Les 12 travaux de grant morrison

Ah bon ? Alors ça voudrait dire que les 6 TPB qui regroupaient l’intégralité du run sont épuisés, c’est ça ?
Personnellement, comme l’indique Sephyroth, je ne suis pas fou des trop gros volumes (j’aime bien faire de la muscu mais pas en lisant :wink: ), et je recommanderais plutôt de se rabattre sur les TPB, pour peu qu’ils soient encore disponibles, donc.

[quote=« Photonik »]
Je ne serais pas aussi catégorique qu’Artie dans ses conclusions, mais à bien des égards il a raison. Le jeune Morrison par exemple a versé dans une noirceur assez poussée, que ce soit dans « Arkham Asylum », « Gothic » ou « Kid Eternity », et surtout « Bible John : A Forensic Meditation », une des oeuvres qui m’a le plus glacé le sang (et dont un petit compte-rendu sera bientôt posté ici).
Mais à l’instar d’un Alan Moore (lui aussi « responsable » d’une extrêmisation de l’approche des années 70 à la Englehart, à la Denny O’Neil ou à la Don Mc Gregor), il a en quelques occasions prôné un retour au « sense of wonder », dont il conviendrait de définir un peu les contours quand même (perso je me fie à la définition de Serge Lehman dans une conférence sur la SF dont Artie avait mis un extrait audio en ligne sur son blog).
Pour Moore, on pourrait évidemment signaler son « Supreme », et pour Morrison, on pourrait citer « Flex Mentallo » ou « Marvel Boy ».
Pour la fin de son run sur Batman, c’est aussi un constat d’impuissance, à mon avis, sur la possibilité d’amener des apports frais à des franchises un peu fossilisées, comme il l’avait fait sur ses « New X-Men »…[/quote]

Momo à fait des oeuvres sombres, mais quand il a entamé les super-héros il a clairement voulu leur redonné du sens of wonder. Il suffit de lire ses JLA qui n’ont qu’une devise toujours plus loin toujours plus haut, son All Star superman c’est du pur émerveillement comme Flex d’ailleurs. Pour sa période Marvel, je trouve que Grant réagi en fait dans ses séries au refus de DC de le laisser prendre Sup. Il met dans ses Marvel Boys et New X-Men un côté anarchique rebelle, tout en gardant ce côté bigger than life et émerveillement, mais avec une touche plus sombre.

Batman me semble un cas à part. Momo à largement dépassé ce qu’il voulait faire en première intention. Il voulait ramener un Batou plus fun et surtout Bruce Wayne. Au final il délaissera Bruce pour créer la légende de Batman et amener une réflexion sur l’industrie en elle-même. Que ce soit dans Return of Bruce Wayne ou le héros crée sa propre mythologie ou dans la fin ou il range le tout, amenant la fin d’un cycle et le début d’un nouveau sachant d’avance que c’est obligatoire sur ce type de série. J’ai trouvé que Momo c’est bien amusé à faire de Batman ce qu’il est en réalité une licence. Return et le début de bat Inc le prouve bien selon moi (je sais pas trop si je suis clair).

[quote=« KabFC »]
Momo à fait des oeuvres sombres, mais quand il a entamé les super-héros il a clairement voulu leur redonné du sens of wonder.[/quote]

Je ne suis pas d’accord, par exemple **Zenith ** qui précède les travaux que tu cites, est du pur super-héros à la sauce « réel/déconstruit ».

Je ne me souviens plus de ses **JLA ** mais oui il me semble qu’il délaisse son côté sordide et sinistre pour cette série.

Oui, voilà un bon exemple (un des rares à mon avis).

Si on laisse de côté le suicidaire scénariste.
En fait c’est je crois ça la marque de fabrique de Morrison, il faut qu’il y ait un côté glauque à ses histoires.

Plus sombre que sombre alors. :slight_smile:

Alors c’est réussi. :smiley:
Non, sérieusement, de ce que j’ai lu de son *run * sur **Batman ** j’ai trouvé ça plutôt sinistre.

Donc pour ma part il n’y a que All-Star Superman qui sort du lot, et dont je pourrais dire qu’il véhicule du sense of wonder.

