LE PRIVÉ D'HOLLYWOOD t.1-3 (José-Luis Bocquet, François Rivière / Philippe Berthet)

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Tiens, amusant, je pensais avoir commencé à commenter cette très sympathique série, sans doute l’un des premiers jalons notables de la carrière de Berthet.

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Bon, vu que j’ai repris la lecture de l’intégrale, je vais sans doute le faire très vite, alors…

Jim

La série, dessinée par un Berthet encore un peu vert, connaîtra trois albums, publiés d’abord dans Spirou puis en albums entre 1985 et 1990.

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Le récit suit Hippolyte Flynn, un détective officiant à Hollywood, à savoir à la fois la ville et l’industrie cinématographique. Il travaille avec sa secrétaire Connie, à mes goûts le personnage féminin le plus agréable à regarder de la série, bien plus jolie que les actrices qu’il fréquente (sa Moneypenny à lui, en quelque sorte).

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Le premier tome, qui donne son nom à l’informelle série, Le Privé d’Hollywood, suit l’enquêteur sur les tournages de films d’épouvante, les noms des personnages donnant au récit un aspect de roman à clé assez facile à décrypter (un acteur du nom de Basil Orloff n’est par exemple pas difficile à identifier…). Les scènes sur les plateaux alternent avec les séquences de soirées mondaines où se fréquente le gratin de l’industrie.

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Le deuxième tome, Amerika, confronte le héros à l’influence pernicieuse de nazis infiltrant le monde du cinéma, dans une société sous tension. Pour les flash-backs servant à éclairer les destins des personnages vivant sous de faux noms ou de fausses identités, Berthet utilise un encrage essentiellement composé de hachures, ce qui donne une texture tout particulière à ses planches.

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Dans le troisième opus, Retour de flammes, sa secrétaire Connie occupe la couverture et le devant de la scène, au plus grand bonheur de ses admirateurs. Se faisant passer pour une écrivaine en quête d’inspiration, elle s’éloigne aussi de Los Angeles, ce qui offre une alternative aux décors californiens dignes du rêve hollywoodien.

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Le scénario, signé à quatre mains par José-Luis Bocquet et François Rivière, joue sur la structure des romans policiers à mystère, les « whodunnit » que connaissent bien les lecteurs d’Agatha Christie. Malgré le contexte américain, les verres d’alcool, les soirées chic, le bureau miteux du héros et ses relations conflictuelles avec la police, on n’est ni dans du Dashiell Hammett ni dans du James Ellroy. Ce mélange des (sous-)genres permet de donner à la série une identité toute particulière.

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Les trois albums, après leur prépublication, auront droit à une édition au sein de la collection consacrée à Berthet (jolie reconnaissance, très tôt dans sa carrière).

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Ils auront droit, des années plus tard, à une intégrale accompagnée d’un texte d’introduction resituant le contexte, l’influence d’Alain de Kuyssche alors rédacteur en chef de Spirou, ainsi que la place de la série dans la carrière des auteurs.

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L’intégrale, d’un format plus petit, est en noir & blanc. Cela permet de savourer le trait pur de Berthet, ainsi que l’évolution de son travail, même s’il faut reconnaître que les couleurs des trois albums (celles du troisième étant signées par Topaze) sont très belles.

Jim

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Le Privé d Hollywood - Intégrale / Nouvelle édition (définitive)

Hippolyte Fynn, le privé, promène son flegme aristocratique, ses intuitions géniales et son automatique dans les studios d’Hollywood. Si à l’écran on meurt pour rire, derrière le décor on tue pour de vrai… Trois passions : ciné, polar et BD. Trois auteurs : Berthet, Rivière et Bocquet. Trois titres : Le Privé d’Hollywood, Amerika et Retour de flamme. Trois fois trois invitations à pénétrer dans le monde faussement attirant, glauque, violent et pour tout dire passionnant de Hollywood.

  • ASIN : B08Q73NKF9
  • Éditeur : DUPUIS (26 mars 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 168 pages
  • ISBN-13 : 979-1034758272
  • Poids de l’article : 505 g

