LE CONGRÈS (Ari Folman)

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

3 juillet 2013

REALISATEUR & SCENARISTE

Ari Folman (Valse avec Bachir), d’après Le Congrès de Futurologie de Stanislas Lem

DISTRIBUTION

Robin Wright, Kodi Smit-McPhee, Danny Huston, Harvey Keitel, Frances Fisher, Paul Giamatti…

INFOS

Long métrage américain
Genre : science-fiction
Titre original : The Congress
Année de production : 2013

SYNOPSIS

L’actrice Robin Wright se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…[/quote]

La bande-annonce :

L’histoire du Congrès, c’est un peu le cauchemar des acteurs…un monde où les comédiens vieillissants et « passés de mode » seraient remplacés par des doublures numériques parfaites, des outils au services de studios qui n’auraient ainsi plus à gérer les caprices de stars.

Le Congrès s’ouvre sur le beau visage triste d’une Robin Wright à qui son agent annonce la fin de sa carrière…à moins d’accepter la proposition du studio Miramount d’être scannée. Dans une étonnante mise en abyme, Robin Wright incarne une Robin Wright de fiction, dont certains aspects rappellent étrangement la Robin réelle (notamment dans l’évocation de sa carrière et sa traversée du désert…et franchement qui se souvient de films comme Virgin, La Maison au bout du monde, Sorry Haters ou Nine Lives ?). La charge contre les studios est parfois un peu lourde, mais elle est savoureusement représentée par un Danny Huston qui s’en donne à coeur joie en patron inculte et impitoyable.
C’est la partie la plus équilibrée du film avec le portrait émouvant d’une actrice digne, attachée à sa famille, qui culmine dans la scène du scannage où une Robin Wright extrêmement touchante donne toutes ses émotions à la machine en réagissant à la déclaration de son agent incarné par Harvey Keitel.

20 ans plus tard. Robin Wright sort de sa retraite forcée et se rend au Congrès de Futurologie (nommé d’après l’histoire de Stanilas Lem dont le film s’inspire librement) organisé par le studio devenu un puissant conglomérat. Le Congrès, présente la nouvelle invention de Miramount Nagasaki, une drogue qui permet à l’utilisateur de plonger dans un monde halluciné où chacun revêt l’apparence désirée, comme des personnages de dessin animé. Passé l’explosion criarde qui annonce l’entrée dans cette réalité fantasmée, l’oeil se fait à cette débauche de couleurs et à ce monde dans lequel l’héroïne perd progressivement pied et ne fait plus la différence entre rêve et réalité…et c’est là que le bât blesse. J’ai trouvé cette seconde partie moins réussie, avec un réalisateur qui se perd dans son propos et dans une temporalité mal maîtrisée. L’ennui commence alors à surgir et c’est bien dommage.

Au final, un film original, joliment interprété mais un peu bancal dans sa deuxième moitié.

Même si je pense avoir été un peu plus enthousiaste que toi (faut dire que j’ai vu le film en salles, et dans ces conditions il est vraiment magnifique…), je partage ton analyse dans les grandes lignes.

Le film, clairement segmenté en deux parties (grosso modo live et anime), est magnifique durant la première partie, avec un pic d’intensité émotionnelle durant le bouleversant monologue d’Harvey Keitel.
Si la mise en boîte du système dévoile la main parfois un peu lourde de Folman quant à la critique de l’industrie hollywoodienne, une seconde lecture dévoile une subtilité plus grande que prévu, avec une confrontation entre des conceptions presqu’antinomiques du cinéma et de sa fabrication (artisanant contre industrie, travail « à l’ancienne » contre déréalisation des techniques, etc…). Ari Folman constate que le métier de cinéaste évolue irrémédiablement, pour le meilleur et pour le pire…

La deuxième partie, graphiquement magnifique (dans un bel hommage aux travaux des frères Fleischer, notamment), est plus confuse. Les repères temporels et spatiaux se brouillent, certainement à dessein, mais un peu trop pour le propre bien du film dont le déroulement devient confus, c’est indéniable.

Restent quelques grandes idées de mise en scène, reposant souvent sur une épure au regard des canons actuels (plans longs et montage pas très cut) : le pompon en la matière, c’est la transition quasi magique entre « réel » et monde virtuel, en trois petits plans d’une fluidité absolue. Pas de doute, Folman est un cinéaste au sens noble du terme.

Imparfait, certes, passionant aussi, quand même.

Oui voilà, c’est ce qui m’a perdu et qui m’a rendu la fin du film plus laborieuse, alors que j’avais beaucoup aimé ce qui a précédé. Il est aisé de perdre le fil du temps et le retour à la réalité n’en est que plus abrupte.

Je ne me rappelle pas de grande confusion pendant le film et je trouve que la deuxième partie, au fort relent de Fleisher sous acide, contrebalance bien le sérieux de la première, sans perdre de son effet dramatique.

Rotoscopie contre Motion Capture.

Absolument.