Et puis n’est-ce pas un peu exagéré de dire que **Morrison ** ramène le sense of wonder dans l’industrie des *comics * comme vous semblez le dire, non ?

Le premiers sont ultra fun et je dis tout de même qu’il a au final changé d’orientation. Je pense qu’il faut différencier l’émerveillement du fun. L’un peut aller sans l’autre. Je pense que les deux ensemble c’est mieux, mais ce n’est pas obligatoire.

Et surtout à défaut de sensé of wonder je pense que Momo veut ramener une sorte de magie dans les comics. Il ne va jamais faire des choses terre à terre, il va toujours y avoir des expérimentations scientifique de la magie, des être surnaturelles, des choses improbables… Je pense que pour lui c’est ça le sens of wonder pas nécessairement un truc fun.

[quote=« KabFC »]
Batman me semble un cas à part. Momo à largement dépassé ce qu’il voulait faire en première intention. Il voulait ramener un Batou plus fun et surtout Bruce Wayne. Au final il délaissera Bruce pour créer la légende de Batman et amener une réflexion sur l’industrie en elle-même. Que ce soit dans Return of Bruce Wayne ou le héros crée sa propre mythologie ou dans la fin ou il range le tout, amenant la fin d’un cycle et le début d’un nouveau sachant d’avance que c’est obligatoire sur ce type de série. J’ai trouvé que Momo c’est bien amusé à faire de Batman ce qu’il est en réalité une licence. Return et le début de bat Inc le prouve bien selon moi (je sais pas trop si je suis clair).[/quote]

Oui, c’est globalement comme ça que je vois son run moi aussi.

Je ne sais pas si « Batman RIP » par exemple pourrait passer pour une tentative de ramener le « sense of wonder », mais il y a c’est sûr une volonté claire de rendre les comics à nouveau plus barrés, plus « psychédéliques » dans une certaine mesure, Morrison comme certains de ses collègues pensant que le prochain âge des comics sera psyché ou ne sera pas. Mais ça tarde à venir, je trouve, malgré quelques prototypes intéressants (à brûle pourpoint, je citerais « Prophet »…).

[quote=« artemus dada »]

Je ne me souviens plus de ses **JLA ** mais oui il me semble qu’il délaisse son côté sordide et sinistre pour cette série. [/quote]

Ah oui, complètement, j’aurais dû citer cet exemple. J’ai relu « Rock of Ages » il n’y a pas si longyemps et c’est tout à fait cet esprit. Et « All-Star Superman », bien entendu, une autre réussite majeure de Morrison.

[quote=« artemus dada »]

En fait c’est je crois ça la marque de fabrique de Morrison, il faut qu’il y ait un côté glauque à ses histoires.[/quote]

Là, j’aurais tendance à te donner raison à 100 %, c’est indéniable. C’est toute la base de « The Filth » d’ailleurs.
On pourrait dire la même chose de la première moitié de la carrière d’Alan Moore, de « Miracle Man » à « From Hell » en passant par « Watchmen ».

[quote=« artemus dada »]

Et puis n’est-ce pas un peu exagéré de dire que **Morrison ** ramène le sense of wonder dans l’industrie des *comics * comme vous semblez le dire, non ?[/quote]

Dit comme ça ce n’est pas sans fondement, mais c’est exagéré, clairement : si Morrison a tenté ça, il faut tout de suite dire qu’il n’était pas tout seul, et surtout qu’il n’a pas réussi.
Pour le premier point, il faut rappeler les efforts de Moore ou de Waid, et pour le second il faut préciser que ça fait bien 15 ans au bas mot que ces auteurs tentent de « tuer » symboliquement le grim n’ gritty, de « Kingdom Come » à « Final Crisis » en passant par « Supreme ». Mais si je suis perso très fan des oeuvres susnommées, force est de constater qu’elles n’ont pas tant changé l’industrie que ça (le moindre script de Charlie Huston par exemple est là pour nous le rappeler).

[quote=« KabFC »]
Le premiers sont ultra fun …]. Je pense qu’il faut différencier l’émerveillement du fun. [/quote]

Oui, mais qu’est-ce que c’est que le *fun *?

