LOVECRAFT COUNTRY (Saison 1)

Mais tout ça, on le savait déjà.

Pas que tu es plus beau. :slight_smile:

Je me suis un peu gratté la tête en te lisant, parce que j’ai du mal à croire que tu n’étais pas au courant pour le racisme exacerbé de Lovecraft. (…Et pour Céline, on t’a mis au courant aussi ?) A la limite, j’ai presque plus l’impression à l’heure actuelle qu’il est connu pour ça plutôt que pour son œuvre elle-même, même si les deux sont inextricablement liés de toute façon — au point qu’à la fin de sa vie, quand il renié ses anciennes vues et viré à gauche, il a arrêté d’écrire, comme si le carburant n’était plus là.

Ceci mis à part, je confirme que l’article m’a aussi semblé étonnamment bien fichu pour un article d’Allociné, même s’il y a toujours moyen de creuser plus — et que La Couleur tombée du ciel me semble peut-être l’exemple le moins convaincant qu’ils auraient pu citer, alors qu’il n’y a pas besoin de bien de chercher bien loin non plus — mais tout de même.

Eh bien, crois-le. Ou pas.
Et oui, je savais pour Céline. Mais merci de t’en soucier.

Lovecraft, je l’ai découvert tardivement. D’abord, par le prisme du jeu de rôles. Ensuite quand je bossais pour Oriflam qui publiait des anthologies autour de ses créations ou de ses héritiers littéraires.
Comme je maquettais les bouquins - j’en ai même fait les couv… pas fier, du coup… mais la boîte faisait avec son économie - j’ai lu tout ce qu’on a publié. Et j’ai aimé, même si les nouvelles étaient inégales suivant les auteurs.

Bref, je savais que le gars n’était pas un gauchiste, mais un raciste aussi viscéral, ça, je l’ignorais.
Si tu savais le nombre de choses que j’ai apprises sur ce forum au fil des ans, tu te gratterais encore la tête. Avec moins de soupçons, peut-être.

Si l’ignorance est la mère de tous les maux, n’hésite pas à m’éduquer, je suis preneur.
Mais fais-moi la grâce de ne pas me soupçonner du pire. :slight_smile:

Oh, ça, va falloir chercher des images, tiens…

Jim

Te sens pas obligé. :slight_smile:

Hmm, première recherche, je tombe sur ça…

oriflam84-1998

oriflam85-1998

oriflam87-1998

oriflam88-1998

Pas de quoi avoir honte non plus !

Si jamais j’en déniche, je sais ce que je te ferai dédicacer la prochaine fois, héhéhéhé…

Jim

Bon courage. )

(Et là, j’imagine Sylvain Cordurié racheter tous les exemplaires qu’il croise chez les bouquinistes et les brûler en cachette afin d’éliminer toute trace de son passé douteux…)

Jim

Naannn…
Les années Oriflam ont été de très belles années pour moi.

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Je ne soupçonnais ou n’insinuait rien de tel ! Mais il me semblait me souvenir (à tort ?) que tu avais œuvré pour la collection 1800 de Soleil et je pensais que tu avais dû glisser cthulhesqueries dedans. Du coup, ne serait-ce qu’entre ça et les récentes BD de Moore sur la question (qui loin d’éluder le sujet, s’ébattent dedans), mon étonnement à l’idée que tu n’aies jamais croisé de propos sur ce sujet était sincère, et par ailleurs dénué de toutes arrière-pensées.

La comparaison avec Céline, c’est aussi parce qu’à côté de l’outrance commune dans le délire, ce sont deux cas où on ne peut vraiment pas séparer l’homme et l’œuvre. C’étaient des écrivains géniaux parce que c’étaient des êtres humains épouvantables. Leurs idées pourries ne nourrissent pas seulement des thèmes de leurs bouquins mais leur esthétique même — l’article que tu liais en donne un aperçu —, du coup il me semble qu’on peut vraiment difficilement faire l’économie de les considérer — ce qui ne veut pas dire qu’il faudrait s’interdire de les lire et tout brûler, hein, soyons clairs.

Je n’ai pas encore tenté Lovecraft Country, mais il semble s’inscrire dans un mouvement récent de « réappropriation » qui tout en revisitant l’imaginaire lovecraftien, et donc en lui rendant hommage, donne consciemment la premier rôle à ceux que HPL ignorait ou abhorrait (les minorités raciales et plus généralement les non-WASP ; les femmes ; les minorités sexuelles…). Ce qui ne me semble pas la moins intéressante des approches, mon seul regret étant qu’on oublie généralement de citer le grand précurseur de la démarche, nul autre que le pen pal de Lovecraft, Robert E. Howard. Des nouvelles de ce dernier qui « acclimatent » l’approche de l’horreur lovecraftienne au contexte « sudiste », il faut lire au moins Les Pigeons de l’Enfer, une formidable nouvelle publiée à titre posthume en 1938, qui confronte des personnages typiques de Lovecraft (des gentlemen érudits en provenance de Nouvelle Angleterre) au cauchemardesque héritage des plantations esclavagistes.

