LES PESTIFÉRÉS
Scénario : SERGE SCOTTO , Eric STOFFEL , Samuel WAMBRE
Dessin : Samuel WAMBRE
Couleur : Samuel WAMBREParution le 06 Mars 2019
Grand Angle adapte l’œuvre de Marcel Pagnol en BD.
En 1720, à Marseille, la découverte de trois cadavres va bouleverser la vie tranquille de la communauté dirigée par Maître Pancrace. En effet, la peste est aux portes de la ville ! Bientôt, tous les quartiers de Marseille se replient sur eux-mêmes. Des barricades sont érigées et on ne laisse plus ni sortir ni entrer personne. Dans le quartier de Maître Pancrace, bien que tous se sentent en sécurité, le caractère des reclus s’assombrit chaque jour. L’ennui et la peur commencent bientôt à dérégler les mœurs des bonnes gens… Les Pestiférés est une œuvre posthume de Marcel Pagnol dont le texte fut retrouvé dans ses tiroirs. Une partie de ce récit a été publiée dans Le Temps des amours. Pour la première fois, les lecteurs pourront en découvrir la fin que Pagnol avait racontée à ses proches.
Prix France : 19,90 € 134 pages ISBN 978-2-81896-678-5 C.Hachette : 40 4860 2
Un texte de Pagnol que je ne connaissais pas (certes inachevé, et repris partiellement ailleurs, mais inédit dans sa forme complète), une jolie couverture, un dessin un peu déstabilisant mais issu du travail d’un auteur dont c’est ici le premier album (et donc qui est assez prometteur), voilà plein de raisons pour s’intéresser à ce bouquin, d’autant que c’est un one-shot.
Bon, la collection Marcel Pagnol, chez Bamboo, on la connaît : adaptation de romans ou de pièces de théâtre, sous la forme de séries courtes, à la jolie maquette et aux belles couleurs. Ce tome, un peu inhabituel, propose une pagination plus élevée pour un récit qui sort du lot. Inachevé dans les papiers de Pagnol, n’existant, dans son intégralité, que sous la forme d’un récit que l’on se racontait dans la famille de l’écrivain, ce récit propose un angle nouveau afin d’approcher le corpus de l’auteur. Car la fin, jamais rédigée mais connue des enfants de Pagnol, offre une vision politique plus subversive et plus sombre que ce à quoi on est habitué.
Le récit suit le destin des habitants d’un petit quartier sur les hauteurs de Marseille, isolé du reste de la ville au point qu’il vit comme un petit village, en semi-autarcie, observant l’agitation de la métropole en contrebas. Et c’est en contrebas que naissent des rumeurs selon lesquelles la peste serait arrivée en ville. Autour de Maître Pancrasse s’organise alors une nouvelle existence, claquemurée derrière les volets clos en espérant que la tourmente passe. Les habitants finissent tout de même par fuir leurs habitations, de crainte qu’on vienne les recruter pour brûler les cadavres, ou qu’on vienne incendier leurs maisons. Ou les deux. Fuyant la civilisation, ils évitent la contamination et découvrent, un an plus tard, que l’épidémie a cessé. Mais la civilisation les rattrape, et les choses se passent mal… L’album est complété d’un court texte qui éclaire cela dit les intentions de l’écrivain, d’une lumière assez inédite.
Au dessin, Samuel Wambre propose un trait assez déconcertant. Les visages sont détaillés et vivants, mais le trait est épuré, les décors simplifiés à la limite de l’indigence, l’ensemble respirant une certaine naïveté. Les couleurs, qu’il réalise lui-même, nappent le dessin de teintes chaudes, mais rapidement les rouges agressifs et les gris désespérés envahissent les planches. C’est très étonnant, mais une fois qu’on plonge dans la lecture, ce qui pourrait passer pour de la maladresse devient bien vite une force. Ni réaliste ni humoristique, son style désarçonne, surtout parce qu’il échappe aux comparaisons. Le soin accordé aux cadrages s’associe aux efforts de lettrage (j’aime particulièrement ses onomatopées, toujours pertinentes) pour donner une « post-production » ambitieuse.
Étonnante et belle surprise.
Jim
Jim est rentré en mode Berserk.
PESTIFéRéS (LES)
M. Pagnol en BD : Les pestiférés - édition tricentenaire de la peste en Provence
Scénario : SERGE SCOTTO , Eric STOFFEL , Samuel WAMBRE
Dessin : Samuel WAMBRE
Couleur : Samuel WAMBREParution le 06 Mai 2020
Prix France : 19,90 €
ISBN 978-2-81897-799-6
C.Hachette : 42 5574 0
Nouvelle date de la réédition : 13 mai 2020.
Jim
Les Pestiférés est un récit qui m’avait littéralement scotché quand je l’avais lu gamin. Totalement en décalage dans les autres récits qui composent l’imparfait mais fascinant Temps des Amours, cette histoire de survie d’un quartier face à la terrible peste m’avait captivé par ses personnages, leur façon de s’en sortir, les problématiques liés à un isolement difficile, la gestion de ceux qui refuse de voir le mal etc. Autant vous dire que l’histoire est fortement d’actualité et ne perd rien de sa force, c’est même tout le contraire. Un producteur serait fortement avisé d’en faire une adaptation cinématographique.
L’adaptation BD quand à elle, n’est pas mal du tout. Elle use bien de la prose de Pagnol et ne rechigne pas sur les visions horrifiques. Comme le dis Jim plus haut, il faut se faire au dessin, mais au fur et à mesure on se rend compte de la pertinence ces choix. Il y a de belles idées et compositions magnifique qui parcourent les cases bien que l’ensemble soit un peu trop figés notamment au départ.
Surtout cette adaptation présente l’intérêt de proposer la fin envisagée par Marcel Pagnol. Une fin terrible pour les survivants tout en étant logique dans l’œuvre de l’enfant de Marseille. Elle s’inscrit de plus dans un certain contexte de l’époque. Mai 68 est là et l’auteur expose plus librement une certaines visions qu’on aperçoit déjà entre les lignes de La Gloire de mon père et du Château de ma mère. Tout cela donne de beaux parallèles à la fois quand on replace l’œuvre dans son contexte historique, dans l’œuvre de Pagnol mais également quand on la regarde avec la merde qui nous tombe sur la gueule en ce moment.
Il est toutefois dommage que la dernière partie (celle, donc, adaptée du récit oral) soit trop rapidement exécutée. Comme si les scénaristes et les dessinateurs avaient peur d’aller plus loin que l’auteur. Quoiqu’il en soit je suis bien content d’avoir enfin pu lire cette BD, merci à toi Jim. A la fois pour m’avoir fait découvrir la BD et la librairie dans laquelle l’ai acheté
De rien.
C’était une chouette découverte, une chouette lecture de mon côté, et je suis content d’avoir pu partager.
Jim