J’ai vu le film en VOD hier soir complètement par hasard, j’ignorais qu’il était déjà dispo, et j’en ai déduit qu’il n’est pas passé par la case sortie en salles. Quelle honte. Quand on voit la qualité de ce projet d’une part, et la quantité de merdes infâmes qui ont droit à une sortie salles, on se dit que les distributeurs marchent sur la tête…
Petite anecdote : j’ai appris hier ici-même le décès prématuré de James Gandolfini, alias Tony Soprano, et il se trouve qu’il joue dans ce film. Franchement, et je ne me savais pas capable d’une telle sensiblerie, j’ai eu un sacré pincement au coeur en le voyant appraître à l’écran. Tous ceux qui ont aimé passionément « Les Soprano » comme moi comprendront, ce gros salopard de Tony nous semblait un peu appartenir à la « famille » (c’est le cas de le dire)…
Je sais qu’il y a quelques aficionados des « stupid comedies » qui traînent par ici (Doc, je t’en sais friand !!). Si c’est votre cas, foncez : c’est un excellent cru !!
Déjà, quel casting de malades : Steve Carrell (dans un rôle plutôt typique de ce que fait habituellement Will Ferrel, c.a.d. le médiocre qui a des prétentions…), Steve Buscemi (en mode Donny dans « The Big Lebowski »), la sublime Olivia Wilde (mamma mia…), James Gandolfini donc (sniff), l’excellent Alan Arkin (qui semble abonné désormais à ce type de rôles), et bien sûr l’incomparable Jim Carrey qui se contente ici d’un rôle secondaire, ce qui lui évite de cannibaliser le film en « écrasant » ses partenaires…et y’a même un cameo de David Copperfield (mais on s’en fout).
Inutile de vous dire que le film est à hurler de rire, je n’insiste pas, vu les talents impliqués ça ne surprendra personne (quelle riche idée de faire une comédie basée sur la prestidigitation). Mais la réussite du film ne se situe pas que là.
Alors que Scardino ne semble pas avoir beaucoup bossé en dehors de productions télévisuelles (mais il en a fait un paquet), le métrage se révèle avoir une sacré gueule ! De quoi rager encore plus de ne pas le voir sur grand écran…
C’est au niveau de l’écriture que l’on trouve également des choses très intéressantes. Un réalisateur (peut-être Fede Alvarez ?) disait récemment qu’il prenait exemple sur les films des ZAZ (on en est pas loin ici en termes de démarche), en tant que pour faire leurs films parodiques, les ZAZ commençaient par écrire un scénario béton dénué de gags, mais qui doit fonctionner en tant que tel, au premier degré.
Et seulement après, on rajoute les vannes. C’est très excatement le cas ici : le script « à poil » est en béton, classique mais habile (les ellipses…). C’est une histoire de « Rise and Fall and Rise » avec éloge de l’humilité en bonus (comme « Ron Burgundy » et un tas d’autres films similaires en somme), très très américaine, mais qu’est-ce qu’ils sont forts dans ce registre.
Sans compter que le film se paye le luxe d’une réflexion sur le « sense of wonder » propre au monde des illusionnistes assez touchante. Pour le formuler comme Serge Daney, « il faut savoir rester fidèle à ce qui nous a un jour transi », telle pourrait être la morale du film.
Cerise sur le gâteau, malgré la teneur de son propos, le film se permet à l’occase des pointes de mauvais esprit assez jouissives : exemplairement, Jim Carrey au goûter d’anniversaire, et surtout cet hilarant « envers du décor » du spectaculaire numéro final, vraiment très drôle.
Dans ce registre, les anciens du SNL sont vraiment imbattables…
Excellent.