Là je suis entièrement d’accord.

[quote=« Photonik »]…]

…] mais il y a c’est sûr une volonté claire de rendre les comics à nouveau plus barrés, plus « psychédéliques » [/quote]

Comme avec les *comix * ?

Malraux ! Sort de ce corps. :wink:

[quote=« Photonik »] ces auteurs tentent de « tuer » symboliquement le grim n’ gritty, de « Kingdom Come » à « Final Crisis » en passant par « Supreme ».
…]
[/quote]

Final Crisis tente de "tuer le grim and gritty ?

Pourtant dans mon souvenir c’est assez sinistre comme histoire, non ?
(Je n’ai pas non plus un souvenir très frais de la chose)

Kingdom Come tout comme Final Crisis parte d’un constat sombre, très grim n’ gritty avant de revenir vers les héros classique et une version plus légère des comics avec le retour des « merveilles ».

Dans Kingdom Come, Waid procède par le retour de la vieille garde, dans FC il suffit de voir le spécial Superman ou Morisson utilise plus des thématiques que le ton.

Je pense que pour Momo l’émerveillement peut aussi être sérieux.

« Kingdom Come », comme ça avait été relevé à l’époque, marque la fin symbolique du règne des « héros à flinges » (avec une sorte de renversement de la fin de « The Dark Knight Returns », où Superman est vaincu par un Batman customisé…).
Pour « Final Crisis », et sûrement plus encore pour « Seven Soldiers », la tendance grim n’ gritty est présente par le biais de persos figurant de « mauvais auteurs » (dont Morrison ne s’exclut probablement pas, s’il est cohérent avec le final de son run sur « Animal Man »), comme Mandrakk ou Zor, le mauvais Tailleur du Temps, qui condamne certains personnages typiquement Golden Age à la mort et à la folie (les membres de la Newsboy Army).

Voilà pourquoi les histoires de Morrison présentent ces deux facettes : ni grim n’gritty ni « sens of wonder », ses histoires présentent plutôt le cheminement d’un pôle vers l’autre…

[quote=« Photonik »]…]

Voilà pourquoi les histoires de Morrison présentent ces deux facettes : ni grim n’gritty ni « sens of wonder », ses histoires présentent plutôt le cheminement d’un pôle vers l’autre…[/quote]

On ne sera encore pas d’accord sur ce point. :wink:

Une question pour y voir plus clair : considères-tu qu’il ne peut y avoir de bonnes histoires prenant racine dans le « sordide » et le « glauque » (pour le dire vite) ou seulement qu’elles ne sont pas adaptées au genre super-héros ?

Avant tout, « glauque » et « sordide » sont des mots assez forts.
Ou alors tu traduits l’étiquette *grim and gritty * avec ces termes ?

Mais il y a surement des histoires de super-héros qui utilisent ce genre d’atmosphère et qui sont de bonnes histoires ; même si aucun titre ne me vient en tête maintenant.
S’il s’agit de la traduction de grim and gritty il y en a plusieurs (à condition d’étendre le terme super-héros au genre et non pas se cantonner seulement au personnage) : Grimjack, Deathlock, mais aussi la période **Miller ** sur Dardevil, The Spectre, La Justice League Elite (et en préambule à cette série l’épisode de Superman), etc…

Il y a peut-être Faust, mais cet exemple et assez spécial et je ne crois pas que **Morrison ** pousse aussi loin le bouchon.

Sinon tu as des exemples de BD de super-héros glauques & sordides de bonnes qualités de ton côté?

Pour les adjectifs « glauques » et « sordides », c’est en fait toi qui les utilisaient sur la page précédente, mais je ne recoupe effectivement pas tout à fait ces termes avec le grim n’gritty : ça ne se recouvre pas tout à fait.

Il y a des tas d’histoires qualifiées de « grim n’gritty » qui me parle, même si je ne connais pas tous les titres que tu cites ; j’y rajouterais les travaux de jeunesse d’Alan Moore comme « Swamp Thing ».

