Pouah.
Ma première grande et authentique déception dans la filmo de Cronenberg : je n’ai pas, mais alors vraiment pas, apprécié ce film, et il m’a même semblé hautement antipathique, pour tout dire. Moi qui vénère Cronenberg…
Le film se veut donc une mise en boîte féroce d’Hollywood, mais d’après les dires du cinéaste lui-même, Hollywood est à prendre comme une image de la société contemporaine. Le star-system comme paradigme de notre société actuelle ? On peut pas dire que ce soit franchement nouveau. Mais pourquoi pas.
Et, de fait, il faut bien reconnaître que le film soulève quelques pistes thématiquement passionnantes. Mais quels dialogues horribles, quelle fadeur dans la mise en scène !!
Pour les dialogues, le scénariste Bruce Wagner sombre dans un travers qui m’insupporte assez : le name-dropping à profusion, histoire de bien faire ressortir l’hyper-contemporanéité de l’intrigue. C’est assez artificiel, vain et pour tout dire assez casse-bonbons si on n’est pas un lecteur assidu de Vanity Fair (ce qui n’est pas mon cas).
Quant à la mise en scène, j’ai beaucoup entendu parler de « sobriété » ou de « sécheresse volontaire » à son égard. Mais ça a toujours été le cas chez le canadien, très peu de mouvements de caméra ostentatoires chez lui par exemple (il faut dire qu’il ne prépare pas ses plans à l’avance et décide sur le plateau des mouvements d’appareil en étroite collaboration avec le chef-op’). L’art cronenbergien est toujours beaucoup plus passé par le découpage et le montage.
Mais ici c’est autre chose. J’ai peut-être de la merde dans les yeux, mais je n’ai pas repéré UNE seule idée de cinoche ici. Alors on me dira que Cronenberg en réalisant un film volontairement moche a voulu déglamourisé Hollywood : certes, certes. Mais le résultat est là : c’est affreux, et la photo numérico-clinique en atteste en premier lieu. A côté, « Cosmopolis », c’est « Les Moissons du Ciel »…
Et puis bon, pour porteur qu’il soit, le sous-texte est quand même amené de manière assez grotesque : l’inceste comme image de la consanguinité inhérente au petit microcosme hollywoodien, c’est un peu court, jeune homme. Quant au fait de lier tout ça aux réminiscences des grands mythes antiques (pas avares en incestes) voire au grand courant romantique plus tardif, ce que les critiques favorables au film (y’en a pas des masses…) se sont empressés de faire, pourquoi pas, mais il faudrait plus que quelques lignes de dialogues, ou la polysémie du titre (« stars » de cinéma et étoiles dans le ciel) pour le suggérer.
C’est également, paraît-il, le film le plus drôle de Cornenberg : de toute façon, en la matière, Cronenberg n’avait jamais vraiment concrétisé quoi que ce soit, à l’exclusion de quelques passage bizzaroïdo-comiques dans son « Festin Nu ». C’est simple, pour ma part je n’ai ri qu’une fois, devant le tournage d’un pseudo-« Star Trek » du pauvre où le perso de Pattison fait de la figurtion. Pour le reste, peau de bique.
C’est donc raté à ce niveau, à moins que la vision d’une femme aussi belle que Julianne Moore qui est prise de flatulences incontrôlées (oui, oui) vous fasse hurler de rire…
Tout ce qui concerne l’aspect « organique » du film, justement, avec le sang des menstrues, les touchers rectaux, etc…n’était pas inintéressant a priori dans le sens où ses éléments avaient probablement pour fonction de rappeler à des personnages « déjà morts » qu’ils sont en fait bel et bien vivants. Raté encore, Cronenberg accouche en fait de pénibles moments de pseudo-provoc’ épate-bourgeois d’une indigence crasse. Un des aspects les plus insupportables du film.
Dommage, j’aimais bien le casting, et les acteurs s’en sortent d’ailleurs pas si mal, avec une Julianne Moore hystéro très convaincante (dans un rôle vraiment pas facile), l’étrange Mia Wasikowska aussi intrigante que dans « Stoker » de Park Chan-Wook, Robert Pattinson que j’aime de plus en plus avec sa belle gueule un peu bizarre aussi, et John Cusack, excellent dans un rôle de salopard en en faisant très peu…
Pouah.