MAPS TO THE STARS (David Cronenberg)

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

21 mai 2014

REALISATEUR

David Cronenberg

SCENARISTE

Bruce Wagner

DISTRIBUTION

John Cusack, Julianne Moore, Robert Pattinson, Mia Wasikowska, Olivia Williams, Carrie Fisher, Sarah Gadon…

INFOS

Long métrage canadien/américain
Genre : drame
Année de production : 2013

SYNOPSIS

C’est un conte contemporain qui explore les démons d’une société obsédée par la célébrité. L’histoire de la famille Weiss, dirigée par Stafford, un psychothérapeute et coach particulier qui a construit sa fortune sur des livres de développement personnel. Sa femme est à la fois la mère et la manageuse de leur fils de 13 ans, une star de la télé tout juste sortie de désintox. Sa fille vient elle de sortir d’hôpital psychiatrique. Elle va se lier d’amitié avec un conducteur de limousine qui rêve de devenir une star de cinéma. Quant à Havana, l’une des clientes de Stafford, c’est une comédienne dotée d’un nouvel assistant très particulier. Le rêve d’Havana est de reprendre le rôle qui a fait connaître sa mère décédée dans un film des années 60, mais elle se perd dans ce souhait vicieux, obsédée par une figure maternelle morte qui la hante…[/quote]

Je demande à voir.
Rarement été déçu par le père Cronenberg (un peu par « A Dangerous Method », un peu par le dernier acte de « A History of Violence »…), un des mes cinéastes de chevet.
Il semble depuis peu s’intéresser à une sorte d’hyper-contemporanéité (« Cosmopolis »), ce nouveau projet me semble également aller par là.
Un casting intéressant, en prime.

Il y a de tout chez Cronenberg, du très bon (Les promesses de l’ombre notamment mais aussi Cosmopolis) et du pas folichon du tout… (Spider, A dangerous method) mais comment dire il y a Julianne Moore alors je sens que je vais craquer et aller le voir à sa sortie.

De très bon chez Cronenberg, il y a aussi absolument tout ce qu’il a fait entre 1976 et 1990, hein (et même au-delà), ce qui en fait un cinéaste considérable, confinant même (je me lâche) au génie : « Videodrome », quand même…quel film incroyable.
Ceci étant dit, j’aime beaucoup moi aussi « Les Promesses de l’Ombre », et j’aurais pu citer au rayon des déceptions (mineures, malgré tout) « Spider », à moitié réussi (ou à moitié raté, c’est selon).

La bande-annonce :

Oui, enfin Cosmopolis c’était un peu le wtf de sa filmo au père Cronenberg!

J’en suis plutôt fan, perso.

Un film assez zarb’.

Y a pas un gus normal dans les protagonistes. Les personnages sont tous des névrosés, des dérangés pathologiques mentaux, des personnes ayant vécu leur lot de misères plus que de raison. C’est pas spécialement dérangeant, mais on a alors du mal à s’attacher à un personnage, que ce soit le personnage joué par Juliannne Moore, ou par le personnage d’Agatha, joué un peu plus en finesse, et plus intéressant. Le background choisi n’est pas non plus des plus faciles, car on sait bien que le show-biz est pourri jusque la moelle, et le film ne fait que renforcer cette impression. On a alors une accumulation de tares, où on suit finalement une espèce de descente aux enfers des personnages, tout en restant détaché. On a l’impression d’avoir une succession de scènes juste là pour déranger, pour provoquer sans vraiment y trouver un fil conducteur, jusqu’au final qui laisse de marbre mais qui clôture finalement bien le film.

Mouais, bizarre.

NB: Ca fait longtemps que je n’étais pas allé voir un film sous-titré, mais mon dieu ce que les ricains bouffent les mots. Même avec le sous-titrage, j’essayais de raccrocher les wagons avec ce qu’ils disaient (ah c’est ce mot-là qu’il a dit), c’était pas évident.

