L’un des tout meilleurs titres de Wolfman, comme il le dit ? Je n’en serais pas si sûr. Mais effectivement je rejoins Ben (qui a lâchement, oui lâchement et en toute conscience il n’y a pas à en douter, profité que je m’étais endormi devant mon écran, terrassé par le rhume , pour poster en premier) : le résultat est fort bon.
Il faut reconnaître qu’en voulant donner un nouveau récit des débuts du Boy Scout à Metropolis, Wolman et Castellini se sont attaqués à un sujet indéniablement porteur mais, justement à cause de cela, ultra rebattu. Rien qu’au cours des vingt dernières années, on peut citer le Superman For All Seasons de Loeb et Sale, le Superman: Birthright (Les Origines en VF chez Urban) de Waid et Yu, le Superman: Secret Origins (Origines secrètes) de Johns et Frank, la trilogie Superman: Earth One (Terre 1) de Straczynski et Davis pour une version un peu « alternative » mais pas beaucoup plus que les autres, le run de Morrison sur Action Comics période New 52, le Superman: American Alien de Landis et compagnie, sans compter la série Smallville sur le petit écran et le Man of Steel de Snyder sur le grand, et je crains d’en oublier.
Sans doute cet effet de saturation aura-t-il au moins en partie joué dans la remise au placard, initialement en tout cas, du projet de Wolfman. Vu les dates dont on parle, je dirais que ce sont les Origines secrètes de Geoff Johns (et non les New 52, bien postérieurs ) qui ont pris la place, venant notamment réinstaurer, pour coller à la vague Smallville, la vieille idée de l’Âge d’Argent d’un Clark Kent et d’un Lex Luthor amis d’enfance à Smallville avant de se déchirer.
Donc, la concurrence ne manque pas, ni les points de comparaison d’une version à l’autre. Si ce Man and Superman se situe plutôt dans le (très) haut du panier — pour toutes les qualités énumérées par Ben ci-dessus, que je ne peux qu’approuver, et pour un tas d’autres bonnes idées en cours de route qu’il faudrait citer aussi —, je n’en ferais pas tout de même pas nécessairement LA plus grande réussite du lot. Sa principale limite est sans doute un côté un peu frustrant, une impression de « s’arrêter trop tôt » alors qu’on en aurait, spontanément, bien redemandé.
Mais cette limitation est la contrepartie de ce que j’appellerais l’humilité foncière du projet, qui fait aussi beaucoup de son charme. Wolfman s’attache à une période courte et particulière, une période « de transition » entre l’arrivée du jeune provincial dans la grande ville et ses débuts aussi bien en tant que super-héros qu’en tant que journaliste-vedette. Pas d’autre enjeu que cela ici. Pas, par exemple, de grands affrontements vraiment épiques venant cimenter le rôle du surhomme. Mais une période où le personnage doute, hésite, mais aussi fréquente les « hommes du commun » alignant les petits boulots. Plus (ou moins) qu’un « récit d’origine », Man and Superman se veut en quelque sorte un prologue : à partir du moment où d’une part Superman, en costume, pardon, en uniforme, et Clark Kent, d’autre part, se retrouvent à la une du Daily Planet, le but est atteint et cette page se referme.
C’est logique…mais c’est un peu dommage, parce que du Superman de cette qualité-là, et de cette humanité-là, j’en aurais bien repris quelques dizaines de pages de plus… ou quelques centaines.