Alors tant mieux.
C’est vrai. Entre SH & le Necronomicon et le tome 1 des Chroniques de Moriarty, j’ai donné dans le cthulien. Je l’avais même fait avant dans Le Céleste Noir (un de mes rares regrets… j’aurais voulu poursuivre l’aventure, mais pour diverses raisons, je n’ai pas pu).
J’aime cette imaginaire.
Mais je n’ai jamais véritablement creusé la question de l’auteur, d’où mon étonnement relatif à la lecture de l’article.
De même, je ne suis pas un expert de Conan Doyle. J’aime ses nouvelles, je connais un peu son parcours, mais je ne suis pas armé pour répondre à un quiz sur le bonhomme.
Et je n’ai pas lu Providence de Moore. Ni Neonomicon ou The Courtyard.

Sujet compliqué…
Céline, je n’ai jamais pu, à cause des saloperies écrites pendant l’occupation sur les Juifs, mais pas que… ça me bloque.
L’œuvre et l’homme, oui, ça forme un tout. Et à choisir, je préfère vivre dans un monde sans Céline.
Que les gens de lettres ou les amoureux de la littérature lui trouvent des excuses au titre de son génie littéraire… je n’y arrive pas.

Quant à Lovecraft, je n’ai curieusement pas ressenti sa haine de l’autre dans ses écrits. Mais il faut dire que les nouvelles que j’ai lu de lui se fondent dans celles de ses héritiers.

Je le note.

Pas tout à fait le même profil…
Il suffit de voir son intervention dans des procès de condamnation à tort de personnes issues de minorités.
Bon, un personnage étonnant aussi : il a fait des études de médecine (mais n’a pas beaucoup exercé), mais croyait au spiritisme et était convaincu de l’existence des fées et autres êtres surnaturels (il était un fervent défenseur de la véracité des photographies des fées de Cottingley).
Un féru d’histoire, aussi… Mais ses nombreux écrits sur le sujet sont restés dans l’ombre de Holmes et de Challenger…

Tori.

D’une certaine manière, son Sherlock Holmes est aussi pour lui une manière de se moquer d’un rationalisme envahissant. Et sans doute mensonger à ses yeux.

Il n’y a qu’à voir la proportion que prennent ces deux personnages dans l’intégrale de son œuvre pour se rendre compte que leur ombre est vraiment disproportionnée.

Jim

C’était surtout un hommage à son professeur Joseph Bell : il a transformé les méthodes de celui-ci en personnage, tout en les amplifiant à l’extrême.

Tori.

Aussi, oui. Mais sa capacité à mettre en scène un personnage qui dénigre ses propres élans en dit long sur sa capacité à créer des figures convaincantes.

Jim

Le sixième épisode est peut-être le meilleur avec le premier.

L’intrigue principale marque le pas dans les épisodes 5 et 6 (à part ce qui concerne Christina Braithwite et la révélation de la fin du chapitre 5…c’était prévisible mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit révélé de cette façon) afin d’étoffer certains personnages (Ruby, Montrose) et d’étendre cet univers à d’autres mythologies (l’utilisation du Kumiho des contes et légendes coréennes dans le 6). Ce qui arrive à Ruby donne lieu à une nouvelle exploration du racisme et de l’hypocrisie à travers une version gore et dérangeante de Jekyll & Hyde. Et le long flashback du 6 est en effet un très bon épisode, qui monte bien en puissance, et qui mêle avec efficacité drame (l’histoire de Ji-Ah et d’Atticus est très touchante), sexe et horreur, aussi bien réelle (tortures, lynchages…) que surnaturelle…

Ah tiens, j’avais oublié de causer de la fin. Globalement, j’ai passé de bons moments devant Lovecraft Country, malgré des épisodes plus inégaux comme le numéro 7 qui s’éparpille un peu trop avec l’étrange odyssée interdimensionnelle d’Hippolyta qui alourdit son message. La série est à son meilleur lorsqu’elle se recentre sur son cocon familial et des éléments plus horrifiques, qu’ils soient réels ou surnaturels. L’épisode 9, dans lequel Atticus, Leti et Montrose remontent le temps jusqu’au massacre de Tulsa de 1921 (qui fut aussi l’un des éléments importants du Watchmen de Damon Lindelof), est l’un des meilleurs avec le premier et le sixième. Un chapitre fort et poignant, qui rend le final un peu plus faible en comparaison.
Quelques réserves donc, mais j’ai bien aimé…et je retrouverais bien cette très bonne distribution pour une deuxième saison (pas de nouvelles sur ce sujet un mois après la fin de la diffusion)…

A priori, une saison 2 est envisagée, mais pas une suite de la saison 1.
L’approche anthologique semble privilégiée.

Reste que le renouvellement n’a pas été annoncé.
Après l’arrêt de The Outsider qu’on espère promis à un accueil sur une autre plateforme, HBO poursuit et signe… en ne signant pas.