LES OMBRES DE LA LAGUNE t.1 (François Corteggiani / Giulio De Vita)

À la fin des années 1990, Corteggiani lance une nouvelle série chez Soleil, Les Ombres de la lagune, illustrée par un jeune italien prometteur, Giulio De Vita.

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L’histoire se déroule dans une Venise futuriste (enfin, pour peu qu’on l’ait lue avant 2017, hein), où les quartiers les plus anciens et délabrés de la Sérénissime ont été murés et abandonnés aux clochards et aux rats mutants. Dans cette zone oubliée se produisent des meurtres réguliers, et dans le reste de la ville exerce une police raciste aux ordres d’un clergé corrompu qui fait passer les exécutions qu’il commandite pour des actes terroristes.
Au milieu de cette faune peu recommandable s’agite en vain un policier moins corrompu que les autres qui tente de démêler le vrai du faux, sorte de Jim Gordon local.

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La série ne connaîtra pas de numéro 2. Malgré la qualité du script, rondement mené et dialogué avec naturel, on peut déceler plusieurs indices tendant à expliquer cet échec. La narration est sérieusement décompressée, préfigurant la mode lancée vers la même période, outre-Atlantique, par Warren Ellis, mais sur un album franco-belge, ça passe difficilement. Le lettrage, confié à deux personnes différentes, est grossier, les bulles mal placées et le texte écrit en taille spéciale myope, la seconde partie proposant des grosses lettres dans des bulles dodues qui flottent en désordre dans la planche. Tous ces petits détails n’invitent pas à la lecture, et on peut imaginer que les lecteurs occasionnels aient été dissuadés par tant d’amateurisme (non pas que le lettrage à l’époque, notamment chez Soleil, soit un parangon de précision en général, entendons-nous bien).

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Bref, le début est prometteur, faisant miroiter un mélange entre polar et horreur, mais on restera sur notre faim, sachant que les deux auteurs ont chacun livré d’autres choses intéressantes à la suite de cet essai non transformé.

Jim