Quatrième livraison, et quatrième réussite, selon moi.
River Bass est envoyé en mission dans une prison, sous un autre nom (Marcus Millar, qui m’a bien fait sourire), afin de s’occuper du cas d’un détenu qui a littéralement pris le pouvoir en tôle.
Le récit est savoureux, au même titre que ses dialogues. La scène d’ouverture, qui se déroule à Washington, fait preuve d’une ironie grinçante assez épatante. La description du bagne continue sur la lancée, avec des portraits de personnages outrés, qui feront plaisir aux amateurs de Sergio Leone et de sa caricature sociale.
La suite enquille des scènes frappantes, parfois prévisibles, mais toujours efficace : la montée des escaliers est tout bonnement éblouissante de maîtrise. Quant à la double page de fusillade, elle laisse sur les fesses.
Bref, malgré quelques petits défauts formels (des bulles parfois mal placées, une traduction qui aurait pu être mieux ciselée), encore un épisode marquant pour une série qui s’impose parmi les plus intéressantes du moment.
Une info en passant sur le duo Macan/Kordey, dont le tome 5 de Marshal Bass sera commercialisé en novembre 2019 :
Janvier 2020 ce sera le tome 1 de Colt & Pepper, la nouvelle série de Kordey & Macan, qui n’aura rien à voir avec Marshall Bass puisqu’on partira sur de la Fantasy !
Parti à l’aventure loin de sa famille (qui lui paraît comme un carcan), River Bass se retrouve à Philadelphie (au moment de l’exposition universelle), haut lieu de la culture, de la finance et de la politique. Lancé sur les traces d’un borgne que l’on soupçonne de l’assassinat d’un congressman, il hante les bas-fonds de la ville, peuplés d’anciens soldats victimes de la guerre (l’action se déroule une grosse dizaine d’années après la Sécession), véritables « gueules cassées » rejetées par les sphères les plus riches.
Mais ce n’est pas tant l’enquête qui compte. Si Darko Macan s’en tire bien à ce niveau, le grand intérêt de ce tome est de plonger Bass dans la jungle urbaine, ce monde moderne aux antipodes de l’Ouest qu’il est habitué à fréquenter. Et on sent bien que le poisson est hors de l’eau. S’il encaisse encore très bien les coups, il semble un peu perdu face aux politiciens et aux tueurs habitués (peut-être par dépit et lassitude, certes) à la vie en ville.
L’intrigue est aussi l’occasion pour Macan de déployer une ironie mordante, un ton cynique et moqueur déjà apparent dans le tome précédent mais qui rend celui-ci particulièrement réjouissant. On rit beaucoup, parfois jaune, souvent noir, si l’on peut dire. En filigrane, une vision grinçante du melting-pot américain, notamment au travers du personnage de l’inspecteur allemand.
Cerise sur le gâteau, la dernière partie de l’album confirme la volonté des auteurs de construire une continuité dans la série, et de faire revenir des personnages comme autant de promesses d’ennuis futurs pour le héros.
Lui aussi vient d’arriver à la maison … du moins uniquement l’aîné (sans le Jim).
ça m’a l’air pas mal, et la filiation avec Corben me semble bien là … mais je dirai presque en mieux.
Je n’ai pas lu les Bouncer de Jodo (oui, je sais, c’est un manque), donc je ne peux pas comparer. Mais j’ai beaucoup aimé ce premier album. En effet, l’humour noir est de mise et Macan ne fait pas dans le politiquement correct, même en matière de sexe (je ne me souviens pas avoir déjà vu pareille scène. Pas l’acte physique en lui-même, puisqu’on ne voit rien, mais tout ce qui se passe à côté, et qu’on sent venir avant même que ça démarre). Y a aussi tout ce qui se passe au niveau de la relation blancs/noirs (on est après la Guerre de Sécession, si j’ai bien compris les allusions), avec un Bass très (trop ?) finaux, pour notre grinçant bon plaisir.
L’intrigue est pas mal, classique, sûrement, mais pas mal. Kordey est à 100 coudées au-dessus de ce qu’il a produit pour Jour J. Il y a une double page, on dirait un tableau. Beaucoup de détails, des bastons qu’on croirait sorties de films de cow-boy. C’est assez spectaculaire, même quand la colo est peut être un poil trop sombre, mais c’est pour chipoter.
Maintenant, il ne me reste plus qu’à prendre la suite.