Je viens seulement de lire le premier tome. Alors que le troisième est sorti, un an après mon achat. Ah là là, que de retard dans mes lectures.
Je ne sais plus pourquoi j’ai cette image en tête, peut-être à la faveur d’une publicité quelque part, mais j’avais l’impression que la communication de l’éditeur autour de la série mettait en avant le côté « série d’aventures ». Ce qui m’aurait de toute façon plu, puisque c’est écrit par Brunschwig et que je ne crois pas avoir été déçu par ses productions. Je me disais qu’il allait peut-être surfer sur un « genre », à la manière dont L’Esprit de Warren ou Le Pouvoir des Innocents surfent, pour ainsi dire, sur des mécanismes polar.
Mais en fait, non. Le scénariste nous entraîne dans le tourbillon biographique de deux frères issus d’une famille juive, grandissant dans une cité minière du nord de la France, alors que l’antisémitisme est partout et que la guerre menace. Il y a bien sûr un souffle épique dans le traitement historique, mais l’aventure… disons qu’elle est secondaire. Le scénariste, lui, s’intéresse aux zones noires du XXe siècle. Et moi je dis : tant mieux.
Le récit n’est pas linéaire : on oscille entre une séquence en Amérique, où les frères éponymes racontent leur enfance dans la cité minière (et les causes de leur départ), le tout entrecoupé d’une troisième ligne narrative, située à une autre époque, celle de la déportation. Le tout s’imbrique de manière très claire, laissant bien sentir au lecteur que les mystères ne sont qu’en attente et seront expliqués plus tard.
C’est très agréablement dessiné, avec une narration limpide, des cases muettes évocatrices, des séquences chocs parfaitement amenées. Le seul bémol, mais il est de taille, concerne le lettrage : à la fois la création des bulles et leur remplissage. Les paroles rapportées dans les récitatifs à guillemets changent de police sans aucune raison. Les queues de bulles sont parfois trois petites, trop courtes, trop minces, et disparaissent dans le dessin. Certaines ellipses de phylactères dépassent des cases et entament le bord des vignettes voisines. On a vraiment l’impression d’un premier jet qui n’a pas été corrigé. Si peu de soin pour une série aussi intéressante (et pour des auteurs de ce calibre), voilà qui étonne.
Jim