Aventures/thriller
Long métrage américain
Réalisé par William Friedkin
Scénarisé par Walon Green d’après le roman de Georges Arnaud
Avec Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal…
Titre original : Sorcerer
Année de production : 1977
Plutôt que de rester dans le domaine du polar ou du fantastique, Friedkin décide de se charger d’une relecture/remake du Salaire de la peur de Clouzot et donc du livre par la même occasion, avec un budget colossal et une distribution censé au départ être constituée de McQueen, Mastroianni et Ventura (excusez du peu) remplacés ensuite par Bruno Cremer et l’excellent Roy Scheider (une des meilleures filmographie des 70’s assurément).
Le film se démarque cependant de l’original avec son histoire de survie qui vire au mystique inquiétant, véritable périple funèbre et hallucinatoire (la BO de Tangerine Dream étant un élément crucial de l’atmosphère, à l’instar du formidable final de Thief) qui véhicule une ambiance délétère, sombre, désespérée (logique avec Walon Green le scénariste de La Horde sauvage) propre à ce lieu hostile, véritable purgatoire infernal, auquel s’accordent les tourments intérieurs de ces quatre criminels maudits.
Le réalisateur opère une continuation de sa thématique du Mal indissociable de ses personnages ambigus, déterminés à accomplir leur mission, prêts à y laisser des plumes (et souvent bien plus) auquel s’ajoute la fatalité de leurs destins respectifs, prenant des risques en choisissant une voie dont ils ne connaissant pas l’issue (« where am i going ? » répète inlassablement Scheider) ce qui s’applique également aux anti-héros de French Connection, Cruising, To Live and Die in L.A. ou plus récemment ceux de Killer Joe.
Cela reste son tournage le plus éprouvant à ce jour, du moins le plus périlleux et le plus mouvementé, avec des condition de tournages proprement homériques occasionnant des dépassements de budget, des démissions à répétition et des risques démesurés impensables à l’ère actuelle.
La réalisation exemplaire atteint un pic d’intensité lors de la fameuse scène du pont, véritable morceau de bravoure, d’autant plus saisissant aujourd’hui à l’ère des effets spéciaux en pagaille.
L’accueil se révèlera finalement plus que mitigé, cet échec cuisant marquant les prémisses de la fin du Nouvel Hollywood, et l’essor d’un nouveau type de divertissement populaire/réactualisation des films à grand spectacle d’antan, à savoir l’ère du blockbuster moderne avec le premier Star Wars (sorti peu avant celui de Friedkin) et Jaws, sans oublier le très bon Rencontres du troisième type.