LUNE D'ARGENT SUR PROVIDENCE t.1-2 (Éric Hérenguel)

Révélé par Carnivores puis Edward John Trelawnay, et après un passage par Balade au bout du monde et la création de Krän, Éric Hérenguel signe avec Lune d’argent sur Providence un diptyque qui allie western, mythe du loup-garou et références lovecraftiennes.

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Dans une petite bourgade en bord de forêt, une femme arrive, s’intéressant à l’héritage d’un fermier mort récemment. De mort violente. La communauté est endeuillée par des disparitions horribles, et les soupçons se portent vers un vieil Indien qui, de fait, en sait plus que ce qu’il dit. Le shérif, sorte de héros à la mâchoire carrée mais au tempérament souriant et presque enfantin, ne croit pas à la culpabilité de ce dernier. Mais les esprits s’échauffent, d’autant qu’un tueur ayant fait jadis partie du village est revenu, bien décidé à tuer l’assassin et surtout à échauffer les esprits tout en tirant la couverture à lui.

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Le récit s’embarque alors dans un surnaturel échevelé, des monstres sylvestres apparaissant tandis qu’un portail vers un autre monde s’ouvre en plein cœur de l’église. La présence de la jeune femme, fort à propos nommée Miss Gatling, n’est pas fortuite, puisqu’elle est à la recherche d’un livre contenant des secrets et qui n’aurait pas dû tomber entre les mains de gens n’appartenant pas à sa communauté de templiers.

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Le scénario retourne les attentes du lecteur, déjà en traquant la moindre parcelle de manichéisme puis en éclairant les motivations des créatures, maintient en haleine et réserve des surprises régulières. L’humour est bien présent, notamment à travers des dialogues lorgnant vers la comédie, ce qui permet d’alléger certains instants de drame vraiment poignant.

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Graphiquement, les planches sont bien composées, le souci de lisibilité est présent, les couleurs, réalisées par l’auteur, servent l’ambiance, et si les créatures (notamment la plus grande, aux bois de cerf) rappellent celles qui hantent les forêts des Mythagos de Holdstock, leur traitement graphique n’est pas sans évoquer Arthur Suydam.

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Le montage réserve de belles surprises. Par exemple, le premier meurtre est évoquée d’abord par la visite que les deux héros rendent à la scène de crime, puis ensuite seulement par la description de la scène elle-même. De même, la mort de la petite Simone est passée sous silence, ce qui rend l’insupportable douleur des parents et des amis encore plus palpable, et fait monter la tension dans le village, justifiant des comportements inattendus chez certaines personnes.

Un très chouette récit, qui dépasse et de loin son seul prétexte horrifique.

Jim