LES CHIMÈRES DE VÉNUS t.1-2 (Alain Ayroles / Étienne Jung)

Voilà, enfin lu.
Et c’est vraiment super !

On est donc dans un univers colonial où la haute société française (et parisienne) spécule sur les ressources à tirer des colonies et sur la manière de museler la contestation dans les bagnes, tout en profitant des plaisirs du gai-Paris. Sauf que, à mesure que l’on avance dans le récit, on découvre que lesdites colonies et lesdits bagnes sont plus loin que prévu (un indice dans le titre de la série). On suit une actrice d’opéra-bouffe, qui s’embarque pour un voyage en profitant du béguin d’un riche magnat. En parallèle, on observe également le parcours d’un bagnard, les éléments distribués au fil du récit nous faisant comprendre que les deux intrigues sont liées.

C’est très chouette, bien mené, merveilleusement dialogué, plein de clins d’œil (on s’en doutait, mais ça mérite d’être rappelé : les paroles d’un style offenbachien plus vrai que nature sont succulentes, par exemple)… Le sous-texte, vivement anticapitaliste, est très intéressant, dressant le portrait d’un pillage organisé, mais comme souvent chez Ayroles, on ne se débarrasse pas pour autant d’un humour grinçant.

Et à tout cela, il faut rajouter que c’est une aventure bien rythmée, pleine de surprises et de rebondissements. Les deux scènes finales (une grosse séquence d’action et l’arrivée d’une tierce partie bien mystérieuse) musclent le récit et titillent la curiosité. Vivement la suite.

Jim

Un aperçu de la couverture destinée au deuxième tome :

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Ex-libris :

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Les Chimères de Vénus T2

1874, au cœur de l’âge de l’éther. Les empires terrestres se disputent le contrôle du système solaire. Sur Vénus, le poète Aurélien d’Hormont, évadé des bagnes de Napoléon III, s’enfonce toujours plus loin dans l’inconnu en compagnie d’étranges créatures amphibies. De son côté, l’actrice Hélène Martin redouble de courage et d’ingéniosité pour se frayer un chemin sur cette planète hostile et retrouver son amant hors-la-loi. Bravant l’Océan déchaîné et ses inquiétants abysses, Hélène embarque en direction de l’Île Magnétique. Aventurières intrépides, forçats à la dérive, entités télépathes, croiseur britannique, sous-marin français… toutes et tous semblent inexorablement attirés par ces inaccessibles rivages où se dressent les vestiges d’une mystérieuse civilisation.

  • Éditeur ‏ : ‎ RUE DE SEVRES; Illustrated édition (10 mai 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 64 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2369810300
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2369810308
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 662 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 24.1 x 1.1 x 32 cm

Très très chouette deuxième tome, qui reprend là où l’on avait laissé les personnages : Hélène après l’affrontement avec le saurien, et Aurélien face aux Sargasses, des êtres étranges à pensée de ruche. Le début de l’album a d’ailleurs un petit côté Ponson du Terrail, en mode « après s’être sortis de ce mauvais pas, nos héros… ». Mais rapidement, les auteurs reprennent le fil du récit, en relançant le périple de leur héroïne.

C’est bardé d’idées, on comprend mieux comment la logique coloniale s’applique aux spécificités géographiques et magnétiques de la planète, on renoue avec les vieilles rancunes franco-anglaises mâtinées de mauvaise foi et d’humour, et ça convoque des tas d’idées empruntant ici au steampunk, là à l’horreur gothique. Les personnages sont sympathiques, riches, diversifiés, les alliances se font et se défont permettant de mieux rencontrer certaines figures. Les dialogues, n’en parlons pas : ils sont amusants, décalés, mais également fertiles en commentaires sur le capitalisme, le machisme…

Les pages sont complexes, accueillants de nombreuses cases arrondis et oblongues. Je note qu’Ayroles est crédité pour le storyboard, cela explique sans doute pourquoi les bulles sont si bien placées, l’agencement complexe ne rendant pas difficile la lecture. Une belle aventure lointaine et exotique qui promet de chouettes développements pour le troisième et dernier volume.

Jim