MAMORU OSHII: RÊVES, NOSTALGIE ET RÉVOLUTION (Julien Sévéon)

Je ne pense pas que j’aimerais « Carnets de massacre » non plus, en fait. L’eroguro ne m’attire pas du tout.
Mais « Fraction » par exemple, c’est un tout autre délire, qui contient d’ailleurs un sous-texte sur le fait que Kago en a plein le cul d’être enfermé dans cette case et a envie de changer de créneau.

Le créneau en l’occurrence, c’est de faire « le Meurtre de Roger Ackroyd » d’Agatha Christie, mais en BD. Et c’est sacrément réussi. Pour ceux qui ne connaîtraient pas le roman de Christie, un p’tit spoil :

le coupable n’est autre que…le narrateur, de façon totalement imprévisible. En plus de chercher à déjouer les attentes du lecteur (on ne penserait jamais qu’on ne peut pas faire confiance au narrateur, hein ?) Agatha Christie cherchait à faire un roman à la Arthur Conan Doyle où le coupable serait le Dr Watson…

Kago avec « Fraction » se livre à ce genre de manipulations narratives (il cite explicitement le roman de Christie d’ailleurs), mais en plus, se livre à un exercice extraordinairement ludique d’exploration des possibilités narratives en BD, un peu à la Scott McCloud, toutes proportions gardées.

Vraiment excellent. Et je me répète, j’en ai rien à foutre de l’eroguro (et j’y connais rien en manga)…