Discutez de Le style Catherine
Catherine, grande adolescente ou jeune adulte un peu en quête d’elle-même, retrouve sa sœur Solange, qui a fait sa vie en ville. Mais la jeune femme découvre d’abord un appartement qui ressemble à un taudis, un compagnon à l’accent russe qui a tout du voyou, de la drogue dans les tiroirs… Elle comprend bien vite que sa sœur a sombré dans la prostitution.
Tout en cherchant un travail, Catherine cherche à s’occuper de sa sœur, à la sortir de son ornière. Ce qui n’est pas facile parce qu’elle risque d’y basculer aussi.
Thierry Bouüaert réalise une bande dessinée au propos réaliste et sombre, dans un style où les personnages sont dessinés dans une approche semi-réaliste, mais où l’encrage est très sombre, avec des effets de matière à la brosse à dents qui consolident la dimension sordide du récit.
Mais justement, l’auteur parvient à éviter tout misérabilisme, en mettant en scène un personnage optimiste, mais aussi en utilisant une voix off à la première personne assez originale : Catherine s’adresse à son lecteur, anonyme, dont elle ne sait rien, qu’elle imagine être un garçon mais allez savoir. Ce faisant, il confronte le lecteur à son propre voyeurisme, ce qui désamorce tout accusation de complaisance.
Le deuxième tome inverse un peu le propos : c’est Catherine qui est danger de basculer alors que Solange semble s’être sortie de ses problèmes. L’effet de balancier rend le portrait des jeunes femmes très fragiles.
Jim