Ca m’étonne quelque peu qu’en 2008 certains en soient encore à débattre sur un sujet qui a été résolu (si tant est qu’il y avait vraiment à en débattre 100 000 ans) il y a des années, et est unanimement accepté dans le milieu « spécialisé » dans le domaine.
De toute façon c’est simple, si l’on veut classer un manga par les termes maintenant usités de « shôjo », « shônen », « seinen » etc… (et dont, en passant, leur apparition dans le paysage éditorial français ne sont pas le fait de glénat mais de tonkam), qui sont des termes japonais précisément associés à quelque chose de précis et pas à autre chose (en l’occurence les « mangashi », les magazines de prépublications) il faut reprendre leur signification si on les emploie. Sinon libre à toi de les classer autrement, dans ta propre catégorie : sport, nature et découverte, petites culottes, garçons de moins de 16 ans avec tatouage sur la clavicule et fibre romantique, adulte mariée et 3 enfants, enceinte du 4e etc…
Enfin, la comédie sentimentale, du point de vue d’un héros masculin, a toujours été l’un des genres du shonen le plus répandu et le plus vendeur (avec l’aventure/combat et le sport), donc oui bien évidemment un love hina ou un pretty face, ça « pue » (passez moi l’expression) le shônen à 100km, et le pur, le tatoué
(et comme me le faisait bien justement remarquer ma copine : « qu’est ce que ça veut dire qu’une comédie sentimentale ne serait pas du shônen ? ça ne paraîtrait pas assez viril pour être shônen à 100% ? seul le combat doit être consédéré shônen ? »
Bref, j’en profite pour replacer ici les arguments sur un débat similaire que j’ai eu ailleurs il y a qq années; où je pense dire encore mieux ce que je pense sur le sujet :
« Quoi qu’il en soit, et personnellement, je suis totalement d’avis de ne pas transiger sur le mag de prépublication, pour la bonne raison que définir un genre sur d’autres critères est extrêmement subjectif et dépend entièrement des référents propres à chaque personne, dans son approche personnelle de ce qu’il croit qui fait un genre ou non. Et bien souvent, il n’a pas tous les éléments (comme l’aurait peut être plus un natif japonais) ni la sensibilité adaptée, ni la vision suffisamment globale pour juger de la place d’un titre dans une mouvance destinée à un public précis. C’est d’autant plus vrai pour la date de parution d’une série. En effet, ce n’est pas parce qu’elle a 30 ans d’âge qu’il faudrait redéfinir le public qu’elle visait à l’époque et que bizarrement elle ne viserait plus actuellement. Car se pose la question tendancieuse de la plus ou moins grande ouverture d’esprit à une époque ou à une autre (a t’on vraiment évolué ? qu’est ce qui permet de le dire sans paraître exagérement présomptueux ?), et de là d’idéaliser ou au contraire d’enfoncer ce qui a pu se faire à une époque donnée. Le fait de ne pas pouvoir appréhender un contexte passé aussi bien qu’un contexte présent est bien trop souvent source de mauvaise interprétation. »…]
"…]Tout simplement parce que cette classification, que celà vous plaise ou non, est une classification qui n’a rien de française mais est japonaise à la base. Pour un japonais dire shônen, shôjo ou seinen ça ne veut rien dire d’autre que c’est un titre publié dans un magazine qui vise un public très ciblé. Ensuite que l’on fasse une extension de cette règle en définissant un « genre » de manga, c’est une habitude de langage pourrait-on dire, mais il ne faut pas oublier d’où ça vient à la base.
De toute façon, dans 80% des cas, le contenu du manga est justement formaté pour être publié dans un magzine précis puisque formaté pour plaire à un public précis, puisque formaté pour vendre en étant sûr de son coup. Donc dans 80% des cas, sans savoir le magazine de prépublication, on peut presque à coup sûr définir un genre, en accord à la fois avec des codes d’un genre et en accord avec les pages de publication. Celà étant, et c’est ce que je pointais plus haut, pour un lecteur qui n’a pas assez de références de ces codes graphiques ou de narration, il y a très souvent des confusions qu’un japonais ou un amateur averti ne ferait jamais et on part cette fois en plein dans le subjectif, et le genre sera soumis aux envies de chacu, d’où la nécessité d’une règle plus stricte.
