LEGION (Saisons 1-3)

Chapitre 1 (2017)

Saison 1, épisode 1

Scénariste/réalisateur : Noah Hawley

Suite au succès de la série Fargo chez FX (The Shield, The Americans, Archer, It’s Always Sunny in Philadelphia), le romancier/showrunner Noah Hawley s’est vu offrir l’opportunité de produire la toute première série live basée sur l’univers des X-Men (et cela quelques décennies après le pilote d’une série tv Generation X), qu’il connaissait bien depuis ses lectures de jeunesse (étant pile poil dans la tranche d’âge des lecteurs veinards ayant découvert le run de Claremont/Byrne en direct).

Travaillant de concert avec Simon Kinberg pour trouver des idées de séries, ceux-ci ont finalement opté pour un show centré sur David Haller/Legion, aka le fils biologique du Professeur X (créé par Claremont & Sienkiewz dans les pages de la série New Mutants). Un personnage souvent négligé (y compris par son X-paternel, tout occupé qu’il est à servir de mentor/figure paternelle à Scott Summers et tant d’autres mutants sous sa tutelle) mais ne manquant pourtant pas de potentiel narratif (comme l’a prouvé Legion Quest, servant de tremplin à L’Ère d’Apocalypse, et surtout le run plus récent, période Marvel Now, de Simon Spurrier), à l’instar de la Crazy Jane des Doom Patrol de Morrison (une série DC qui bénéficiera elle aussi d’une adaptation sur le petit écran, à peu près à la même période).

En reprenant l’idée qu’avait eu Chris Claremont (durant son long run de 17 ans) d’associer David Haller au Shadow King alias Amahl Farouk (généralement aux dépens du jeune premier) tout en s’intéressant à ses propres caractéristiques (sa schizophrénie plutôt que sa coupe de cheveux très spécifique, qui finira elle aussi par servir), Hawley y ajoute également une dose de noirceur (la tentative de suicide), d’humour (par le biais de Lenny, campé par une Aubrey Plaza en très grande forme) et de romance (grâce à l’entrée en scène de la belle Sydney Barrett (!), aussi rétive aux contacts physiques qu’une Malicia/Rogue, et pour cause…).

Après une première version plus linéaire du script de ce pilote, le showrunner a fait le choix d’altérer son approche, en se calant sur l’état mental du protagoniste principal, afin que la narration soit bien plus à son image (en citant notamment le cinéma de David Lynch et le film Eternal Sunshine of the Spotless Mind parmi ses influences). Tandis que les producteurs des films X-Men lui ont laissé pas mal de latitude (voire même carte blanche), vis-à-vis de cette bataille interne de Legion, privilégiée aux pugilats de surhommes costumés (dans une volonté de ne pas résoudre tous les conflits par le biais d’une violence dont les super-héros sont coutumiers, que ce soit sur papier, à la télévision et au ciné).

Pouvant être qualifié de réinterprétation/remix (tel le Fargo du même auteur) plutôt qu’une adaption au sens strict d’un arc ou d’un run en particulier (adapter implique des choix, dont celui de ne fatalement pas satisfaire tous les fans du matériau original), Legion n’a donc rien d’un remake live, cherchant plutôt à reproduire l’impact de la version papier et à émuler certaines de ses idées les plus originales et poétiques. Tel le mémorable affrontement entre David Haller & Amahl Farouk lors de la saison 2, comparé avec justesse par Frédéric Steinmetz au combat polymorphique entre le taré Jim Jaspers et son cybiote adaptatif Fury chez le Captain Britain de Moore & Davis ; il y a pire comme compliment).

Avec son casting de qualité (Dan « Downton Abbey » Stevens, Aubrey « Parks and Recreation » Plaza, Rachel « Fargo » Keller, Jean « Frasier » Smart, Jemaine « Flight of the Conchords » Clement, Amber « Prey » Midthunder, Bill « Bienvenue en Alaska » Irwin, Jeremie « The Get Down » Harris, Hamish « Midnight Mass » Linklater), son ambition formelle (digne d’une série Hannibal justement citée par Hawley, soit cet autre joyau télévisuel de cette même décennie), ou encore une partie sonore soignée (du sound design jusqu’à la partition de Jeff Russo, en passant par les morceaux de groupes de rock), le show ne manque pas d’atouts à faire valoir, et cela dès ce pilote très inspiré (aussi bon que dans mon souvenir).

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