[quote]Auteur : Jon Mooallem
Traducteur : Hervé Juste & Marc-André Sabourin
Illustration de la couverture : Simon Roussin
Editions du Sous sol
105 pages
Broché : 12 €
Kindle : 8,49[/quote]
Je mets ce livre dans la section romans mais ce n’en est pas un, cependant ce n’est pas non plus un essai.
En tout cas le sujet m’a paru tellement extraordinaire que je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse profiter le plus grand nombre.
1
Un homme d’exception
Frederick Russell Burnham détestait parler en public, mais, ce soir du 19 septembre 1910, il arriva à l’hôtel Maryland de Pasadena, en Californie, fermement décidé à énoncer haut et fort quelques vérités.
À quarante-neuf ans, Burnham avait passé sa vie d’aventurier et de mercenaire à se battre avec les Indiens d’Amérique et dans diverses guerres coloniales africaines. Sa peau, brûlée par le soleil et les intempéries, portait le souvenir de ses campagnes et, bien que de petite taille – il dépassait à peine le mètre soixante –, sa présence en imposait. Le genre bulldozer. Un admirateur le décrivit comme un “meneur d’hommes admiré de tous : talentueux, entreprenant, vif”. Il dégageait au premier coup d’œil “force et maîtrise de soi”.
Burnham s’était fait une renommée en tant qu’éclaireur – un croisement redoutable entre le traqueur solitaire et l’espion qui n’a pas d’équivalent dans les conflits modernes. Les éclaireurs se glissaient en territoire ennemi pour obtenir des renseignements ou pour couper les lignes de ravitaillement, ou encore rôdaient autour des campements amis pour prévenir les attaques surprises. Ils étaient disciplinés, autonomes et dotés d’une expertise hors du commun. Leur aptitude à se mouvoir dans la nature sauvage avait quelque chose de quasi surnaturel, et Burnham, surnommé “le Roi des éclaireurs”, personnifiait à la perfection leur caractère et leurs exploits.
“Il s’est entraîné pour résister à la plus accablante des fatigues, des soifs, des faims et des blessures ; il a habitué son cerveau à une patience infinie, contraint chaque nerf de son corps à l’obéissance la plus absolue, et même appris à contrôler les battements de son cœur, écrivit le journaliste Richard Harding Davis. Il lit en dame Nature comme vous lisez votre journal.” Un autre décrivait la vie de Burnham comme “une suite sans fin d’exploits extraordinaires”.
Les gens qui avaient croisé sa route parlaient généralement de son regard désarmant. Le romancier H. Rider Haggard évoquait “ses yeux bleu-gris, francs, qui semblaient voir très loin, comme ceux de ces hommes qui scrutent perpétuellement l’océan ou les grandes plaines”. Des yeux qui percevaient tout ce qui les entourait, même s’ils étaient plongés profondément dans les vôtres. “Un regard d’une acuité et d’une gentillesse stupéfiantes, qui voyait tout sans en avoir l’air”, nota une femme. Assise sous un grand sycomore en Californie, elle avait écouté Burnham raconter ses souvenirs d’un siège en Afrique. Le pisteur avait soudain interrompu son récit et dit négligemment : “Nous tuerons ce serpent dès que j’aurai terminé l’histoire.” Personne n’avait remarqué le crotale qui avait silencieusement glissé près d’eux.
“Les sens et l’agilité de cet homme se rapprochaient de ceux d’un prédateur sauvage”, expliqua un écrivain. Il pouvait passer deux jours et demi sans dormir. Il était capable de réparer le ressort brisé d’un revolver avec un petit bout d’os de bison. Le bruit courait qu’il pouvait sentir l’eau de loin, qu’il ne buvait que très rarement et ne fumait jamais, de peur que ses sens ne s’émoussent. Ses commandants militaires le décrivaient comme un homme moitié lièvre, moitié loup, ou comme un être “totalement dénué de peur”. Mais la chose qui impressionnait le plus chez Burnham était sa réticence à parler de son indéniable grandeur. Des années plus tard, il écrivit deux versions d’un prologue à ses Mémoires, l’une intitulée “La modeste” et l’autre “La vantarde”. “La vantarde” fanfaronnait à peine, et le dernier paragraphe de “La modeste” commençait ainsi : “Si mon histoire ressemble à un récital de vantardises, je m’en excuse.” Une de ses connaissances le considérait comme “l’être humain le plus achevé ayant jamais vécu”.
Photonik
(Photonik)
Mars 2, 2016, 5:14
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Voilà un « pitch » pour le moins original…!!