LES ÉTERNELS (Chloé Zhao)

En gros, tu aurais voulu David Lean à la réalisation ?

Jim

Beaucoup (et peut-être même Chloé Zhao elle-même) évoque l’influence de Terrence Malick, en effet, ce qui me rend plus curieux encore (et en fera fuir d’autre, n’est-ce pas Jim ? :wink: )

T’inquiète, ça le reboot de « Highlander » va s’en charger et plutôt deux fois qu’une. :slight_smile:

Plutôt du malick et un zeste de aronofsky.

Mais la réalisatrice a du potentiel, je pense.

S ils avaient réduit l action et lui avait laissé etre encore plus en rupture avec le mcu, y aurait eu moyen d avoir quelque chose de vraiment bien. Âpre et contemplatif.

Mais là, le mcu est bien trop présent. Ne reste que le rythme. Si on avait eu en plus les images adequates et une histoire moins orientée action et plus symbolique…

Ah bah voilà.

Hehe.

Là y a la folie qui est abordée. Bon version mcu. Vraiment s ils avaient vraiment creuser ce thème de l’immortalité rend fou, cela aurait pu etre très bon.

Pas faux. Le danger étant que je m’endorme avant.
:wink:

Jim

Moi aussi

Pas plus que ça.

Je reviens du film avec un sentiment globalement positif.
J’ai peut-être deux petits reproches, qui tiennent à l’acte même d’adapter : d’une part des Déviants qui ne sont pas (totalement) humanoïdes, ça m’a manqué, et d’autre part, corollaire au premier point, des Éternels et des Déviants qui ne sont pas réellement lés à la race humaine, ça m’a manqué aussi. Mais s’ils avaient réellement relié les trois souches / branches, cela aurait amené à une vision démiurgique (voire créationniste) des Célestes qui aurait entraîné le film sur un terrain miné et surtout nourri les critiques de certains extrêmes, et je crois que le film en balance quand même déjà assez, épargnons un peu les bas-du-front !
Car oui, ça tabasse, questions idées et pistes de réflexion. C’est un film qui propose une dimension cinémascope du principe désormais bien connu des grands pouvoirs et des grandes responsabilités, qui mène une réflexion sur l’impact de la technologie, une autre sur la folie (pas vraiment liée à l’immortalité mais plutôt à l’effacement de souvenir : est-ce une parabole sur le risque à se couper de son passé, de son héritage, de sa culture ?), et surtout sur les rapports entre la foi et le fanatisme. Si le deuxième mot n’est pas prononcé, le premier est clairement évoqué, et une partie du film s’articule sur la révélation de la vérité, et sur la gestion d’un mensonge à partir du moment où celui-ci est le fondement d’une vie.
C’est peut-être là que le propos du film m’a le plus emballé, quand les personnages se rendent compte qu’ils ne tiennent pas le rôle qu’ils pensaient et espéraient tenir. En filigrane, il parle de l’embrigadement, de la manipulation, le tout avec une dimension métaphysique, religieuse, biblique même. Il parle de la difficulté de se reconstruire et de forger un nouveau but quand on découvre qu’on a été trompé. Et là, punaise, en cette période où tous dans le monde réel se crispent sur leurs propres convictions, je trouve ça particulièrement audacieux.