Né à Saintes le 23 avril 1949, François Rivière aborde la BD par des études critiques dans SCHTROUMPF, LES CAHIERS DE LA BANDE DESSINEE et acquiert son premier grade de tintinologue avec sa monographie sur L’école d’Hergé (Glénat,1976). Il se tourne ensuite vers le scénario pour Jean-Claude Floc’h (Albany, PILOTE, 1977). Ses productions dans ce domaine seront multiples, quoique limitées par une importante carrière de romancier et d’essayiste hanté par les littératures populaires anciennes. Alternant romans (depuis Fabrique, Le Seuil, 1977, jusqu’à sa série d’enquêtes du duo d’agents littéraires Monette Odot et Charles Purley à la Librairie des Champs-Elysées, sa trilogie récente Blasphème chez le même éditeur ou sa série policière pour la jeunesse axée sur Jonathan Cap chez Nathan) et biographies ( Agatha Christie au Seuil en 1981,J. M. Barrie, Enid Blyton, Frédéric Dard,etc), François Rivière mène une carrière épisodique de scénariste dilettante dont les oeuvres brillent généralement par leur qualité littéraire. Sa série la plus populaire est assurément constituée par les aventures de Victor Sackville (au Lombard, depuis 1986), écrites en collaboration avec Gabrielle Borile pour le dessinateur Francis Carin. Avec José-Louis Bocquet , il a composé trois enquêtes du Privé d’Hollywood pour Philippe Berthet, réunies en intégrale (Dupuis,1999) et faisant revivre les grandes années de la Mecque du cinéma à l’approche de la Seconde Guerre Mondiale. Il écrira également avec José-Louis Bocquet Le 38° parallèle pour Jean-François Biard (Albin Michel, 1988) et scénarise seul Révélations posthumes pour Andréas (Bédérama, 1980, réédité par Delcourt en 1991). Dans le domaine des adaptations pour la série « BDétectives » des éditions Lefrancq, il s’est tourné vers L’Abbé Brown, de Chesterton, illustré par Yves Urbain (1991), et les personnages d’Agatha Christie, transposés en images par Jean-François Miniac et Frank Leclercq. C’est avec Floc’h qu’il a pu voir se modeler en ligne claire ses thèmes les plus personnels: Blitz (1983), Underground (1996) ou les illustrations de Meurtre en miniature (1994). Une étonnante atmosphère passéiste, anglophile et nourrie de références multiples.

C’est à Neuilly-sur-Seine que naît, le 28 août 1962, le petit José-Louis, si vite passionné par la bonne BD qu’il fonde, à l’âge de treize ans, BIZU, son propre fanzine. Il établit ensuite divers recueils illustrés pour Bédérama en proposant des compilations d’auteurs tels que Franquin, Binet ou Andréas. Pour satisfaire sa passion pour la lecture, il devient employé de la librairie Temps Futurs au début des années 80 et, avec son ami et complice Jean-Luc Fromental, il participe à la réalisation des ouvrages de L’Année de la Bande Dessinée publiés par ce temple parisien de la BD et de la SF. Ses premiers articles commencent à paraître dans METAL HURLANT et il devient attaché de presse des Humanoïdes Associés en 1983, puis directeur de collection chez cet éditeur. Ses premiers scénarios sont illustrés par Serge Clerc (Les mémoires de l’espion), Arno (Anton Six et Kriegspiel), Franz (Mémoires d’un .38, en collaboration avec Fromental), Max (Panzer Panik) et Biard (Le 38° Parallèle, en collaboration avec Rivière). C’est avec la collaboration de François Rivière pour les scénarios et de Philippe Berthet au dessin qu’il commence en 1983 sa série la plus ambitieuse : Le Privé d’Hollywood. Nourrie par les polars rétro de Stuart Kaminsky et les premières oeuvres de la Série Noire, cette reconstitution d’une Amérique depuis longtemps disparue a gardé tout son charme comme en témoigne sa réédition sous forme d’intégrale en 1999. De 1989 à 1991, il scénarise pour Francis Vallés la trilogie des aventures du reporter Dorian Dombre (chez Glénat) et s’efforce de faire revivre Jerry Spring avec Franz (« Fureur Apache », chez Alpen en 1990). En 1991, il participe avec Jean-Baptiste Gilou à la création des éditions La Sirène où il publiera une monumentale monographie sur le cinéaste Henri-Georges Clouzot. Hommes aux goûts et talents multiples, il a également été rédacteur en chef ajoint de SALUT LES COPAINS et animateur sur TF 1, mais l’écriture reste son plaisir favori et l’on ne s’étonnera donc pas de trouver plusieurs de ses romans au catalogue de la Série Noire et d’autres éditeurs populaires. En 1997, il s’associe avec Marie-Ange Guillaume pour rédiger une biographie de René Goscinny chez Actes-Sud et il a fourni le scénario de Timbrés rares à Antonio Cossu et Louis Joos.

Né le 22 septembre 1956 à Thorigny-sur-Marne, Philippe Berthet s’initie à la bande dessinée à Bruxelles dès 1974, en suivant les cours d’Eddy Paape à l’Académie de Saint-Gilles et ceux de Claude Renard à l’Institut Saint-Luc.

