MARSHAL BASS t.1-12 (Darko Macan / Igor Kordey)

Voilà, je rattrape mon retard de lecture.

Donc, River Bass gère ses problèmes familiaux. La vie conjugale de sa fille aînée, le départ de son épouse au bras d’un propriétaire foncier mexicain… Et bien entendu, il se retrouve en fâcheuse position (voir couverture). L’album, qui continue à matérialiser le balancier entre l’histoire personnelle du héros et la grande histoire du pays, est une sorte de version familiale de La Horde sauvage, avec son jeu de massacre final. Ça cogne, non sans un cynisme évident, toujours présent depuis le début de la série. L’intrigue lorgne aussi sur le parcours d’Ulysse et son retour à Ithaque, où River retrouve une Pénélope momentanément conquise par un rival, avant d’être reconnu par son chien (à l’exemple d’Argos, le chien d’Ulysse).

Je ne reviendrai pas sur la narration, toujours efficace (quoique elliptique bien souvent : Kordey, ça se regarde attentivement, tant il prépare certains coups de théâtre dans les cases précédentes). Son dessin est expressif, ses personnages sont très vivants (et ses héroïnes sont magnifiques). J’insisterai en revanche sur la tonalité, et notamment les conséquences de la violence sur les plus jeunes. Dans cette grande réunion de famille où Bass, son épouse et tous leurs enfants luttent contre un ennemi commun (alors que le clan lui-même est déchiré), Macan prend le temps de montrer comment la violence et la haine déforment la jeunesse et l’enfance et traumatisent les plus jeunes, les endurcissent de force. On sent clairement, dans cet album, l’expérience de la guerre qui a vu la Yougoslavie voler en éclat, et qui aura durablement marqué la production du scénariste.

Quoi qu’il en soit, assurément l’une des deux meilleures séries western du moment à mes yeux (l’autre étant Undertaker).

Jim