LES PIONNIERS DE L'AVENTURE HUMAINE (François Boucq)

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Recueil d’histoires courtes précédemment parues dans le sommaire de la revue (À SUIVRE…), cet album est une merveilleuse démonstration du talent de François Boucq pour l’absurde. Quelque part entre poésie, surréalisme et critique sociale (bien sentie).

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Les histoires assemblées dans ce recueil procèdent souvent du même principe : le surgissement de l’incongru dans le quotidien, du fantastique dans la routine, de l’imaginaire dans la normalité. Un appartement transformé en guerilla de l’extrême-orient, la chasse d’un autochtone du grand nord au fond d’un frigo, la soupe fantastico-médiévale servie dans un petit restaurant des faubourgs parisiens où viennent déjeuner deux copains qui se sont retrouvés, le point d’eau en Afrique où viennent s’abreuver des engins de chantier une fois la nuit tombée…

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Boucq y déploie un dessin réaliste mais outrancier, caricatural, surjoué. Les couleurs sont beaucoup dans le sentiment de décalage entretenu dans chaque saynète. Il critique au passage la consommation, les différences de classe, la tyrannie de la beauté. Et derrière ces histoires courtes, il y a le spectre de la confiscation de l’imaginaire, de la quête d’un ailleurs qui sert bien souvent de moteur aux personnages.

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Remarquons que c’est dans cet album qu’apparaît le fameux agent d’assurance dont Boucq fera plus tard le héros d’une série d’albums : Jérôme Moucherot. Au centre de l’épisode « Le Tigre du Bengale », le personnage, qui est encore orthographié « Mouchero », s’aventure dans la jungle urbaine, au sens propre. Son périple surréaliste a même droit aux honneurs de la couverture.

Jim