Adoptant en 1979 le pseudonyme provisoire de Philibert pour ses premiers travaux dans Le 9e Rêve, anthologie des meilleurs travaux des membres de l’Atelier R, il collabore ensuite, avec son ami Antonio Cossu, au magazine Aïe ! puis à Spatial . Le journal Spirou l’accueille en 1981 pour Couleur café , drame colonial sur un scénario d’Antoine Andrieu, puis pour Hiver 51 et Été 60 (avec Andreas). S’ensuivent L’?il du chasseur avec Foerster, La Dame, le cygne et l’ombre avec Dominique David et surtout Le Privé d’Hollywood , sur des scénarios de Rivière et Bocquet, qui sera par la suite publié en intégrale chez Dupuis.

En 1991, Berthet illustre Sur la route de Selma , percutant « Aire Libre » écrit par le regretté Philippe Tome. Il publie deux ans plus tard Halona , sa première œuvre d’auteur complet. Parallèlement, Berthet partage avec son ami Cossu la réalisation des quatre volumes du Marchand d’idées chez Glénat, singulier mélange de deux styles différents dont la fusion forme un tout original.

En 1994, son dessin ligne claire, aux cadrages et éclairages très étudiés, se met au service de scénarios signés Yann. Le duo collabore sur Pin-up (Dargaud), évocation romancée de l’univers de Bettie Page, la reine des photos légères des années 40-50. Savoureusement rétro, la série se veut au départ un hommage à Milton Caniff et à sa BD Male Call destinée à divertir les G.I. en guerre. Pin-up , qui connaît un grand succès, dépasse toutefois ce postulat de base pour se décliner en 10 tomes, articulés en 3 cycles. Pin-up , également publiée en intégrale, se double de la série parallèle Les Exploits de Poison Ivy (Dargaud). La série est accompagnée de nombreuses expositions et illustrations, permettant de nourrir les yeux enchantés des très nombreux fans de ce qu’il faut dès lors appeler le « style Berthet ».

Chercheur perfectionniste, toujours soucieux de s’ouvrir de nouvelles voies, Berthet illustre chez Delcourt Chiens de prairie (1996), un western imaginé par son ami Foerster. Retrouvant Yann, il publie ensuite Yoni (Dupuis), un thriller d’espionnage futuriste. Il poursuit son parcours chez Dargaud avec Nico , sur un scénario de Fred Duval. Chez Dargaud toujours, Philippe Berthet signe en 2009 un XIII Mystery , Irina , qui lui permet de donner à nouveau libre cours à son stupéfiant talent dans l’art de dessiner les femmes (scénario de Corbeyran). S’ensuit le très racé diptyque Perico , où Berthet compose, en compagnie de Régis Hautière, un impeccable roman noir. Ces deux albums initient la collection « Ligne Noire », terrain de jeu privilégié de Berthet, qui y publie plusieurs autres polars aussi solides qu’esthétiques : Le Crime qui est le tien (2015, avec Zidrou), Motorcity (2017, avec Runberg) et L’Art de mourir (2018, avec Raule). En 2020, Berthet signe, toujours chez Dargaud, l’album De l’autre côté de la frontière , avec Jean-Luc Fromental.

En 2021, Philippe Berthet fait son retour aux Éditions Dupuis pour une nouvelle série exceptionnelle : une trilogie intitulée La Fortune des Winczlav , préquelle des aventures de Largo Winch, dont le fascinant passé familial restait totalement méconnu. Scénarisée par l’incontournable Jean Van Hamme, cette série permet à Berthet de conjuguer tous ses talents et centres d’intérêt, qu’il s’agisse du polar, de la reconstitution historique ou des grands espaces. Sans oublier bien sûr quelques sublimes portraits de femme… Les Éditions Dupuis ont d’ailleurs proposé aux femmes de Berthet le plus bel écrin qui soit avec Ladies , un artbook publié sous le label « Champaka ».

Identifiables entre toutes, les femmes dessinées de Philippe Berthet ont fait sa réputation et son succès. Mais elles ne seraient rien sans sa science de l’éclairage et du découpage, ni sans la méticulosité de sa documentation. C’est ainsi que Berthet a inscrit au Panthéon de la BD des albums aussi notables que Sur la route de Selma (avec Philippe Tome), Chiens de prairie (avec Foerster), Pin-up (avec Yann) ou les polars de la collection « Ligne Noire ». Mais Philippe Berthet est également l’auteur d’une série-événement, puisqu’il met dorénavant en images, sur un scénario de Jean Van Hamme, l’histoire des ancêtres de Largo Winch dans la remarquable trilogie de La Fortune des Winczlav .

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