S’il faut carrément aller dans le « glauque et le sordide », l’exemple de réussite en la matière qui me viendrait en tête c’est « Born Again » de Miller (que tu cites) et Mazzuchelli, où il est question de pornographie et de prostitution en ce qui concerne un perso pourtant issu de la période silver age du titre (Karen Page). Je dirais aussi certains épisodes (et certains seulement) de « Miracleman » de Moore, ceux qui ont trait aux viols d’enfants. Pareil pour des séquences un peu similaires dans « Watchmen ».

Et l’exemple le plus accompli en la matière, comme le nom l’indique, est sûrement « The Filth » de Morrison, donc. Très glauque et bien sordide. Mais on n’est plus chez les super-héros, enfin pas tout à fait (il y a quand même des super-héros là-dedans).

Et dans les ratés récents dans le genre, je citerais bien le « Moon Knight » de Charlie Huston, une BD qui m’a vraiment débecté, non pas qu’elle soit si extrême que ça, mais parce qu’il n’y a que ça et que l’auteur semble vraiment n’avoir rien d’autre à dire sur les justiciers urbains…

Oui, mais je me suis dit que peut-être tu faisais une traduction.
Alors effectivement en utilisant ces deux termes je pensais à

Une histoire où il me semble difficile d’extraire du sense of wonder.
Non ? :wink:

Ceci dit, tout dépend de ce qu’on entend par sense of wonder.

[quote=« Photonik »]Pour les adjectifs « glauques » et « sordides », c’est en fait toi qui les utilisaient sur la page précédente, mais je ne recoupe effectivement pas tout à fait ces termes avec le grim n’gritty : ça ne se recouvre pas tout à fait.

Il y a des tas d’histoires qualifiées de « grim n’gritty » qui me parle, même si je ne connais pas tous les titres que tu cites ; j’y rajouterais les travaux de jeunesse d’Alan Moore comme « Swamp Thing ».

S’il faut carrément aller dans le « glauque et le sordide », l’exemple de réussite en la matière qui me viendrait en tête c’est « Born Again » de Miller (que tu cites) et Mazzuchelli, où il est question de pornographie et de prostitution en ce qui concerne un perso pourtant issu de la période silver age du titre (Karen Page). Je dirais aussi certains épisodes (et certains seulement) de « Miracleman » de Moore, ceux qui ont trait aux viols d’enfants. Pareil pour des séquences un peu similaires dans « Watchmen ».

Et l’exemple le plus accompli en la matière, comme le nom l’indique, est sûrement « The Filth » de Morrison, donc. Très glauque et bien sordide. Mais on n’est plus chez les super-héros, enfin pas tout à fait (il y a quand même des super-héros là-dedans).

Et dans les ratés récents dans le genre, je citerais bien le « Moon Knight » de Charlie Huston, une BD qui m’a vraiment débecté, non pas qu’elle soit si extrême que ça, mais parce qu’il n’y a que ça et que l’auteur semble vraiment n’avoir rien d’autre à dire sur les justiciers urbains…[/quote]

Et dans le genre, que pensez-vous de la maxi-série sur l’Escadron Suprême de Gruenwald ?

Je ne rangerais pas du tout ce travail là dans la catégorie des titres dont on parle là. Le titre est quand même assez « lumineux » dans l’ensemble si j’ose dire, malgré un final assez violent pour l’époque. Si ce titre (que j’aime énormément perso) est considéré comme précurseur, c’est surtout pour l’approche (commune à « Watchmen ») du super-héros comme donnée non fictionnelle, c’est-à-dire que l’on explore les conséquences possibles au niveau socio-politique ou géopolitique de la présence de surhumains sur terre.
Rien n’indique que ces histoires, pour pessimistes qu’elles soient le plus souvent, aient forcément à relever du grim 'gritty, dans le ton comme l’expression graphique. « Squadron Supreme » a même un côté assez « classique » qui joue beaucoup pour le charme que je lui trouve, et sans lequel le récit fonctionnerait moins bien, même.

Oui, je me range à l’avis de Photonik.

je crois que le moment est bien choisi pour rebalancer le lien de mon vieil article Doom Patrol : comics-sanctuary.com/news/1389/nikolavitch-archives-doom-patrol-les-jeux-de-l-amour-et-du-bizarre.html