LE ROBOT DE L'ESPACE (Kazumasa Takayama)

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Quand j’ai commencé à m’intéresser aux mangas, un peu plus loin qu’Akira ou Dragon Ball, la collection proposée par Casterman est arrivée à point. Contrairement aux propositions faites par Manga Player, qui sortait des produits en kiosques et des petits albums qui flattaient mon goût pour des productions un peu « popu » par leur côté cheap, les bouquins de Casterman avaient quelque chose de plus élégant. Ils étaient plus épais, le papier était différent, et même les choix éditoriaux, qui s’éloignaient des séries à rallonge et des « mangas de baston », semblaient vouloir distinguer la collection dans le paysage éditorial. En grand fan d’Akira, je trouvais dans leurs propositions des tas de qualités comparables : dessin soigné et réaliste, orientation fantastique accrochée au monde réel… Et contrairement à Akira, les récits étaient courts : un ou deux albums pour les premiers titres.

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C’est le cas du Robot de l’espace, un récit en un seul volume qui propose une énième variation sur le thème du premier contact avec une intelligence extraterrestre. Tout commence avec la chute d’un satellite sur un quartier de Tokyo. Après l’amorce située dans l’espace, on entre dans le vif du sujet : le quartier est évacué, mais plusieurs personnes se retrouvent dans la zone de crash, et trois d’entre elles (officiellement portées disparues selon les autorités) se retrouvent en contact avec une forme d’intelligence robotique venue de l’espace.

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Cette créature informatique évoluée, capable de calculs très rapides et donc entretenant un rapport différent au temps, place sur les trois individus (un policier, le fugitif qu’il poursuit et une résidente du quartier) des exo-squelettes qui génèrent des poches d’atmosphère susceptibles de les protéger de la friction de l’air lors de leurs déplacements à grande vitesse. Car, pour entrer en communication avec les trois Terriens, il a besoin d’accélérer leur « vitesse ». Les trois individus se retrouvent en mesure de communiquer entre eux et avec le visiteur alors que le temps semble comme suspendu autour d’eux (en réalité, il se déroule dans un extrême ralenti, ce qui vaut une myriade de cases de « temps suspendu » comme les Japonais savent le faire, ces images où des blocs de béton semblent flotter dans l’air sous l’effet d’énergies invisibles, le tout sans traits de mouvement, une imagerie aujourd’hui bien connue mais qui, pour l’œil occidental de l’époque, était encore relativement nouvelle). Bien entendu, tous trois n’ont pas la même vision du potentiel que représente ce contact avec une technologie avancée, et l’album raconte comment ils vont s’affronter dans un long combat qui, pour le reste du monde, n’occupe que quelques secondes.

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Le combat est ponctué de réflexion sur la société, sur les conventions, sur l’hypocrisie, sur le regard des autres… et saupoudré de considérations scientifiques et techniques. Le robot (extension d’une intelligence artificielle située un peu plus loin dans le système solaire) existe dans le récit en tant que témoignage d’une civilisation éteinte, et semble un peu en retrait, laissant les trois personnages régler leurs comptes et organiser leur vie à la lumière de cette expérience nouvelle.

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Question dessin, Kazumasa Takayama propose des décors étourdissants, au réalisme impressionnant, avec ce sens du détail qui est renforcé par un usage des trames assez virtuose.

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En revanche, pour ce qui est des visages, ses personnages affichent un air étrange, assez peu séduisant. Sa manière de dessiner les yeux est particulièrement désarçonnante. Ce qui n’empêche pas ses protagonistes d’être expressifs, mais les faciès n’ont pas la grâce de ses décors.

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La version française est sortie en 1996. J’ai cru comprendre que Takayama avait publié une suite au Japon en 1999 (la conclusion laissait quelques pistes possibles pour d’éventuels développements), qui reste encore inédite dans nos contrées, me semble-t-il.

Jim

J’ai toujours trouvé qu’il manquait une suite… Et, en effet, une suite (intitulée Denmu Jikû 2 Runner, le premier s’appelant simplement Denmu jikû) est bien sortie…
Le robot de l’espace est sorti également aux États-Unis chez Dark Horse sous le titre Chronowar, mais il semble qu’eux non plus n’aient pas eu la suite.

Je l’ai lu quelques années après sa sortie… Longtemps, en voyant la couv’, je pensais que c’était un titre érotique ! ~___^

Tori.

Une belle découverte merci ^^ .

De rien.
Content de voir que cette section attire quelques regards.
Filer un coup de main à Tori m’a donné envie de me replonger dans mon rayon manga, pas bien copieux, mais que je n’avais pas exploré depuis longtemps. Et je lis ou relis des choses qui étaient bien loin dans mes souvenirs.
Là, je relis Version, et en fait, à chaque page, je me dis « ouais, je connais », sauf que je ne m’en souviens plus. C’est pas désagréable, comme sensation, d’ailleurs…

Jim

Version, c’est un titre que j’ai bien aimé (je l’avais découvert dans Kaméha)… Mais dont on n’a jamais eu la fin : il nous manque le second tome.

Tori.