Pouah.
Ma première grande et authentique déception dans la filmo de Cronenberg : je n’ai pas, mais alors vraiment pas, apprécié ce film, et il m’a même semblé hautement antipathique, pour tout dire. Moi qui vénère Cronenberg…

Le film se veut donc une mise en boîte féroce d’Hollywood, mais d’après les dires du cinéaste lui-même, Hollywood est à prendre comme une image de la société contemporaine. Le star-system comme paradigme de notre société actuelle ? On peut pas dire que ce soit franchement nouveau. Mais pourquoi pas.
Et, de fait, il faut bien reconnaître que le film soulève quelques pistes thématiquement passionnantes. Mais quels dialogues horribles, quelle fadeur dans la mise en scène !!
Pour les dialogues, le scénariste Bruce Wagner sombre dans un travers qui m’insupporte assez : le name-dropping à profusion, histoire de bien faire ressortir l’hyper-contemporanéité de l’intrigue. C’est assez artificiel, vain et pour tout dire assez casse-bonbons si on n’est pas un lecteur assidu de Vanity Fair (ce qui n’est pas mon cas).
Quant à la mise en scène, j’ai beaucoup entendu parler de « sobriété » ou de « sécheresse volontaire » à son égard. Mais ça a toujours été le cas chez le canadien, très peu de mouvements de caméra ostentatoires chez lui par exemple (il faut dire qu’il ne prépare pas ses plans à l’avance et décide sur le plateau des mouvements d’appareil en étroite collaboration avec le chef-op’). L’art cronenbergien est toujours beaucoup plus passé par le découpage et le montage.
Mais ici c’est autre chose. J’ai peut-être de la merde dans les yeux, mais je n’ai pas repéré UNE seule idée de cinoche ici. Alors on me dira que Cronenberg en réalisant un film volontairement moche a voulu déglamourisé Hollywood : certes, certes. Mais le résultat est là : c’est affreux, et la photo numérico-clinique en atteste en premier lieu. A côté, « Cosmopolis », c’est « Les Moissons du Ciel »…

Et puis bon, pour porteur qu’il soit, le sous-texte est quand même amené de manière assez grotesque : l’inceste comme image de la consanguinité inhérente au petit microcosme hollywoodien, c’est un peu court, jeune homme. Quant au fait de lier tout ça aux réminiscences des grands mythes antiques (pas avares en incestes) voire au grand courant romantique plus tardif, ce que les critiques favorables au film (y’en a pas des masses…) se sont empressés de faire, pourquoi pas, mais il faudrait plus que quelques lignes de dialogues, ou la polysémie du titre (« stars » de cinéma et étoiles dans le ciel) pour le suggérer.
C’est également, paraît-il, le film le plus drôle de Cornenberg : de toute façon, en la matière, Cronenberg n’avait jamais vraiment concrétisé quoi que ce soit, à l’exclusion de quelques passage bizzaroïdo-comiques dans son « Festin Nu ». C’est simple, pour ma part je n’ai ri qu’une fois, devant le tournage d’un pseudo-« Star Trek » du pauvre où le perso de Pattison fait de la figurtion. Pour le reste, peau de bique.
C’est donc raté à ce niveau, à moins que la vision d’une femme aussi belle que Julianne Moore qui est prise de flatulences incontrôlées (oui, oui) vous fasse hurler de rire…
Tout ce qui concerne l’aspect « organique » du film, justement, avec le sang des menstrues, les touchers rectaux, etc…n’était pas inintéressant a priori dans le sens où ses éléments avaient probablement pour fonction de rappeler à des personnages « déjà morts » qu’ils sont en fait bel et bien vivants. Raté encore, Cronenberg accouche en fait de pénibles moments de pseudo-provoc’ épate-bourgeois d’une indigence crasse. Un des aspects les plus insupportables du film.

Dommage, j’aimais bien le casting, et les acteurs s’en sortent d’ailleurs pas si mal, avec une Julianne Moore hystéro très convaincante (dans un rôle vraiment pas facile), l’étrange Mia Wasikowska aussi intrigante que dans « Stoker » de Park Chan-Wook, Robert Pattinson que j’aime de plus en plus avec sa belle gueule un peu bizarre aussi, et John Cusack, excellent dans un rôle de salopard en en faisant très peu…

Pouah.