[quote=« Jack! »]
Jason Blood/Etrigan ? Je me souviens qu’à ma première lecture, j’étais surtout gêné par le monologue de Humpty.[/quote]
Le monologue, c’est un peu une comptine pour enfant, ou une chanson un peu branlante, si on rime trop bien, ça perd de son charme, parce que ce qui est intéressant, c’est que, comme tout ce qu’il fait, c’est boiteux. Donc ça demande du temps, mais ça se fait.
Etrigan, c’est un plaisir : de l’octosyllabe, ce genre de choses, parfois c’est pas simple, mais en général, ça vient tout seul. Le truc, c’est que quand il cause comme ça sur cinq six pages, faut de l’endurance. Quand tu fais un bout d’Etrigan, tu vas prendre un café et marcher un peu pour reprendre ton souffle.
Non, le plus dur, en fait, c’est les polysémie, les champs sémantiques, tout ça. Slott utilise des mots qui sont comme des motifs, et qui reviennent au fil de l’épisode… ou parfois d’un épisode à un autre. Et parfois, faut rebidouiller l’expression pour que ça colle, pour avoir ce jeu d’écho d’une scène à une autre. Faut travailler sur des champs sémantiques, décaler des métaphores.
Avec l’éditeur, on a même discuté de point de détail, ou ils n’avaient pas la même interprétation que moi sur telle réplique laconique.
Et je compte même pas les jeux de mots (y a même un jeu de mot qui était dans le script de Slott, qui a été « corrigé » pour l’édition fascicule (le lettreur ou l’editor ayant cru à une coquille, par exemple), et qui a été rétabli dans l’édition TPB (y compris dans l’édition récente, avec le cahier graphique bonus).
Mais des trucs sur les champs lexicaux, j’en ai eu aussi sur les épisodes de Doug Moench pour Les Proies de Hugo Strange. Surtout sur le premier arc. C’est toujours casse-gueule, parce que les champs lexicaux, ça mobilise des métaphores, des figures de style, qui ne sont pas toujours traductibles directement, et donc ce qu’on perd ici, faut le remettre là, tout ça…
Le truc de Slott, c’est un vrai travail littéraire, au sens « roman » du terme. Le Deadshot d’Ostrander, c’est différent, c’est du dialogue, la difficulté est de trouver les voix des personnages, de restituer les non-dits, les ellipses, le ton laconique ou bavard, ce genre de trucs… Mais chez Slott (et un peu chez Moench), il s’agit davantage d’une approche littéraire, trouver le « niveau de langue », dénicher les figures, tout ça… Les Patients d’Arkham, c’est sans doute le truc le plus éprouvant de l’année…
Jim