L'ESPRIT DU 11 JANVIER - UNE ENQUÊTE MYTHOLOGIQUE (Serge Lehman / Gess)

Discutez de L’esprit du 11 janvier - Une enquête mythologique

Hop, commandé.
On en reparle dans une semaine.

Jim

Perplexe. Je suis perplexe, après cette lecture.
Par la forme, d’abord : c’est un petit bouquin, peu épais, de quatre-vingts pages, en noir & blanc. Qui revient sur les tragiques événements de 2015 et leur impact sur la société. L’ensemble revêt une forme qu’on va qualifier très vite de documentaire, ou journalistique, une sorte de témoignage avec sa dimension personnelle et subjective et une volonté graphique, de la part de Gess, de donner un aspect disons photographique (là aussi pour faire court).

Après, le fond.
Là, c’est plus complexe aussi. Le récit s’ouvre sur l’ordinateur de l’auteur qui est en train d’écrire son texte, de compiler ses sources, d’ordonner ses idées. On est donc dans le registre de l’expérience personnelle, confrontée bien entendu à l’expérience collective. C’est dans le cadre de ce basculement, de ce va-et-vient, de cette dialectique, que sont convoqués (beaucoup au début, puis d’autres plus tard), essayistes, commentateurs, politiques… Mais il est clair que, dans un premier temps, le livre se contente (enfin, plus que ça, « se contente » est un peu dépréciatif, mais rien ne vient pour l’instant de plus fin) d’ordonner et de ranger les faits : les noms, les événements, les dates, les enchaînements. Lehman a la sagesse (ou la ruse ?) de convoquer le spectre du complotisme, de le renvoyer dans les cordes sans s’étaler dessus (même si on imagine que c’est tentant : à preuve, le lecteur est tenté).

C’est dans la dernière ligne droite du bouquin que la fameuse « enquête mythologique » du sous-titre prend sa forme. Parce que Lehman décrit un mythe, c’est à dire une chose symbolique et inaccessible, rêvée, fantasmée, fugace, qui file entre les doigts mais qui définit une direction, un idéal, une voie. Une histoire qui peut se résumer à quelques phrases et néanmoins porter un sens. Et c’est notamment dans la dimension méta que l’ouvrage se définit : notamment dans ces pages où l’on voit Lehman parler à Chauvel, son directeur de collection, expliquer son propos, demander plus de pages. Des pages qui sont consacrées à d’autres mythes (la République…).

C’est un bouquin impossible à résumer. Qui débute comme une sorte de reportage et qui finit comme évocation symbolique qui déborde des pages. C’est la confrontation d’imaginaires, de mythes qui se font écho (la Vierge Noire et Marianne, deux déesses mythologiques…), c’est aussi une relecture brillante de Houellebecq. C’est plein de choses, ce bouquin, sans doute trop. Perplexe je suis, une relecture s’impose.

Jim

Tu l’as lu, @n.n.nemo ?

Jim

Oui, j avais aimé pour ma part.

Mon allergie pour les groupes ne me laisse que peu gouter aux joies des grandes reunions de masse.

Son recit m a permis de saisir ce que lui a pu ressentir de fort dans cette grande manifestation de soutien à Charlie. En cela, j ai trouvé que c etait une réussite.

J ai bien aimé comme toi sa vision de houellebecque dont j ai pu dire souvent qu il avait un don pour saisir les angoisses et fantasmes de l epoque, don inversement proportionnel à la pertinence de ces prises de positions politiques. Ça se rejoint assez.

L ouvrage dit beaucoup de lui, je trouve, plus que de l évènement quelque part et c est plutôt bien venu qu il en ait fait quelque chose de l ordre de la fiction, ce qui me parait mieux que le refoulement ou d y croire trop fort. A chaud, il a trouvé une distance adéquate, à mon sens.

Enfin, le tout m a paru très bien construit. Indépendamment de ce qu on peut penser du propos, je trouve qu on est vraiment pris dans la lecture, qu on veut savoir où il veut en venir et il n accouche pas d une souris. Je comprends qu y ayant vu cela, il ait eu envie d en faire quelque chose, même si mon ressenti etait bien plus pessimiste, plein de colère et de sideration que le sien.

Un beau compte rendu des événements à la fois intime et cherchant à saisir quelque chose de ce qui s est joué pour lui et peut-etre pour nous. Si rapidement après, c etait vraiment une gageure et il a su ne pas se vautrer.

Mais peut-être etait ce à lire à chaud également ?

Malgré toutes nos différences (et nos différends) on a quand même quelques étranges points communs.

(Quoique je garde un chouette souvenir de ma soirée sur les Champs-Élysées après la victoire en Coupe d’Europe en 2000 : je n’aime pas les foules, et pourtant c’était un chouette moment.)

Peut-être pas assez distant, à mon goût. J’aurais peut-être aimé quelque chose de plus froid, davantage de l’ordre de l’essai. En fait, je ne sais pas ce que j’attendais à cette lecture. Le bouquin est longtemps resté sur mon bureau, dans l’attente d’une deuxième lecture. C’est un signe. Bon, là, il est rangé, mais pas loin… Je sens qu’il va falloir que je relise.

J’aime bien la mise en abyme, qui d’ailleurs ne s’impose pas réellement dès les débuts mais arrive progressivement.

Jim

Au hasard, un gout pour les superslips ?

Clin d’œil

Je vais volontier aux manifs, mais j observe, qui, quoi, où, comment, je prends le pouls. Je ne me mele pas, pas au niveau de l emotion.

On ne sait pas au depart mais je n ai pas eu de déception à l arrivée.