La règle stricte qui vaut dans le milieu et qui est unanimement reconnue par les spécialistes (cf. animeland, ou les différents ouvrages de référence sur le manga), est une et unique et c’est le magazine de prépublication…]
Et puis, pour défendre aussi la façon de classer un manga en dehors du mag de prépublication, on peut trouver une concordance entre les détenteurs d’un genre, mais ça comporte encore une fois une part d’aléatoire, comme je l’avais écrit il y a longtemps (à une époque où j’étais bien plus optimiste sur la capacité des gens à reconnaître un genre d’un simple coup d’oeil par les codes exposés):
"…]Cependant comme c’est justement un choix marketing, les éditeurs ne font pas le choix de rentrer n’importe quel type d’histoire dans leur magazine. Il y a un certain consensus qui s’est établi pour obtenir des oeuvres plus ou moins formatées sur un principe commun et surtout reconnaissable immédiatement par son lectorat
Pour ne pas heurter son lecteur type et le garder comme lecteur fidèle (mouton ? ) et rester politiquement correct, un récit avec les codes habituels du shôjo ne se retrouvera pas dans un « shônen jump » :euh:
Les japonais ayant compris (ou expérimentés plutôt) que pour atteindre le maximum d’efficacité dans un récit il faut qu’il soit typé, il faut pouvoir trouver des références à quoi s’accrocher, il faut pouvoir retrouver un type de dessin, un type de narration. Le public est ainsi fidélisé pour les oeuvres futures et il n’y aura pas besoin de s’investir excessivement pour le convaincre d’acheter. Il sait ce qu’il achète (en gros) donc il ne sera pas déçu, donc il rachètera pour retrouver ce qu’il lui a plu CQFD.
De plus au final, avec l’habitude, l’exemple générationnel (parents, grand frères et soeur, sempai…) la société impose subrebticement à ses lecteurs d’âge ou de sexe différent, de se diriger vers tel ou tel type de récit dont l’efficacité sur ce type de lectorat a prouvé sa force et sa portée et dont l’image dans l’inconscient collectif est en adéquation avec les valeurs classiques (quoique arbitraires) de virilité/féminité/enfant/adulte. Ce cloisennement permettant aussi d’affirmer son identité (notamment sexuelle) aidé par cet environnement mercantil.
C’est pour ça que les récits se sont eux même construits leur propre identité au fil du temps, une identité qui ne peut de toute façon pas s’écarter de son origine de prépublication pour un oeil un tant soit peu exercé (sauf très rares exceptions avec des magazines à l’identité plus floue ou nouvellement créés, mais un peu underground avec un public plus exigeant).
Par extension on peut donc définir un manga au delà de son magazine de prépublication, mais simplement par son traitement d’un sujet, les thèmes traitées, sa mise en page, ses « intensifs graphiques spécifiques » qui sont une base commune, bien au delà des particularités propres à chaque mangaka (et rares sont ceux qui chercheront à s’en détacher puisque qu’ils sont commandités pour fournir une oeuvre qui reste dans des normes connues et reconnues du lectorat (donc vendeuses))
Des manga comme love hina, avec un nombre important de situations gags/fan service sont de simples comédies pour flatter le lectorat masculin et sont donc typiques du shonen (sans compter une mise en cases classique dont les seuls débordements sont ceux réservés aux phases d’action). Il n’y a pas ces éléments annexes d’éthération du shojo (typiquement fleurs, plumes, l’univers dans les yeux etc…) ou bien une destructuration de la mise en page. il n’y a pas non plus une recherche plus « psychologique » des comportements humains et il ne se met pas comme une mise en abyme des interrogations sentimentales (et réponses par l’exemple) de l’adolescent(e), son but est autre, sa finalité exaltatrice est autre, son intérêt est autre.
Même si l’on ne peut pas non plus donner une liste exhaustive d’éléments qui seraient typique d’un genre et d’autres typiques d’un autre genre (un auteur pouvant s’inspirer des meilleurs choses qu’il a aimées à droite à gauche) il est presque toujours possible de caractériser un genre par une somme d’éléments majoritaires (bien entendu lorsqu’on le lecteur est habitué à ce genre d’éléments, ce qui est plus difficile pour des récits atypiques ou visant un lectorat restreint), ce qui correspond bien 99 fois sur cent à son origine de prébublication :ruse: (encore une fois CQFD )
P.S : par contre il ne faut pas chercher des définitions simplistes non plus, comme 10 filles un gars :euh: ce qui de toute façon se révèlerait insuffisant, car c’est d’un ensemble d’éléments et non pas d’un simple postulat que l’ont peut arriver au constat : « genre » prisonnier de la prépublication engendre « genre » libéré dans la société "