LE POULPE t.1-21 (Pouy, Nicloux, Cochet, Dessaint, Raynal, Luraghi, Chevron, Le Tellier, Malte, Magne, Prudon, Dolbec, Meynard… / Witko, Pourquié, Garrigue, Pichelin, Pinelli, Perger, Vanoli, Henne, Fraize, Quéméré, Baladi, Tande, Bourguignon, Cestac…)

Discutez de Le Poulpe

Le Poulpe est un personnage de romans policiers, dont la série d’aventures est écrite par une succession d’auteurs. Le premier roman, La Petite écuyère a cafté, sorti en 1995, est signé Jean-Bernard Pouy. Bien entendu, c’est par ce roman que débute la série d’adaptation sous forme de bandes dessinées chez Six Pieds sous terre, en 2000 (deux versions BD étant sorties en 1997 chez La Baleine, l’éditeur originel des romans).

Ce premier tome est plutôt sympathique, mais sec et dur. Le récit, qui commence par l’apparent suicide d’un couple de jeunes amoureux, entraîne Gabriel Lecouvreur, enquêteur privé et héros de la série, sur les traces d’un fait divers qu’il soupçonne de dissimuler un assassinat. Les indices le conduisent dans une société bourgeoise obsédée par l’eugénisme et la préservation de la race, et donc prête à tout pour lutter contre les naissances métissées et les avortements.
Le dessin de Nikola Witko est sombre, tordu, angoissant. Il utilise un lettrage bizarre, basé sur une police un peu raide aux variations de corps peu justifiées.
Un premier récit peu accueillant où le héros apparaît manipulateur, égoïste, tout autant qu’opiniâtre et teigneux. Une ambiance glauque.

Jim

Nettement plus amusant, La Bande décimée envoie Gabriel Lecouvreur sur la piste d’un autre fait divers, qu’il découvre comme souvent à la faveur d’un article dans le journal, parcours obligé des romans. Le Poulpe se lance donc sur la piste de l’assassinat d’une vedette de la bande dessinée franco-belge, revenue d’un exil volontaire de plusieurs années à l’étranger.

Le récit, qui est une histoire d’usurpation d’identité, est bourré de références à la bande dessinée. C’est également écrit, par Jean-Luc Cochet qui a été, entre autres, rédacteur en chef du Journal de Mickey, dans un style audiardien qui fonctionne à merveille pour cet univers. Un régal où le dessin délié de Jeff Pourquié trouve matière à s’exprimer.

Jim

Autre adaptation, cette fois-ci illustrée par Stéphane Perger, Pour cigogne le glas envoie Gabriel Lecouvreur en Alsace après la découverte de la mort, en prison, d’un ancien ami d’enfance, braqueur invétéré. Le détective justicier décide d’en savoir plus car il ne se contente pas des conclusions officielles. Son enquête, bien sordide, le conduira à la rencontre de fascistes, d’échangistes et d’un clergé bien compromis.

Le récit condense plein de sujets, au risque de déborder, d’en faire un peu trop. Le Poulpe y est présenté comme plus énervé et moins blasé que d’ordinaire, avec un petit côté sadique sans doute justifié par le dégoût que lui inspirent les différents protagonistes. Au dessin, Perger signe des planches sombres, crépusculaires, un peu floues, qui matérialise le sentiment véhiculé par l’enquête : brumeux. On pourra reprocher au lettrage de jongler avec des blocs noirs écrits en blancs et de mélanger les textes off et les récitatifs.

Jim