Discutez de Le Privé
Prépubliées dans l’Écho des Savanes en 1984-1985, les aventures de Chuck Dougherty, privé de son état, ont été compilées en 2002 chez Albin Michel, des années après le décès de Jean-Michel Charlier, survenu en 1989.
Enquêtant sur un mystérieux rendez-vous nocturne, Chuck se retrouve mêlé à une histoire impliquant la fille enlevée d’un sénateur, une secte cachée à Chinatown, un trafic de drogue et une entreprise de lavage de cerveau. Avec son assistante, la jolie Vanessa, il va tenter d’infiltrer les réseaux de malfaiteurs et tirer son épingle du jeu, activité dans laquelle il est passé maître.
Sur cette trame assez classique somme toute, Charlier applique son savoir-faire, son sens des péripéties et des dialogues, sa capacité à remplir de la page également. Son tempérament de feuilletonniste se marie avec la possibilité d’aborder des sujets plus modernes (la drogue…), de construire un personnage plus cynique, et d’employer un vocabulaire plus vigoureux.
Néanmoins, on retrouve des tics un peu old school, comme la volonté de placer des notes de bas de case à la moindre expression étrangère ou argotique, ou celle de glisser des jurons anglophones dans la bouche des protagonistes. Le trait d’Al Coutelis, encore dans ses jeunes années, est plutôt agréable à regarder, malgré quelques maladresses de cadrages et quelques visages changeants. Son encrage évoque déjà Jean Giraud, mais son trait, ses composition et ses ombres renvoient à Gérald Forton. L’ensemble ne donne pas l’impression de modernité que l’on pourrait espérer dans une publication de L’Écho des savanes à cette époque, et contraste avec la couverture, réalisée des années après.
Jim