Dans le genre, je me demande si les détracteurs ont remarqué que les héros pratiquent un avortement cosmique. Là encore, le terme n’est pas prononcé (de même que « enfantement » ou « accouchement » sont remplacés par des mots plus neutres, genre « avènement »… neutre mais pas exempt de connotations…), mais l’idée est là. Le film pousse jusqu’à l’absurde la fameuse question : « faut-il en sacrifier un pour en sauver des milliards ? » La réponse est évidemment oui, et ne peut que mener à l’idée de l’avortement cosmique. Or, la force de l’écriture des personnages, c’est justement d’offrir un large éventail de réponses, les deux plus marquantes, pour moi en tout cas, étant le retrait de Kingo qui cherche un moyen terme entre sa foi et ses amis, et le déni douloureux de Sersi, qui se raccroche à une morale qu’elle sait déjà obsolète. Pour le coup, le film est polyphonique, chaque voix se faisant entendre.
Et si les personnages découvrent leur « vrai » rôle, il est difficile à la fin de dire qu’untel est dans le compte des gentils et qu’un autre se range parmi les méchants. C’est loin d’être aussi simple et, d’une certaine manière, tous finissent par développer un potentiel à la sympathie. Film anti-manichéen, c’est aussi un film (presque) anti-marvélien : des héros sans attache, dont les origines sont truquées, il va à l’encontre du schéma que le studio a développé durant la décennie. Et ça va bien au-delà du fait qu’il s’agisse d’un film d’équipe déjà formée, sans identité civile secrète, sans épisode traumatique fondateur, qui, pour ainsi dire, renverse littéralement la logique des précédents longs-métrages : l’équipe va se reformer, il n’y a aucun différence entre le héros en armure et le héros en jean (quand Ikaris enfile son costume bleu, Sersi lui demande ce qu’il fait, et la question revêt une dimension méta : à quoi ça sert de s’habiller maintenant ?), et la vie « civile » reste à construire…
À ce titre, j’appréhendais un peu les scènes de discussion. Mais au fil des échanges, je me suis rendu compte d’une chose : le côté statique des personnages, souvent en cercle, sert bien entendu à annoncer leur communion mentale à venir, mais se pose également en outil de caractérisation. Car il y a deux types d’Éternels, ceux qui ont trouvé une place au cœur de l’humanité (Sersi, Kingo…) et ceux qui n’ont pas réussi à s’écarter de leur rôle de soldat protecteur (Ikaris, Thena, Ajak, voire Makkari…). Entre deux se trouvent Gilgamesh, qui tente de s’humaniser (par la bouffe notamment…) pour compenser le poids de la mission qu’il s’est choisie, et Druig, qui a tenté de trouver un juste milieu entre l’exil et l’anonymat de la foule, sans y parvenir. Et ceux qui sont le plus éloignés de l’humanité sont les plus raides, ceux qui semblent ne pas savoir quoi faire de leur corps, et soit demeurent en retrait, soit sont présents mais comme guindés, timides, mal à l’aise. Et au final, ça nourrit une tension évidente, qui devient palpable à mesure que le film approche de sa résolution.
Dans la même logique, si j’ai trouvé les Déviants assez basiques (ils ressemblent à tant de créatures interchangeables venues d’autres licences, ils m’ont un peu fait penser aux extraterrestres d’Edge of Tomorrow, dont j’ai revu des bouts tout récemment, c’est peut-être pour ça…), j’aime bien l’idée qu’ils soient constitués de fibres, comme autant de muscles et de tendons aux contours flous qui peuvent expliquer qu’ils aient donné naissance à tant de mythes, les témoins ayant sans doute des difficultés à les décrire avec précision.
Les scènes d’action sont pas mal, pas faramineuses mais dynamiques et entraînantes. La réalisatrice s’attache souvent à reprendre un personnage là où on l’avait laissé, insistant par exemple sur sa reprise de conscience après avoir été assommée, ce genre de choses. Ça ralentit parfois les combats, mais ça permet de donner autant d’importance à chacun. Visuellement, le truc qui m’a le plus emballé, c’est sans doute la représentation des pouvoirs de vitesse de Makkari. Le film choisit de ne pas passer par l’astuce du méga-ralenti (tendance Quicksilver), mais au contraire de montrer de la vitesse pure, et les éclairs jaunes servent à rendre l’ensemble compréhensible. Il y a d’ailleurs un grand souci de clarté, les bastons situées dans les flash-backs (tous d’ailleurs très clairs et faciles à suivre, encore un bon point…) servant à bien expliquer de quoi est capable chacun. Même les scènes où la poussière recouvre tout conservent leur lumière et leur visibilité, la nuit ou la crasse n’assombrissant jamais ce qu’il faut voir (prends ça, Zack Snyder).
Donc vraiment, deux heures et trente-sept minutes qui passent sans problème, les lenteurs n’étant pas des longueurs.
Quant aux deux scènes post-génériques, elles ouvrent des pistes qui me plaisent beaucoup. Les deux personnages qui apparaissent dans la première promettent des déclinaisons cosmiques que je guetter avec gourmandise. Et la seconde promet un grand destin à Dane Whitman, et là aussi, je piaffe d’impatience.

Jim

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« Emergence ». Il est vrai que le terme de « naissance » n’est jamais utilisé. Alors que finalement, on est en plein dedans et que la Terre sert d’utérus.

Je dois avouer que je suis allé le voir un peu à reculons, la bande annonce ne m’ayant jamais emballé plus que ça.
Et j’ai vraiment été conquis.

Certes, même si pour moi, peut-être un peu plus physiquement que moralement, je n’arrivais pas à détacher Ikaris du Protecteur de The Boys :slight_smile: . Même caractère de cochon.

Après les 2 scènes post-générique (je me suis quand même demandé si Whitman était là juste pour décorer, avec un John Snow toujours aussi expressif :slight_smile: ), je me suis demandé si l’idée n’était pas de faire une seconde équipe d’Avengers, celle qui a tourné sous Roger Stern (Strange 212).

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Oui, c’est le terme officiel, mais il est décliné à l’aide de synonymes, dont « avènement ». Mais j’attendais « naissance », et il est copieusement évité. Même si l’idée de fécondation est clairement montrée dans les images.

Tous les éléments sont là pour passer le relai, ouais.
Quelle idée séduisante, en tout cas.
Mais les personnages, en tout cas certains d’entre eux, peuvent alimenter aussi les Gardiens de la Galaxie.

Jim

C est un avortement qui n est pas dit et avec consentement du fœtus il me semble.

Signé devant un avocat ?

Oui oui, mais il rend son jugement au prochain film

Le juge ou l’avocat ?

Le juge

C est fait dans les règles, tu penses bien.

Tout le monde attend pour savoir si l ivg cosmique est légal.

Deux papas ou deux mamans pour un bambin interstellaire, ça doit créer des manifestations entre Saturne et Jupiter

Oh ben là Arishem a fait un bébé toute seule
C’était dans ces années un peu folles
Où les papas n’étaient plus à la mode…

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