LE LAMA BLANC t.1-6 (Alejandro Jodorowsky / Georges Bess)

Discutez de Le Lama Blanc

Les articles sur le Tibet linkés plus haut m’ont donné envie de me repencher sur Le Lama Blanc, une série que j’avais vue arriver en 1988, année de la sortie du premier tome mais aussi période à laquelle, grâce aux Gardiens chez Zenda et au Batman chez Aedena, je m’étais remis à fréquenter assidûment les librairies (et pas seulement le rayon bouquin de la maison de la presse), me penchant à nouveau sur l’actualité franco-belge. Je gardai le souvenir d’une série bien dessinée par tissées des idées ésotérico-hallucinées de Jodorowsky. La relecture, des décennies plus tard, confirme le souvenir, mais en moins douloureux que ce à quoi j’aurais pu m’attendre.

Donc, le vieux lama meurt, sous l’œil inquiet de ses disciples désespérés. L’album est chapitré, assemblant ainsi diverses histoires séparées qui forment une trame. dans le deuxième récit, des Blancs arrivent dans la région. La femme est enceinte et parvient à convaincre les autochtones de les accueillir, à l’exception de l’un d’eux qui est chassé. Mais il reviendra, provoquant un conflit avec les Occidentaux. Au fil des chapitres, l’enfant naît (dans une case très explicite), annonçant un parcours initiatique qui fera le contenu de la série.

C’est pas mal. Rien de formidable, et les obsessions jodorowskyennes sont bien présentes : le sexe, la mort, la famille, l’héritage, la prophétie, l’hallucination. Le dessin de Georges Bess est formidable, malgré des couleurs qui arrachent un peu la rétine.

Jim

Dans le deuxième tome, on retrouve le jeune blanc aux cheveux argentés, né dans le premier volet et considéré comme le véritable lama réincarné, en lieu et place du gamin attardé et bavouillant qu’un fanatique a tenté de faire passer pour le vrai.

L’album est chapitré, lui aussi, et le premier chapitre est consacré, donc, à Gabriel, qu’on voit grandir et maîtrisé les différents arts auxquels il est initié.
L’album est hanté par la figure du yéti, que le père adoptif de Gabriel se met en tête de chasser. Mais il meurt avant d’accomplir son projet, ce qui change la donne pour l’enfant, envoyé indigent dans une lamasserie après avoir fini sa formation.

Les dialogues sont ponctués de diverses paraboles que Jodorowsky s’ingénie à brouiller avec des décalages frappants (c’est le cas de le dire à l’occasion de la dernière leçon donnée par Tzu). C’est un récit initiatique (avec tout ce que ce genre peut avoir de chiant : le voyage, l’épreuve, la découverte de soi…) ponctué de jolis effets visuels qui laissent rêver de ce qu’un Doctor Strange par Bess pourrait donner.

Jim

Et voila j’ai réservé l’intégrale sur le site de ma médiathèque , j’ai plus qu’à augmenter la taille ma PAL pour compenser >< .

Hé bin tant mieux.
Pour ma part, je ne suis pas méga-fan, mais ça m’est plus supportable que plein d’autres choses de Jodo.

Jim

Et la religion (ou, plutôt, les hommes de religion : son obsession ne porte pas tant sur les croyances elles-mêmes que sur les hommes qui les diffusent et les exploitent).

Tori.

Oui, et la « religion » sincère opposée à la « religion » officielle. Toute la dimension politique du truc.
Pour résumer, peut-être une opposition entre la foi et la religion (ou la foi et la crédulité).

Jim

Oui, voilà, plutôt ça.
La différence entre la croyance et le dogme.

Tori.

Je classerais foi et dogme du même côté, superstition croyance d un autre.

Quelle sens a une foi détachée d une eglise, d un dogme ou d une religion ?

Foi et religion fonctionnent ensembles.

Tiens, je me rends compte que j’ai les trois premiers tomes dans un recueil de la collection « Humanos Pocket », et les trois derniers en format normal.

Va comprendre. Bon, bah ça veut dire que je vais commenter toute la série au fil de l’eau.

Jim

Donc, au troisième tome, Gabriel cogne à la porte de la lamasserie. Soumis à différentes épreuves, certaines dictées et certaines involontaires, il apprend et entame son parcours.

Comme les précédents, l’album est chapitré. La présence d’animaux est également récurrente : des escargots, des chats (très beaux, Blacki va adorer), et des ânes, qui représentent les dérives de la religion et de ses représentants.

Occasion pour moi de rebondir sur une remarque énoncée plus haut :

Dans l’album, Jodorowsky fait revenir l’attardé dégoulinant présenté par certains comme la véritable réincarnation du lama. Bien entendu, les lecteurs et certains personnages savent bien que le vrai lama, ce n’est pas ce demeuré capricieux mais Gabriel. Dès lors, le scénariste sépare la foi sincère et éclairé d’un petit groupe, donc certains nous ont été présentés comme proche du précédent lama dont instruits dans les secrets, d’un groupe plus large, et plus officiel. Et d’une certaine manière, pour les auteurs, cela revient à séparer la foi individuelle, convaincue parce que attentives aux signes et aux idéaux, et la religion officielle, avec ses représentants, sa hiérarchie, son réseau (je ne sais pas s’il convient ici de parler de « clergé », mais c’est l’idée). En gros, il y a les « vrais croyants » face à la grosse machine politique, le corps constitué. En ce sens, ça me semble correspondre à ce que nous évoquions plus haut. D’un côté la foi qui est guidée par les idéaux fondamentaux, et de l’autre la religion qui impose ses dogmes et ses règles, même quand ceux-ci s’éloignent de ses fondations. En gros : l’esprit et la lettre.

Quoi qu’il en soit, l’album est plutôt bellement réalisé, avec des compositions audacieuses, des cadrages forts, une place accordée au vide. Bess en pleine forme, même si parfois les emplacements de bulles ne sont pas très heureux et perturbent le sens de la lecture.

Jim

Team lettre.

Plus facile à lire qu une bd en esprit.

Héhéhéhé

Jim

Team esprit.

En général.

Ça évite d’apprendre les règles.

Jim

Apprendre les regles pour pouvoir tricher.

Team esprit aussi…
Même si bien apprendre les règles permet d’en connaître les exceptions.

Tori.

L esprit, n est ce pas quand on ignore qu on suit le dogme ?

L esprit n est il pas à la lettre ce que l enfant roi est à l éducation ?

Team Apocalyspe.

comme là-bas, quoi !

Jim