LE GÉANT DE LA STEPPE (Alexandre Ptouchko)

Aventures/fantastique
Long métrage soviétique
Réalisé par Alexandre Ptouchko
Scénarisé par Mikhaïl Kochnev
Avec Boris Andreïev, Andreï Abrikossov, Ninelle Mychkovka…
Titre original : Илья Муромец / Ilia Mouromets
Année de production : 1956

Ilya (également orthographié Ilia) Mouromets est un héros légendaire de la Rus’ de Kiev (principauté slave orientale du XIIIème siècle disparue suite à l’invasion mongole qui débuta en 1223) célébré dans de nombreux contes et poèmes épiques. Selon ces histoires, Ilya Mourometz est né malade et il est resté paralysé pendant plus de 30 ans jusqu’à ce que des pèlerins le soignent miraculeusement. Grâce à l’épée du chevalier Sviatogor, Ilya Mouromets a été doté d’une force herculéenne qu’il a mise au service de sa patrie, en tuant de nombreuses créatures et repoussant les attaques des hordes tatares. Si Ilya est devenu un modèle, il se dit qu’il représenterait en fait une fusion de différents héros réels et fictifs rassemblés en un seul dans les récits traditionnels.

Pour mettre en image la légende de Ilya Mouromets, il n’est pas étonnant d’avoir fait appel à Alexandre Ptouchko, spécialiste de l’animation, des effets spéciaux et du cinéma fantastique (son goût pour le merveilleux lui a d’ailleurs valu le surnom de « Walt Disney soviétique ») avec des longs métrages comme Le Nouveau Gulliver (1935), La Fleur de Pierre (1946) et surtout Le Tour du Monde de Sadko, grand succès de l’année 1953. C’est grâce au triomphe de Sadko que Le Géant de la Steppe lui a été confié, un tournage qui s’est étalé sur presque deux ans.

D’après le résumé que j’ai pu lire sur le net (car je ne connais pas du tout ces contes populaires), le scénario me semble assez fidèle à la geste médiévale. Le montage souvent elliptique rend parfois confuse la gestion du temps mais cela donne aussi au long métrage ce rythme particulier qui fait partie de son charme. Ilya Mouromets est un héros bigger than life, au rire tonitruant, un guerrier aussi généreux qu’impétueux. Boris Andreïev, acteur spécialisé dans les personnages du peuple, avait la carrure qu’il fallait pour incarner Mouromets. Son jeu est certes très théâtral (tout comme les dialogues qu’il déclame)…mais c’est également le cas d’une bonne partie de la distribution…

Le Géant de la Steppe n’échappe pas à certains aspects propagandistes mais sa dimension fantastique reste de toute beauté et ce dès la première scène, superbe tableau illustrant le destin du gigantesque chevalier Sviatogor. Alexandre Ptouchko injecte de l’humour dans le combat de Mouromets contre le Brigand Rossignol au sifflement magique, de la poésie dans la confection de la toile magique qui rappelle Blanche-Neige et les Sept Nains et de l’épique dans la grande bataille finale aux milliers de figurants (dont certains se font trucider de manière très violente pour un film tous publics), spectacle généreux qui fait également intervenir un dragon à trois têtes !

Ilya Mouromets est sorti en France trois ans après l’Union Soviétique sous le titre Le Géant de la Steppe. Aux U.S.A., le film a été distribué dans les années 60 par Roger Corman et est devenu The Sword and the Dragon. Plusieurs noms ont été changés et une voix-off a été ajoutée pour cette version qui a également eu droit à une adaptation en comic-book chez Dell Comics.

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