purement cinématographique (la route bifurque et Anglade ne peut pas voir au-delà de ce coude, comme à partir de ce moment il ne connaît plus l’avenir immédiat car il l’a modifié : géniale idée aussi).
Franchement merci pour cette découverte, un superbe premier long-métrage et potentiellement un formidable cinéaste en devenir à suivre assurément de près…
Tant mieux, je désespère du niveau moyen du cinéma français actuel.