Qu’est-ce que vous racontez, qu’il est pas bien le dernier Alien ?
Moi, je l’ai trouvé vachement bien. Le suspense monte bien, la tension est bien gérée, à grand renfort de faux démarrages qui mettent en haleine, les personnages sont bien, ils ont des vies, des attentes et des blessures, les acteurs les portent bien, les effets spéciaux sont sobres et la créature convaincante, la gestion du huis-clos est astucieuse et la spatialisation particulièrement fluide.
Qu’est-ce que vous racontez, la caméra subjective représentant la vision de la bête est idiote ?
Au contraire, elle est intéressante, colle assez bien avec l’aspect gélatineux de la bestiole, et s’intègre bien dans une narration qui a intégré la caméra à l’épaule ou la modélisation 3D comme supports d’information.
Qu’est-ce que vous racontez, le doute sur l’identité des deux personnages à la fin est mal géré ?
Au contraire, c’est bien ramassé, le suspense est constant, l’alternance entre les deux crée un rythme, le montage génère des fausses pistes qui permettent de maintenir le doute, tout cela concourant à ne pas déballonner la surprise, qui reste efficace jusqu’à la fin.
Non, vraiment, il est très bien, ce nouvel Alien.
Ah, attendez…
Comment ?
Pardon ?
Vous êtes sûrs ?
On me dit dans l’oreillette que ce n’est pas le nouvel Alien. Que le nouvel Alien, c’est l’autre navet dégonflé comme un soufflé sorti trop tôt du four.
Bon.
Autant pour moi.
Trêve de plaisanterie, sans déconner, Life renoue avec la tradition lancée par Ridley Scott en 1979, le générique d’entrée et le logo étant un aveu très net de cette filiation.
Bon, après, c’est aussi un film qui n’a pas oublié les héritiers d’Alien, et les renvois vers M.A.L. ou Leviathan sont aussi discrets que nombreux (la main bandée, les placards…). Conscient d’être un film de genre, Life n’hésite pas à référencer (le final donne des coups de coude en direction de Gravity, aussi…).
Ce qui n’enlève rien à une construction efficace, d’autant plus ramassée que le film fait 1h44 (vive les films « courts »), des personnages attachants, des acteurs ni en roue libre ni en laisse, et une formidable gestion des décors. De la série B comme j’aimerais en avoir plus souvent.
Quant au final, très sombre (encore un point commun avec Alien: Covenant, et encore une occasion pour laquelle Life prouve sa supériorité), il me fait penser à ce que disait Nikolavitch dans Cosmonautes, en parlant d’un imaginaire spatial présentant l’ailleurs, le ciel étoilé, comme source de danger et d’hostilité. Ce qui, par contrecoup, en dit long sur l’état dépressif et paranoïaque de notre société.
Tiens, je vais relire ce passage, na.
Jim